La Route de Cormac McCarthy

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Auteur :  Cormac McCarthy  –  Traduction : François Hirsch -Editions  Points –  Parution :   07/05/2009 – 251 pages – Prix : 6.80€– Genre : Science Fiction, post apocalyptique

Quatrième de couverture :

L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d’objets hétéroclites et de vieilles couvertures. Dans la pluie, la neige et le froid,  ils avancent vers les côtes du Sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l’humanité. Survivront-ils à leur voyage ?

Mon avis :

On (amis, blogueurs, famille…) m’a souvent dit qu’il fallait le lire. Ou à propos d’autres livres (comme Les faucheurs sont les anges) qu’ils faisaient quand même beaucoup penser à La route. Je me suis enfin fait mon avis.

Comment vous parler de ce livre si vous ne l’avez pas lu? Ce n’est pas simple, car il est très spécial.

Ce qui frappe en premier c’est l’écriture. Et là je dirai que ça passe ou ça casse. Nous sommes bien loin des textes habituels pour ce genre d’univers. Ici l’écriture est poétique. Les phrases sont très courtes, faisant penser parfois à des haïkus. Et cette écriture si spéciale, sert à décrire un monde détruit, des horreurs, la peur. Provoquant comme un choc. Pas de fioriture, le monde tel que nous le connaissons n’existe plus. Il faut trouver un nouveau rythme pour survivre. Et ce rythme transparaît dans l’écriture.

Ils fouillaient les ruines carbonisées de maisons où ils ne seraient pas entrés avant. Un cadavre flottant dans l’eau noire d’une cave  entre les détritus et les canalisations rouillées. Il était dans une salle de séjour en partie incendiée et à ciel ouvert.

Pas à pas, nous allons suivre ce père qui tente de rejoindre des côtes plus hospitalières, accompagné de son fils. Qu’est-ce qui s’est passé? nous ne le savons pas. Qu’est-ce qu’il reste ? pas grand chose, un monde en ruine, recouvert de cendres et de neige. Nous sommes bien loin des univers post-apocalyptique classique. Ici presque plus d’animaux, les plantes sont mortes. Comment survivre? et on en vient à se poser la question de « pourquoi survivre », « pourquoi continuer à avancer ».

L’auteur nous propose une piste pour répondre à ces questions : l’amour. L’amour de ce père pour son fils le fait continuer envers et contre tout. Est-ce que cela suffira? Là je vous laisse lire le livre et ne vous en dirais pas plus.

Pour conclure, je vous recommande cet étrange roman post-apocalyptique. J’ai été séduite par l’écriture si spéciale de ce récit et par son rythme, en mode survie.

 

Il sortit dans la lumière grise et s’arrêta et il vit l’espace d’un bref instant l’absolue vérité du monde. Le froid tournoyant sans répit autour de la terre instestat. L’implacable obscurité. Les chiens aveugles du soleil dans leur course. L’accablant vide noir de l’univers. Et quelque part deux animaux traqués tremblant comme des renards dans leur refuge. Du temps en sursis et un monde en sursis et des yeux en sursis pour le pleurer.

D’autres avis chez: Blackwolf, La chèvre grise, Rose, Un chocolat dans mon roman, Nathalie

Le chaos en marche, tome 2 : Le cercle et la flèche de Patrick Ness

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Auteur : Patrick Ness – Traducteur : Bruno Krebs – Edition FolioSF-  Parution : 16/10/14 –   562 pages – Prix :  8.90€ – Genre : Post-apocalyptique

 

Quatrième de couverture :

Maire Prentiss, à la tête de son armée, a fini par capturer Todd et Viola. Todd est retenu prisonnier et contraint de travailler pour son ennemi s’il veut revoir Viola qui est en convalescence dans la maison de soins dirigée par Mrs. Coyle. La vie à New Prentissville semble vouloir reprendre son cours. Pourtant, une nouvelle guerre semble sur le point d’éclater entre le Cercle et la Flèche.

