Evil eater Tome 1 Issei Eifuku, Kojino

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Scénario : Issei EIFUKU, dessin : KOJINO – Dition : KI-OON collection : Seinen – Parution : 10/04/2014 – 215 pages – Prix : 7,65 € – Genre : manga, seinen

Quatrième de couverture :

Dans un Tokyo futuriste, les dernières découvertes scientifiques permettent de ramener les morts à la vie. Le hic ? Pour chaque personne qui revient, une autre doit être sacrifiée. Les autorités ont donc décidé de réserver cette avancée technologique au système judiciaire : désormais, on peut condamner les meurtriers à mort pour ressusciter leurs victimes. Mais les revenants, les Returners, comme on les appelle, sont souvent contaminés par un “bug”, une anomalie psychologique qui exacerbe les sentiments négatifs.

Jalousie, haine, colère, désir de vengeance font parfois d’eux des bombes à retardement plus dangereuses encore pour la société que les criminels envoyés à l’échafaud… Pour désamorcer ces situations potentiellement catastrophiques, le gouvernement utilise des fonctionnaires d’un genre nouveau, les Sorceristes, capables de plonger dans la conscience des malades et de déraciner le mal qui les ronge. Les agents Nagumo et Amagi sont de ceux-là. Et ils n’ignorent pas que le subconscient de leurs cibles peut aussi devenir un piège mortel…

Je ne trouve pas beaucoup de mangas qui me plaisent. Quand Libfly a proposé de recevoir celui-ci dans le cadre de leur désherbage de printemps, j’ai sauté sur l’occasion tant le résumé était alléchant.

Mon ressenti :

Dans les mangas, j’ai souvent un gros blocage au niveau des dessins. Là ce ne fût pas le cas, car les personnages sont bien dessinés et ce entièrement. D’ailleurs le dessin est centré sur les personnages et l’on voit peu les fonds en général. Quand le dessin dépasse le cadre des personnages, c’est souvent quand ils pratiquent le sorcérisme et là il y a des monstres et des images dans tous les sens. Pour bien visualiser la scène dans ces moments là, j’aurais bien voulu des dessins plus grands et des pages plus grandes pour pouvoir tout voir. J’ai eu l’impression qu’il y avait presque trop de choses pour mes yeux et que je n’arrivais pas à tout voir. Ceci dit, cela allait bien avec ces moments particuliers où le sorcériste affronte le « bug » abrité dans le subconscient des returners.

Passé le contact avec les premiers dessins, je suis rentrée dans l’histoire sans problème. Ce fût assez facile car le principe du sorcérisme est expliqué dès le départ. Le concept est assez intéressant, une vie ressuscitée pour une vie supprimée. Mais ces personnes ressuscitées ne s’en sortent pas indemnes… cela paraît même logique. Les sorcéristes ont pour mission de chasser et de détruire ces bugs. Le lecteur suit donc une équipe de deux sorcéristes, l’agent Nagumo qui les « visualise » et une débutante, l’agent Amagi, qui les « mange ». Après la découverte de ce binôme et de leurs actions, la lecture est devenue un peu répétitive. Le manga compte 6 chapitres et à chaque chapitre le concept du sorcérisme était réexpliquée. Mais quand je commençais à trouver le manga moins intéressant (encore une répétition de : un returner à débugger), plus d’informations sur le passé des deux agents ont été dévoilées et ma curiosité piquée. J’ai donc terminé ma lecture en ayant envie de l’enchaîner avec la suite, qui n’est malheureusement pas encore parue.

Au final, une découverte passionnante qui donne envie d’enchaîner les tomes, malgré quelques répétitions.

 

 n°23

Baroque ‘n’ Roll d’Anthelme Hauchecorne

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Auteur : Anthelme Hauchecorne  – Edition Midgard – Parution : 17/03/2012- 373 pages – Prix : 15,50 € – Genre : nouvelles, fantasy, fantastique

Quatrième de couverture 

Quinze univers, autant de portes en attente d’être poussées.

