La vague montante de Marion Zimmer Bradley

Quatrième de couverture :

En 1955, Marion Zimmer Bradley imagine une société d’abondance frugale soustraite à l’empire de la technologie.

 

Je suis une grande fan de la romance de ténébreuse de Marion Zimmer Bradley. La sortie d’une de ses novellas de pure science fiction a donc attiré mon attention. Je remercie Libfly et  Le passager clandestin de m’avoir donné l’opportunité de la lire dans le cadre de la voie des indés.

Mon ressenti :

Ce récit commence de façon assez classique pour un planet opéra. Les protagonistes sont dans un vaisseau qui voyage en direction de la terre. Rien de neuf sous le soleil (sauf que le texte date de 1955, donc forcément pas si classique que ça à l’époque). Le texte étant très bien écrit, l’histoire aurait pu continuer sur ce vaisseau. Mais nos héros arrivent en fin sur terre et c’est là que cette novella s’avère originale, car la société n’a pas évoluée comme supposée. Les réactions des héros face à la découverte de cette civilisation agraire, peu développée au niveau technologique, est ce qu’il y a de plus intéressant. Cependant tout n’est pas aussi simple qu’il le paraît et la conclusion du texte rend cette évolution de la civilisation plus crédible.

Le style de Marion Zimmer Bradley est très fluide. Les descriptions rendent l’univers totalement cohérent.

Mon personnage préféré est Brian dans cette histoire. C’est l’astronaute (ou voyageur, je ne sais pas comment les appeler), qui a le plus de mal à se faire à cette découverte d’une civilisation terrienne, qui diffère tant de ce qu’il avait imaginé. Il me paraît être le plus humain des personnages car il a du mal à accepter, que ses convictions soient réduites à néant. Ses réactions sont donc les plus intéressantes.

Au final : Une novella sympathique qui sort un peu des sentiers battus, quant à l’évolution de notre société. Un regret, elle amène de façon un peu basique la réflexion sur le bien fondé de notre société consumériste.

  

n°8       n°3

Carnet de voyage en Gitanie d’Emmanuelle Garcia

Présentation de la maison d’édition :

Tsiganes, Rroms, Gitans, Manouches, Bohémiens, Yéniches, Voyageurs… Qui sont ces nomades qui posent tant de questions aux différents pays d’Europe ? Histoire, modes de vies, idées reçues, arts, religion… À partir de 9 ans.

Emmanuelle Garcia aux textes et Stéphane Nicolet aux images, sont accompagnés aux images par les enfants de l’école de l’Alba, de la 6e Segpa du collège de La Force, et des familles des aires d’accueil du Bergeracois.

 

Je m’essaie de temps en temps à la littérature jeunesse. La couverture de ce livre m’a beaucoup plu lors du dernier Masse Critique de Babelio (oui je choisi des livres du fait de leur couverture) et j’ai eu la chance d’être sélectionnée.

 

 Mon ressenti :

La forme de ce livre change complètement des livres classiques. Sur le modèle des carnets de voyages, des bribes de textes accompagnent des illustrations de Stéphane Nicolet, incluant des dessins des enfants de plusieurs écoles. Plus qu’un livre c’est tout un projet éducatif qui est présenté. Il est accompagné d’un poster présentant une nouvelle inédite de Didier Daeninckx. Il existe également une exposition itinérante.

Ce format de carnet de voyage est judicieusement choisi puisqu’il traite des voyageurs. Je me suis laissée emportée par les notes, les couleurs, les dessins. Point de rêverie, le thème abordé étant grave. Certes la vie des tsiganes est présentée, pleine de couleurs et de musiques, mais surtout pleine de préjugés et de persécutions. J’ai lu avec intérêt les différents textes et j’ai appris de nombreuses choses, comme le fait que les « voyageurs » avaient un carnet de circulation à faire signer par la police tous les 6 mois ! J’en suis sidérée.

Utiliser la parole des enfants est habile; même si le livre est destiné à un public jeune, il peut apprendre beaucoup aux adultes. Et quoi de mieux que la voix des enfants pour poser les questions qui fâchent ?

J’ai accueilli avec plaisir la nouvelle Le bingo du jour de l’an, après avoir lu le carnet de voyage. Elle est très drôle et m’a mis du baume au cœur.

Le détail qui fait sourire : des dessins de hérisson un peu partout dans le carnet.

Au final : une lecture, bien que jeunesse, pas forcément facile. Nous avons tous des choses à apprendre sur les tziganes. Par contre suivant l’âge du lecteur, je pense qu’il faudrait l’accompagnement d’un adulte pour discuter de la lecture.