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Qui a peur de la mort ? de Nnedi Okorafor

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Auteur : Nnedi Okorafor – Traduction : Laurent Philibert-Caillat – Couverture : Travis Davids – Edition ActuSF –  Parution : 05/10/2017 –  401 pages – Prix : 16 € – Genre :  SF, post-apocalyptique, conte – World Fantasy 2011 du meilleur roman et Prix Imaginale du meilleur roman étranger 2014

 

Quatrième de couverture :

Afrique, après l’apocalypse. Le monde a changé de bien des façons, mais il est une région où les génocides intertribaux continuent d’ensanglanter la terre.
Une femme survit à l’anéantissement de son village et au viol commis par un général ennemi.
Elle erre dans le désert dans l’espoir d’y mourir,
mais donne naissance à une petite fille dont la peau et les cheveux ont la couleur du sable.
Persuadée que son enfant est différente, extraordinaire, elle la nomme « Onyesonwu », ce qui signifie, dans une langue ancienne : « Qui a peur de la mort ? »
À mesure qu’Onye grandit, elle comprend peu à peu qu’elle porte les stigmates physiques et sociaux de sa violente conception. Des pouvoirs magiques aussi insolites que remarquables commencent à se manifester chez elle alors qu’elle est encore enfant. Sa destinée mystique et sa nature rebelle la poussent à quitter son foyer pour se lancer dans un voyage qui la forcera à affronter sa nature, la tradition, l’histoire, l’amour, les mystères spirituels de sa culture, et à apprendre enfin pourquoi elle a reçu le nom qu’elle porte.

 

Mon avis :

J’avais eu de nombreux échos positifs  de ce livre lors de sa première publication aux Editions Eclipse. Depuis cette maison d’édition a disparu et les éditions Actusf ont décidé de re publier ce roman cette année. Cette fois-ci, j’ai cédé à la curiosité.

Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre ayant survolé la quatrième de couverture et je n’ai pas été déçue, car dès le début le récit m’a happée. L’histoire se situe après une apocalypse, mais les traces de celle-ci sont peu nombreuses au départ. Il pourrait tout simplement s’agir d’un récit qui se passe en Afrique subsaharienne aujourd’hui. L’histoire d’une jeune fille, Onyesonwu, qui essaie de grandir tout en étant différente des gens de son village et donc rejetée par ceux-ci. Avec sa mère, elles s’y sont réfugiées, chassées par les massacres des Okekes perpétrés par les Nurus. Onyesonwu est une preuve vivante de ces exactions, elle est née du viol de sa mère par un Nuru. S’ajoute à tout cela, les enfants soldats, l’excision. Le tableau est dressé.

La présentation que je viens de faire est un peu caricaturale et ne rend pas justice  au livre. L’histoire est présentée un peu comme un conte et ces différents éléments sont abordés au fur et à mesure. Les horreurs s’entremêlent avec la beauté du désert. En effet,  si le récit parle beaucoup de violence, il est aussi très poétique. Le style est assez unique.

Elle se leva et me prit dans ses bras. Nous pleurâmes et sanglotâmes et gémîmes et versâmes bien des larmes. Et lorsque nous eûmes terminé, nous ne pûmes que continuer à vivre.

L’héroïne Onyesonwu l’est tout autant. Elle est Ewu, enfant d’un Nuru et d’une Okeke. La couleur de sa peau  la désigne comme différent. Les gens la rejette et lui  attribue les pires comportements, sans la connaître. Comment grandir dans ces conditions ?

L’histoire aurait pu se suffire de ce sujet, mais elle prend une dimension fantastique avec les pouvoirs d’Onyesonwu et sa destinée. Mais je ne vous en dis pas plus, à vous de découvrir ce terrible destin.