Une seule clé.

Celle qui languit entre vos doigts.

Suivre le procès opposant un diablotin syndiqué à son sinistre patron, jouer à réveiller les morts, vous laisser bercer par la fée des mauvais rêves, aider deux enfants à se défaire d’un croquemitaine ou vous mettre au vert avec le Diable lui-même…

Un aperçu des voyages auxquels Baroque’n’roll vous convie, quinze nouvelles insolites portées par un rythme effréné, alternant humour et grotesque, merveilleux et fantasy urbaine.

Ce mois de mai est celui d’Anthelme Hauchecorne chez Book en stock. Les tenancières de ce charmant blog m’ont donné l’opportunité de découvrir l’un de ses opus qui manquait à ma lecture. Qu’elles en soient remerciées, ainsi que les éditions Midgard. Remarque : si mon style déraille un peu, j’ai pour excuse la lecture de Baroque’n’Roll.

Mon ressenti :

J’ai eu le plaisir de rencontrer Anthelme Hauchecorne lors du Festival Zone France 2014 à Bagneux. Concernant ce recueil, il m’a avertie qu’il reprenait des écrits assez anciens et que par conséquent, il ne fallait pas en attendre autant que pour Âmes de verre ou Punk’s not dead. L’avertissement fût entendu et constaté. En effet, j’ai retrouvé avec grand plaisir la plume de l’auteur : acérée, sarcastique, humoristique, tranchante, juste … mais avec moins de fluidité, que dans ses œuvres plus récentes. Voyons plus en détail ces 15 nouvelles :

  • Nuage rouge

 Cette histoire de diablotin, qui exige le paiement de ses heures supplémentaires ne m’a pas convaincue. Un peu trop de blagues, à mon goût ont rendu la lecture moins agréable (pourtant j’aime beaucoup les joke).

  • Permission de Minuit

Cette nouvelle m’a fait beaucoup sourire. Imaginez un vampire qui fait le pari de garder deux enfants. S’en suivent moult bêtises et des réactions de vampire plutôt désopilantes.

  • Le jardin des peines

 Une des nouvelles qui m’a le moins plus. Je n’ai adhéré ni à l’histoire, ni à l’écriture. Le jardin d’Eden serait un milieu entre-deux, qui permettrait aux athées d’atteindre le Paradis. Les personnages présentés sont mauvais ou suicidaires, un peu réducteur comme population.

  • Courrières

 Un mélange très intéressant entre la mine et le fantastique. Ici les personnages principaux sont des enfants mineurs, le texte nous confronte à la difficulté de leur vie, puis peu à peu l’élément fantastique est introduit. Un univers plein de potentiel, mais avec quelques rebondissements qui ne s’accordent pas.

  • Madone nécrose

La nouvelle que j’ai préféré! Très bien écrite, l’histoire se déroule dans une France glauque où les zombies sont devenus une attraction touristique. Ce drame amoureux sur fond de pourriture n’est pas toujours très ragoûtant, mais passionnant.

  • Six pieds sous terre

L’histoire un peu bizarre d’un jeune handicapé en fauteuil roulant. Ses meilleurs amis sont des fantômes. Un texte qui dénonce les persécutions du quotidien, mais qui manquait un peu de contenu.

  • Fée d’Hiver

Un conte effrayant, qui a de quoi ôter l’envie de fuguer des cerveaux de tous les marmots. Où comment faire une bonne action en donnant des cauchemars !

  • Diable noir 

Un petit texte fantastique, pour qui le format nouvelle est très bien adapté. Avec comme un relent de conte de la crypte, on découvre un monstre marin déguisé en bateau pour piéger ses repas.

  • Cons comme les blés

Ah ah ah! Franchement, je crois que le lecteur ne pourra qu’aimer cette histoire. On découvre celle-ci à travers une bande enregistrée, ce qui donne un petit côté Blair witch à l’histoire, ce qui convient très bien. Difficile d’en dire plus de peur de dévoiler l’histoire, mais je peux juste vous dire de faire attention avant de tracer des cercles au sol.