 

 « Que vous aimiez Jean d’Ormesson. ou Erri de Luca.,Platon. ou Les gens heureux lisent et boivent du café.Babelio vous invite toute l’année à jouer à des quiz littéraires. et découvrir des livres. » 

n°2

Punk’s Not Dead d’Anthelme Hauchecorne

Quatrième de couverture :

À quoi l’Apocalypse ressemblerait-elle, contée par un punk zombi ? Qu’adviendrait-il si le QI des Français se trouvait d’un coup démultiplié ? Un grand sursaut ? Une nouvelle Révolution, l’an 1789 version 2.0 ?
Est-il bien sage pour un succube de s’amouracher d’un simple mortel ?
Les gentlemen du futur pourront-ils régler leurs querelles au disrupteur à vapeur, sans manquer aux règles de l’étiquette ?
Et si La Mort s’accordait un repos mérité ?
Treize nouvelles. Autant de sujets graves, traités entre ces pages avec sérieux.
Ne laissez pas vos neurones s’étioler, offrez une cure de jouvence à vos zygomatiques. Cessez de résister, accordez-vous une douce violence…
De toute évidence, ce recueil a été écrit pour vous.

 

Voilà un « cercueil de nouvelles » que j’attendais avec impatience, l’univers chelou et glauque à souhait de Âmes de verre m’ayant séduite.

Mon ressenti :

Ce cercueil comprend 13 nouvelles toutes très différentes (ce qui peut être déstabilisant au premier abord). Elles ont été écrites à des époques différentes, dans des cadres différents. Ce que j’ai trouvé très intéressant était la partie « Backstage », où l’auteur explique après chaque nouvelle le pourquoi du comment (appel à texte, période, idées que l’auteur souhaite faire passer…). Pour les nouvelles, c’est souvent le genre d’information qui me manque, car cet exercice littéraire est ardu : une histoire en condensé, une ambiance à dépeindre… je trouve régulièrement qu’il me manque un je ne sais quoi afin d’appréhender les textes dans leur globalité. Ceci m’a donc ravie.

Une autre particularité de ce cercueil (non je ne vire pas gothique, c’est l’appellation de l’auteur himself) réside dans les illustrations de Loïc Canavaggia. Les illustrations étaient déjà très présentes dans Âmes de verre, ici elles annoncent chaque nouvelle voire les illustre. Ma préférée est celle de C.F.D.T., puis celle de Décembre aux cendres et Sale petite Peste. elles donnent le ton, mettent les lecteurs en condition.

Je vais présenter les nouvelles une à une, car elle sont très différentes et ne m’ont pas toute fait le même effet. Certaines m’ont enthousiasmée et d’autres ne m’ont pas interpellée.

1 / Décembre aux Cendres

Sacré entrée en matière pour cette anthologie avec la nouvelle que j’ai préférée. Sur un fond de science fiction (les cités ont été réduites en cendre par un feu solaire provoqué par les humains), un conte très rude dans un monde dévasté par l’action de l’homme (l’auteur souligne les risques mais point de leçon moralisatrice). L’histoire d’une petite marchande d’allumettes modernes. La fin est ici aussi injuste, ce qui ne m’a pas empêché d’en demander plus tant l’univers décrit m’a plu. Avec ce que présente Anthelme Hauchecorne en backstage, une alchimie étonnante est créée entre imaginaire et réalité crue.

2 / Sarabande mécanique

J’ai lu cette nouvelle en mai (un petit clic sur le titre vous envoie vers ma chronique), la partie backstage a répondu à mes questions. Au risque de me répéter, c’est bien pratique.

3 / No Future

Les aventures d’un punk zombie qui tombe en déliquescence  : jouissif! Un texte marrant, plein d’humour. Et toujours un backstage qui nous renvoie vers une actualité plus grave. Petit extrait : « J’ai toujours trouvé les repas de famille mortels. appelons cela une prémonition. »

4 / C.F.D.T.

Vous aurez reconnu la Confrérie des Fantômes, Dragons et Trolls bien sûr! J’ai beaucoup aimé le début du texte qui présente un dragon prénommé Griaule, adepte de la cigarette rigolote. Mais mon intérêt a un peu lâché en se rapprochant de la fin. pourtant ce texte est optimiste, ça change, mais je ne sais pas pourquoi l’entrain du début m’a abandonné.

5 / Sale petite Peste !

L’idée de départ de la nouvelle est intéressante : parler du travail de la mort, mais je n’ai pas accroché, peut-être que ça parlait trop de travail (même si c’est celui de la mort ça reste du travail). Un bémol positif, la fin, avec la naissance de la petite Peste. Je crois que j’aurais aimé découvrir ce personnage là plutôt.

6 / Les Gentlemen à manivelle

Voici une nouvelle qui m’a laissée indifférente. L’idée des automates en tant que serviteur est intéressante. La réflexion sur l’avenir de notre civilisation est peut être développée de façon un peu trop abrupte.