Pour  conclure, 

j’ai vraiment aimé cette lecture très riche et parfois difficile. Les thèmes abordés ne peuvent laisser indifférent. J’ai beaucoup apprécié le style de l’auteur. Seul bémol, une fin un peu précipitée par rapport au rythme du livre.

Ce qui n’est pas vivant n’est pas forcément mort. Il faut avoir vécu pour être mort.

D’autres avis chez : BlackwolfTigger Lilly, Cornwall, Naufragés volontaires, Lelf…

SFFF n°2

Transperceneige : Terminus de Jean-Marc Rochette et Olivier Bocquet

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Dessin: Jean-Marc Rochette – Scénario : Olivier Bocquet – Edition : Casterman – Parution : 14/10/2015  – 222 pages – Prix : 25€ – Genre : SF, post-apocalyptique

  

Quatrième de couverture :

Après des décennies d’un voyage sans but sur notre Terre gelée, le transperceneige est hors d’état de continuer son périple. Les passagers, toute l’humanité survivante, sont contraints de quitter le train à la recherche d’un nouvel abri. Malgré les risques, c’est pour chacun l’espoir d’une vie meilleure. Car rien ne pourrait être pire que l’existence à bord… Pensent-ils.

 

Mon avis : 

Je n’ai pas lu la bande dessinée Transperceneige, dont le premier tome est sorti il y a 30 ans.  Mais j’ai vu le film coréen Snowpiercer, qui l’a adaptée à l’écran. L’histoire m’avait bien plu, aussi quand Babelio a proposé en Masse critique Terminus, j’ai sauté sur l’occasion et je les en remercie.

L’histoire commence là où s’était arrêté Transperceneige : la révolution a eu lieu à bord du train, mais il n’y a plus de vivre. Les passagers sont affamés, ils comment à avoir froid et manque d’espace. Pour pouvoir survivre, ses habitants partent à la recherche d’un lieu pouvant les accueillir. Cette recherche est menée par un petit groupe, équipé pour résister aux températures extrêmes. J’ai vraiment aimé cette exploration en milieu hostile, la terre complètement glacée. La découverte d’un complexe sous-terrain s’avère prometteuse, tout en étant angoissante. Ont-ils enfin trouvé le salut, un éden pouvant les accueillir ? Elle laisse vite la place à la découverte d’une étrange société, dont les membres portent des masques de rat… La terre promise s’annoncera, sans grande surprise, pourrie et posera la question de la survie, à quel prix.

Le scénario est bien mené et l’histoire est captivante, bien que peu surprenante. Si le lecteur se penche sur les thèmes abordés (expérimentation, eugénisme, nucléaire), il pourra pousser très loin la réflexion. On peut aussi, bien entendu, se limiter au caractère récréatif de l’histoire.

Le dessin porte bien les émotions, notamment par les couleurs choisies, parfois très crues (comme par exemple une page de couleur rouge). Par contre je n’ai pas du tout accroché avec le graphisme. 

On retrouve les personnages présentés dans transperceneige, auxquels s’ajoute les savants fous du complexe sous-terrain. Il n’y a donc pas de renouvellement, mais une véritable continuité avec le précédent tome.

Pour conclure, la lecture de Terminus s’est avérée agréable avec un scénario assez classique, mais un dessin qui ne m’a pas convaincu. Le lecteur peut s’interroger sur la nécessité de vouloir proposer une fin optimiste à la BD transperceneige. Faut-il, à tout prix, laisser de la place à l’espoir dans un scénario post-apocalyptique?