  • Noblesse oblige 

Je n’ai pas trop vu l’intérêt de cette nouvelle, sûrement parce que je n’ai pas accroché avec l’histoire que raconte ce professeur : la vengeance d’un peintre il y a plusieurs siècle, qui inventa un masque de torture.

  • Trêves de comptoir

Je n’ai pas du tout accroché à cette histoire de super héros. Le Marvel à la sauce Hauchecorne ne passe pas très bien.

  • Logique d’ensemble

Une nouvelle bien marrante. Quand on est parachutiste, il vaut mieux ne pas se retrouver la cible d’un gremlins en plein vol…

  • Enjoy the Silence

Possession et meurtres sur fond de Star academy (même si l’émission n’est pas citée). Un étrange mélange, mais qui sait ce qui se passe quand les caméras s’éteignent.

  • L’internat de Tatie Billot

Brrr une bonne ambiance lugubre dans ce texte. De très bonnes bases pour un récit plus important, la taille de nouvelle ne convenant pas à celui-ci. Il aurait peut-être fallu l’amputer de l’histoire de Frédéric le lombric, le reste suffisant largement.

  • Fleurs de cimetière 

Vampire or not vampire ? Schizophrène ou possédé ? Nous n’en saurons pas plus de cette nouvelle fantastique parsemée de meurtre.

 

Au final, une lecture mitigée. J’ai retrouvé avec plaisir la plume d’Anthelme Hauchecorne, mais les textes m’ont moins plus que ceux de Punk’s not dead et Âmes de verre, plus aboutis. Une bonne introduction au travail de l’auteur, mais je vous conseille plutôt les deux livres susnommés.

n°2  n°22

Le prestige de Christopher Priest

 

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Auteur : Christopher Priest – Edition : Gallimard collection Folio Science-Fiction – Parution : 09/112006 – 496 pages – Prix : 9,40 € – Genre : fantastique

Quatrième de couverture :

Dans l’Angleterre de la fin du XIXe siècle, où les numéros de magicien et le spiritisme attirent les foules, deux prestidigitateurs, Alfred Borden et Rupert Angier, se rendent célèbres grâce à l’audace de leurs tours. Cette notoriété ne les protège pas de la jalousie, et bientôt les deux hommes se lancent dans une tragique compétition, chacun mettant au point un numéro de téléportation. Quelle folie ont-ils osé commettre pour devenir le plus grand des magiciens ?

 

 Mon ressenti :

Je ne connaissais pas du tout l’auteur quand j’ai commencé ma lecture, il m’avait « juste » été chaudement recommandé (tellement que j’avais reçu Le Prestige dans le cadre d’un swap). Dès le début de ma lecture j’ai été ravie car quelques pages m’ont suffit pour voir que j’aimais beaucoup le style de Christopher Priest et que la lecture me procurait un grand plaisir. Que l’histoire plaise c’est très bien mais qu’en plus la lecture du texte soit un régale, c’est parfait ! Le livre est découpé en 5 parties, narrées par des personnages différents. Le lecteur n’a aucune difficulté à s’adapter à cette variété de narrateurs, car l’écriture change brutalement, rendant concret ce changement de personnage. Le texte va partir du présent avec la rencontre du descendant d’Alfred Borden avec celle de Rupert Angier, puis nous allons faire un voyage dans le passé à travers l’histoire d’Alfred Borden, suivi d’un saut dans le présent, d’un retour dans le passé avec l’histoire de Rupert Angier et enfin retour au présent avec le dénouement. La trame narrative est très intéressante car l’on va vivre l’histoire des deux grands magiciens et de leur relation à travers le point de vue de chacun. Chaque partie pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses et donne envie d’avancer plus vite dans la lecture. Et l’on finit par arriver au terme du récit. Le style est alors encore très différent et donne l’impression de se retrouver dans un roman fantastique du XIXème siècle. L’ambiance est pleine de mystère, un peu lourde et l’on se prend à frissonner.