7 / La Guerre des Gaules

Une lecture qui part en fanfare avec un concept fascinant : que se passerait-il si un partie d’extrême droite était élu ? L’idée est très bien développée : fermeture des frontières, marasme économique, guerre. Par contre j’ai trouvé que de rajouter un développement d’humains hyper intelligent en parallèle était de trop. M. Hauchecorne aurait-il trop d’idées? Certains passages valent vraiment le détour et je garde une grande faiblesse pour la tactique de survie des Lorrains (se réfugier dans les mines et s’hydrater à la mirabelle…). On y apprend de belles leçons : « Quand vous crevez de faim, vous vous contrefichez que votre voisin ait la peau verte, qu’il soit sataniste ou qu’il sodomise des patates. »

8 / Voodoo Doll

Changement de décor avec une courte nouvelle à la sauce polar. L’ambiance du roman noir est là.

9 / De profundis

 Une histoire de dinosaures devenus monstres marins. Bien écrite mais pas d’étincelle à mon niveau.

10 / La ballade d’Abrahel

 Une vision des enfers originale, un rêve qui persiste chez les anges déchus, c’est beau. La démone Abrahel qui veut sauver son ancien amour m’a émue.

11 / Le Buto atomique

Un très beau conte, mais comme pour d’autres j’aurais préféré une autre fin, moins sympathique sûrement. J’ai particulièrement aimé l’utilisation du butō dans la nouvelle. c’est un bel hommage à Pina Bausch.

12 / La grâce du funambule

L’auteur s’essaie avec bonheur à la littérature « blanche ». Cette nouvelle se passe dans l’univers de la mode. Elle est très bien ficelée. Une façon efficace de traiter de l’homophobie et de révéler les dessous de la mode

13 / Le Roi d’Automne

Pour finir en beauté, une nouvelle qui se passe dans l’univers du sidhe (voir âme de verre), presque une novella. J’adore cet univers et son l’ambiance si spéciale. Ce texte permet d’en apprendre plus sur Ambre Karmina et sa famille. Un grand moment de plaisir pour clôturer cette anthologie.

Au final une lecture un peu en dent de scies, avec de très très bon moments qui donnent envie d’en apprendre plus sur certains univers ou personnage. L’objectif de l’auteur est atteint : mon encéphale est débridé.

D’autres avis chez Sia, Blackwolf

 

n° 7              n°1

Le Cycle de Lanmeur, intégrale, tome 1 : Les Contacteurs de Christian Léourier

Quatrième de couverture :

Quand les hommes de la planète Lanmeur accèdent au voyage spatial, ils ont la surprise de découvrir que d’autres humanités s’épanouissent dans l’univers. Un hasard ? Peut-être pas. Lanmeur lance alors l’idée du Rassemblement et envoie des contacteurs sur ces mondes plus ou moins avancés, avec pour mission de les intégrer à sa propre civilisation. Mais quel projet se cache derrière ces sociétés si différentes ? Qui sont les Rêveurs de l’Irgendwo, auxquels Lanmeur devra tôt ou tard se confronter ?

 

J’ai connu Le cycle de Lanmeur de Christian Léourier, car Les éditions Ad Astra ont eu le Prix spécial du Grand Prix de l’Imaginaire 2013 pour la publication de l’intégrale du Cycle de Lanmeur (les deux premiers volumes) . Ensuite plusieurs blogueurs l’ont plébiscité (dont Lelf) et oh miracle Book en stock l’a proposé en partenariat dans le cadre de « Le mois de » consacré à Christian Léourier en novembre. J’ai eu la très grande chance d’être retenue ! Et j’en suis plus que ravie, ma chronique devrait vous le démontrer.

 

Mon ressenti :

Ce premier tome présente en fait trois romans du cycle de Lanmeur : Ti-Harnog, L’homme qui tua l’hiver et Mille fois Mille fleuves. Je vais parler des trois en même temps puisque je les ai lus à la suite.

J’ai commencé par le premier roman, Ti-Harnog. Il y a des lectures qui vous surprennent vraiment et ce fût le cas. Je ne m’attendais pas à rencontrer un tel plaisir à lire Le cycle de Lanmeur. J’ai été happée par la lecture et dès la première histoire terminée j’ai enchaîné avec la suivante, L’homme qui tua l’hiver, de même avec la troisième. Chacune présente un monde particulier, aussi bien au niveau de son climat, de sa géographie que de ses habitants. Ils ont chacun leur propre culture, même si dans ces trois romans on peut trouver des similitudes entre les modes de vie des populations, qui utilisent peu ou pas la technologie. Ce qui m’a beaucoup plus est que dans les trois récits on découvre trois facettes différentes de Lanmeur. Dans Ti-Harnog on suit l’arrivée d’un contacteur sur un « nouveau monde » et comme lui on découvre ce nouvel univers, on partage ses surprises, ses réflexions… Dans l’homme qui tua l’hiver, le contact avec Lanmeur est établi depuis longtemps et des Lanmeuriens sont installés sur Nedim, enfin dans Mille fois Mille fleuves plusieurs contacteurs sont présents et reconnus pour ce qu’ils sont, mais il n’y a pas encore d’échange avec Lanmeur.