Nous entrerons dans la lumière de Michèle Astrud

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Auteur : Michèle Astrud – Edition : Aux Forges Vulcain – Parution : 07/01/2016  – 306 pages – Prix : 19 € – Genre : SF, post-apocalyptique

  

Quatrième de couverture :

« Je suis le guetteur de la nuit, le gardien des hautes cimes. Je surveille l’arrivée du désert, l’avancée des tempêtes, bientôt la maison sera ensevelie sous le sable. Seuls ceux qui habitent les étages les plus hauts arriveront à survivre. » Dans un monde en déliquescence, la sécheresse et la canicule font des ravages, l’égoïsme et l’anarchie règnent, et chacun lutte férocement pour sa survie. Antoine, un ancien professeur, rend quotidiennement visite à sa fille Chloé qui, suite à un événement traumatique dont il se sent coupable, souffre de graves troubles de la mémoire et réside depuis des années dans une maison pour enfants malades. Antoine se bat contre l’oubli et la destruction, en photographiant son environnement en train de disparaître, et en reconstruisant sa relation douloureuse avec Chloé. C’est alors que réapparaît Sonia, son amour de jeunesse, devenue documentariste de renom, mais elle meurt avant qu’ils ne puissent tourner la suite du film qu’ils avaient jadis commencé ensemble. Antoine décide de partir sur les routes avec Chloé, dans l’espoir que ce voyage lui permette de sauvegarder les archives de Sonia, et de les sauver eux-mêmes.

Dans une atmosphère des derniers jours où l’obscurité gagne, dans une errance où l’oubli croît, Antoine réussira-t-il à assumer son rôle de père ? Chloé arrivera-t-elle à grandir ? Parviendront-ils, ensemble, à retrouver la lumière ?

 

Mon avis :

En mode curieuse, je me suis laissée tenter par ce récit post-apocalyptique atypique. Pourquoi atypique me direz-vous ? Car plutôt que de nous faire un cours de survie en conditions extrêmes (suite à des dérèglements climatiques), l’auteur s’attache à décrire les interactions entre humains. Mais revenons au début du récit. Le lecteur ne sait pas ce qui c’est passé, il découvre à travers le récit du principale protagoniste, Antoine, l’état du territoire français. Celui-ci retourne sur son lieu de travail dévasté, petit à petit, il va nous décrire son environnement, les villes abandonnées, les vols, la sécheresse, la décrépitude… Antoine n’est pas parti, car il va voir sa fille placée en institut. Le texte va explorer cette étrange relation père-fille et nous présente l’expérience traumatique de Chloé. Le caractère post-apocalyptique n’est alors qu’une trame de fond, servant de prétexte à un road movie, quand Chloé doit quitter la clinique où elle réside. 

Une vielle histoire d’amour avec Sonia, une cinéaste, refait surface et donne un but au cheminement des deux personnages. Antoine décide de sauver l’œuvre cinématographique de Sonia, ce qui implique de récupérer ses films et d’aller les mettre en lieu sûr. On découvre alors les histoires d’amour passées d’Antoine. Tout tourne autour de son passé et de l’agression dont a été victime Chloé. Ils ont beau traverser la France, cela leur permet surtout de se découvrir et pour le lecteur d’explorer leur lien.

L’écriture est particulièrement bien soignée. Les sentiments ambiguës des personnages très bien rendus. On ne sait pas où l’auteure va nous emmener, mais on la suit.

Ici point de super héros, mais de simples humains dont la vie continue même si le monde s’écroule. Des humains au passé lourd, fêlés, qui tentent de se réparer, de se retrouver. Le personnage d’Antoine m’a cependant dérangé. J’ai trouvé son comportement vis à vis de sa fille traumatisée très étrange. Il l’observe comme un animal bizarre, mais paraît détaché de ce qui lui est arrivé, bien qu’il ait sa part de responsabilité. J’ai été gênée qu’il ne se remette pas en cause. 

Pour conclure, Nous entrerons dans la lumière de Michèle Astrud est une sorte de road movie en huis clos. Il est très bien écrit, mais l’ambiance étrange qu’il véhicule m’a semblé pesante. Le comportement d’Antoine, le personnage principal, m’a mis mal à l’aise. Un livre à lire si vous vous intéressez à la psychologie des personnages, moins pour le côté post-apocalyptique, qui sert de prétexte au voyage. 

 

D’autres avis chez : Valunivers, Cornwall