Andrew Weasley (descendant de Borden) et Kate Angier sont des personnages secondaires. Ils servent plus de prétextes pour découvrir leurs aïeux. Ce sont les personnages des magiciens qui sont passionnants. Alfred Borden va présenter son métier avec passion, cet homme semble habité et son discours n’est pas toujours très cohérent. Rupert Angier en comparaison semble très calme et est plus facile à apprécier. Nous apprendrons moins de la magie à travers son récit, mais plus de l’humain. Son récit fait revoir celui de Borden sous un tout autre jour. Mais peut-on le croire à 100 % ?

Si je devais retenir un seul moment de cette lecture, j’aurais bien du mal car tout m’a plu. Peut-être un petit plus pour la fin et son ambiance si particulière.

Au final, cette lecture s’est avéré passionnante. L’élément fantastique y est subtilement dosé. Christopher Priest utilise une palette de styles différents qui plonge le lecteur au cœur de récit. J’en suis sortir ravie et la tête pleine d’interrogations.

 

D’autres avis chez : Ptitetrolle, …

 N°5   N° 21

Léviathan, tome 1 : La Chute de Lionel Davoust

ID : Auteur : Lionel Davoust –  Edition : Points thriller – Parution : 24/05/2013 – 430 pages – Prix : 7,90€ – Genre : thriller fantastique

Quatrième de couverture :

Michael est hanté par le naufrage qui a coûté la vie à ses parents. La mer le terrifie autant qu’elle le fascine. Chercheur en biologie marine, il s’engage dans une expédition scientifique en Antarctique pour se confronter à ses démons. Dans l’ombre, une mystérieuse organisation le surveille. Masha, l’un de ses agents, a des directives claires : Michael ne doit jamais atteindre le pôle Sud.

Il y a des auteurs qu’on croise en salon, qu’on recroise, que du coup on a l’impression de connaître un peu … sans avoir lu aucun de leur livre ! C’était le cas avec Lionel Davoust, croisé aux Utopiales et aux Imaginales. Il était plus que temps que je m’attaque à la chute, le premier tome de Léviathan. J’ai profité du weàmille, pour me lancer, en lecture commune avec Jae-Lou. Dans ces cas là, le suspens est présent, vais-je aimer ou pas ? La réponse dans les lignes qui suivent !

Mon ressenti :

Je ne sais pas pourquoi,  je m’attendais à un texte très complexe, difficile à aborder. En fait, il est très facile de rentrer dans l’histoire et de s’y retrouver absorbée. Le début du livre nous fait découvrir les différents protagonistes. Il y a, au début, comme deux histoires menées en parallèle, qui ne se rejoignent qu’à la fin du chapitre 4 (même si on n’en comprend pas encore le lien entre ces deux histoires) : la vie de Michael, spécialiste de l’océan et des  sortes de groupes  mafieux appelés « les mains ». En quatre chapitres, j’étais convaincue et je n’avais plus envie de reposer mon livre. La suite de l’histoire maintient le suspens jusqu’au bout. Des révélations (parfois sacrément surprenante) égrènent le récit pour nous mener jusqu’à la fin, on en apprend plus sur la famille de Michael, sur les mages et les mains… Mais cette fin!  Un petit conseil, avant de la lire, vérifiez que vos voisins sont sortis, car vous risquez fort de pousser un grand cri de frustration. Ce n’est pas une fin, c’est un début, le début de ce que les mains craignent, mais quoi ? La suite dans le tome 2 (qui n’est malheureusement pas encore sorti en poche).

Ce qui m’a beaucoup plus dans ce livre, c’est son ambiance. Elle mêle la mer, omniprésente, à du suspens et de la magie. Un joyeux mélange détonnant, mais très bien dosé par l’auteur. Les interactions entre les différents personnages sont très bien présentées, très réalistes, que ce soit entre collègues (les jalousies), ou au sein de la famille (le grand frère protecteur qui doit s’occuper de sa petite sœur instable).