L’écriture de Christian Léourier est étonnante. Elle est presque poétique et en même temps très précise. Elle mêle des concepts qui ne s’appréhendent pas immédiatement, comme les croyances sur Nedim, tout en étant facile à lire. Un régal.

Dans ce tome mon personnage préféré est Twern, le contacteur envoyé sur Ti-Harnog. Je l’ai accompagné dans sa découverte de Ti-Harnog, j’ai suivi ses réflexions, d’une confiance aveugle en Lanmeur il prend peu à peu du recul. Il s’adapte comme il peut aux légendes locales et démontre au fur et à mesure une force de caractère impressionnante ainsi qu’un grand charisme. Chaque récit a son héros, ses personnages principaux, qui nous en apprennent toujours un peu plus sur l’homme. Car ces mondes imaginaires permettent de mettre en exergue les interrogations de notre société. 

Le roman que j’ai préféré, tout en ayant fortement aimé les trois, est  Mille fois Mille fleuves. Pourquoi ? Peut-être parce que dans ce monde l’eau prédomine et c’est un élément qui me parle particulièrement.

Au final, une lecture qui m’a enchantée, qui m’a fait rêver, qui m’a fait réfléchir et qui m’a poussée à acheter le tome 2 de l’intégrale (c’est malin… 😉 ). Alors si vous voulez voyager n’hésitez pas.

 

D’autres avis chez BookenstockBlackwolf, Marmotte, Tiger Lilly, Lune, Acro

 

 

n°2 

La lettre à Helga de Bergsveinn Birgisson


Quatrième de couverture :

« Mon neveu Marteinn est venu me chercher à la maison de retraite. Je vais passer le plus clair de l’été dans une chambre avec vue plongeante sur la ferme que vous habitiez jadis, Hallgrímur et toi. » Ainsi commence la réponse – combien tardive – de Bjarni Gíslason de Kolkustadir à sa chère Helga, la seule femme qu’il aima, aussi brièvement qu’ardemment, d’un amour impossible. Et c’est tout un monde qui se ravive : entre son élevage de moutons, les pêches solitaires, et sa charge de contrôleur du fourrage, on découvre l’âpre existence qui fut la sienne tout au long d’un monologue saisissant de vigueur. Car Bjarni Gíslason de Kolkustadir est un homme simple, taillé dans la lave, pétri de poésie et d’attention émerveillée à la nature sauvage. Ce beau et puissant roman se lit d’une traite, tant on est troublé par l’étrange confession amoureuse d’un éleveur de brebis islandais, d’un homme qui s’est lui-même spolié de l’amour de sa vie.

 

Les  matchs de la rentrée littéraire de PriceMinister-Rakuten sont une occasion de découvrir des auteurs, des styles, des livres qui changent de nos lectures habituelles. Il a suffit que la quatrième de couverture parle d’Islande pour que je choisisse La lettre à Helga.

 

Mon ressenti : 

L’auteur implique directement le lecteur dans l’histoire. En effet, le texte est narré à la première personne. Bjarni écrit à son amour Helga. Ce texte, sans pudeur, sans chichi, nous emporte dans cette histoire tranquille. J’ai été séduite par l’histoire de cet homme, qui nous narre sa vie sans fard. J’ai cru que l’histoire se limiterait à un amour impossible, fantasmé. Mais non, l’auteur décrit « la vraie vie », celle où l’humain peut céder aux tentations et où il doit continuer à vivre sans vie en supportant les conséquences de ses actes. J’aurais rêvé d’un happy end, mais cela n’aurait pas été congruent avec le reste du texte. 

Le style est parfois poétique, d’autre fois il est très cru et très terre à terre. Soit en accord avec l’imaginaire d’une île, soit en accord avec la réalité d’une vie de berger en Islande : une écriture toujours en adéquation avec le récit.

Le personnage de Bjarni m’a émue, un peu brut de décoffrage il a quand même une grande sensibilité. La lettre qu’il écrit à Helga est très belle, il s’y livre totalement.

Mon passage préféré est la conclusion, mais pour la connaître il vous faut lire le livre.

Au final une lecture qui m’a fait voyager, partager les sentiments du narrateur et qui m’a donné envie de découvrir d’autres écrits de l’auteur. 17