Je me suis très vite attachée au personnage principal Michael, même si ce n’est que la partie émergée de sa personnalité, qui nous est livrée. J’ai bien aimé ce père aimant, tenant à cœur ses responsabilités et ayant choisi un domaine d’étude : la mer, qui est un véritable challenge pour lui, car aller en mer est synonyme de phobie, panique, angoisse. Je trouve très intéressant cette fascination pour l’objet de ses angoisses. Celles-ci sont d’ailleurs très bien dépeintes.  A la fin du livre il ne reste que des questions concernant Michael, qui est-il ? Qu’est-ce qui est vrai dans son histoire ? J’ai aussi envie d’en apprendre plus sur Sacha, sa femme. Mais je ne peux pas en parler sans en dire trop.

Vous l’aurez compris, cette lecture m’a emballée et j’avais vraiment envie de la poursuivre par celle du tome 2 ! Un livre que je vais ajouter à ma liste de « mais pourquoi je n’ai pas lu ce livre plus tôt ». Vivement la suite !

D’autres avis chez : Blackwolf, Snow, Lelf, Joyeux drille, Tigger Lilly, Lune, Lorkhan

 n° 3   n° 14 n°1

Trajets et itinéraires de la mémoire de Serge Brussolo

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Auteur : Serge Brussolo – Collection Folio SF (n° 465), Gallimard – Parution : 31-10-2013 – 560p – Prix : 8,90€ – Genre : SF – Nouvelle

Quatrième de couverture :

Villes malades où des ordinateurs s’affrontent en combats souterrains à coups de munitions humaines. H.L.M. de cauchemar dont les locataires, nus, s’exposent aux piqûres de mystérieuses mouches. Camp où les prisonniers sont soumis à d’insupportables séances d’irradiation. Musée gigantesque dont personne n’a jamais vu les limites. Tour-dispensaire insalubre surplombant une réserve de paysans souffrant d’étranges troubles de la personnalité… C’est à un trajet baroque et cruel que vous convie ce recueil, sur les traces d’un auteur alors en devenir, aujourd’hui culte : Serge Brussolo. Ces quatorze nouvelles des débuts de sa carrière permettent de revenir sur la genèse d’un talent hors norme, confirmé depuis par les chefs-d’œuvre que sont Le syndrome du scaphandrier, La Planète des Ouragans ou encore La nuit du bombardier.

 

J’ai découvert Brussolo il y a longtemps à travers ses thrillers, que j’avais adoré. Une lecture en SF m’avait par contre découragée de lire l’auteur dans ce style. Quand Livraddict a proposé ce recueil de nouvelles en partenariat, je me suis dit que c’était l’occasion de réessayer. Un grand merci à Livraddict et à FolioSF de m’avoir offert cette opportunité.

 

Mon ressenti :

Ces nouvelles bien que toute différentes forme une belle unité. Pour une fois, je vais donc parler d’un recueil de nouvelles de façon global, puis je dirais quelques mots sur chacune.

Quel que soit le texte, l’auteur arrive à faire plonger le lecteur dans un univers sombre et angoissant. Brussolo nous tient en haleine, je dirais même maintient un certain niveau de stress et d’anxiété, jusqu’à la fin de l’histoire. Il dépeint avec une grande efficacité des villes à moitié abandonnée, des civilisations décadentes où une partie de l’humanité est l’esclave de l’autre partie. Il nous emmène dans des bâtiments immenses et angoissants. Vous l’aurez compris, la bonne humeur et la joie ne sont pas au menu. Comme si tout cela ne suffisait pas, Brussolo introduit à chaque fois une deuxième histoire dans l’histoire, sorte de ressort narratif qui ne laisse aucune chance aux protagonistes. Tout cela est mené de main de maître et le lecteur ne sait jamais à quoi s’attendre.

  • Vue en coupe d’une ville malade

Le recueil démarre en fanfare avec cette nouvelle, qui vous donne envie de camper plutôt que d’habiter dans une maison (pour éviter de se faire absorber par la maison). L’idée de départ est très riche et est bien développée dans la nouvelle.

  • La mouche et l’araignée

Voici une nouvelle bien surprenante et glauque à souhait. Brrr.

  • La sixième colonne

Camp de la mort ou vision du futur ? Ce texte nous fait réfléchir sur la maîtrise des populations et les risques de l’uniformisation. Un texte court (10 pages) mais très dense.

  • Comme un miroir mort

Je n’ai pas du tout accroché avec cette nouvelle, qui ressemble plus à un résumé d’un texte beaucoup plus grand. La fluidité présente dans les autres textes ne se retrouve pas ici.

  • Soleil de soufre

Brussolo invente une société très étonnante basée sur le culte du feu. Les descriptions oscillent entre esthétisme et horreur. L’idée de départ pourrait être basique, mais l’auteur va tellement loin quand il dépeint cette société, même l’art est traité, que cette nouvelle n’a plus rien d’anodin.

  • … de l’érèbe et de la nuit

Encore une société très glauque, où les hommes sont enchaînés, mais d’une manière bien particulière, à travers le sommeil. J’ai trouvé l’idée géniale. Une nouvelle qui laisse encore de la place à du développement, il y aurait largement de quoi faire un roman.

  • Mémorial in vivo

A nouveau un texte qui m’a fait penser à la Shoah. Je l’ai trouvé trop court, j’aurais souhaité avoir des bribes d’explication : à quoi servent les expériences menées sur les hommes, dans quel but ?

  • Off

J’ai adoré l’idée de départ où le contrôle de la population se fait via le contrôle du bruit. Par contre j’ai trouvé que la fin partait un peu en vrille.

  • Anamorphose ou les liens du sang

Là j’avoue que j’ai eu du mal à suivre l’histoire.

  • Funnyway

Brussolo aurait-il un esprit un peu tordu pour inventer autant d’horreur? Jeux des arènes? Prison? Contrôle de la population? En tout cas cette course cycliste sans fin, où la pluie est faite d’acide, où la pause est impossible pour cause de mort violente, est atroce.

  • Subway, éléments pour une mythologie du métro

Dans cette nouvelle, les bases d’une histoire qui pourraient être développée dans un roman sont posées. On ne peut pas se satisfaire de cette histoire, trop courte pour tout ce qui est abordé (où est la fille-ville? Que devient subway? Quelle est la raison de ce métro?).

  • « Trajets et itinéraire de l’oubli »

La couverture illustre cette nouvelle. Celle-ci est déroutante, sans vraiment de fin. On est écrasé par le gigantisme de ce musée dans fin.

  • Visite guidée

J’ai beaucoup apprécié ce texte, qui si le lecteur le souhaite, lui donne beaucoup de pistes pour réfléchir sur l’avenir de notre civilisation. Les nouvelles minorités ici sont des mutants, résultats d’irradiations.

  • Aussi lourd que le vent…

Une de mes nouvelles préférées dans ce recueil. Ici le genre est plutôt fantastique au départ pour tourner ensuite à la science fiction. L’auteur se sert d’un fond imaginaire pour traiter des relations entre humains. Les comportements décrits : violence, lynchage, auraient pu aussi bien tenir place dans une chronique contemporaine.

Au final une lecture qui m’a pris un peu de temps, chaque univers étant très riche, mais aussi si noir, que j’ai eu besoin d’alterner avec une lecture plus légère. Un très bon recueil de nouvelles qui vous fera frissonner et vous interroger sur l’humanité. Quant à moi j’ai terminé ma lecture sur cette question : mais où va-t-il chercher tout ça?

 

Un extrait :

« Le métro trace sous nos pieds une carte du cosmos, et les voyageurs moites et fatigués que les rames cahotantes véhiculent comme des bêtes convoyées vers l’abattoir, ignoreront toujours qu’ils viennent de quitter Mars, entrent dans l’orbite de Saturne, ou plongent dans le vide glacé et noir des tunnels vers la lointaine Pluton. »

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