Fenêtres sur rue de Pascal Rabaté

 

  Noctambule – Parution : 21/08/2013 –  

 

J’ai entendu plusieurs fois parler de cette drôle de BD, aussi je remercie Libfly et les éditions Soleil qui m’ont permis de découvrir cet ovni dans le cadre du festival d’angoulême 2014.

 

Mon ressenti :

Cette BD n’est pas comme les autres. Il n’y a pas de texte (hormis l’introduction), uniquement des dessins. Il y a deux côtés de lecture. Bref, une BD qui change.

En fait, une fois qu’on l’a entre les mains, c’est un petit théâtre portatif que l’on possède, il y a le rideau rouge, le décor (les façades de 4 maisons) et les personnages (et même le public en couverture). J’ai commencé par retourner dans tous les sens cet objet littéraire non identifié. Il y a un côté matinées et un côté soirée, libre à chacun de décider comment il souhaite faire sa lecture. Pour ma part j’ai décidé d’alterner matinée et soirée afin de suivre toute l’histoire.

Cette histoire n’est pas sans rappeler 

Locke & Key, tome 5 : Rouages de Joe Hill & Gabriel Rodriguez

ID :

Scénario : Joe Hill, dessinateur : Gabriel Rodriguez – Collection : Milady Graphics, Milady – Parution : 26/10/13 – 128p – Prix :19,90€ – Genre : comics, fantastique

Quatrième de couverture :

À Lovecraft, les enfants Locke n’ont jamais été aussi près des ténèbres. Tyler et Kinsey n’imaginent pas un seul instant que Lucas « Dodge » Caravaggio est revenu d’entre les morts pour s’emparer du corps de leur petit frère. Grâce à la clé Oméga, Dodge sera bientôt en mesure d’ouvrir la Porte Noire et de libérer les démons aux pouvoirs hypnotiques qui se tapissent derrière.
Depuis des siècles, le destin semble s’acharner sur la famille Locke. Mais Tyler et Kinsey détiennent eux aussi une arme redoutable : la clé du Temps.
Sauront-ils contrer leur Nemesis et renverser le cours de l’Histoire ?

J’ai dévoré le premier tome de cette série en décembre. Il m’a immédiatement convaincu de lire tous les tomes suivants et j’ai eu la chance de recevoir ce tome 5 dans le cadre du Masse Critique spécial BD de Babelio. Du coup j’ai enchaîné la lecture des tomes 2 à 5. Un grand merci à Babelio et à Milady graphics.

Mon ressenti :

Waouhhh, comment dire. Les dessins sont toujours aussi percutant! Dès la première page j’étais à nouveau immergée dans l’histoire de Locke and Key. Rodriguez arrive à faire passer toute la folie liée à la possession démoniaque en une image. Celle-ci m’a vraiment marquée aussi là voici :

Ce bras tendu invite le lecteur à entrer dans l’histoire. C’est étonnant l’effet de mouvement que produit ce dessin. C’est un de mes préférés de ce tome.

Et l’histoire me direz-vous ? Eh bien, on apprend tout, ou presque. C’est l’album des révélations, qui permet de tout comprendre. Il répond à toutes les énigmes dévoilées dans les quatre précédents tomes. Il porte bien son nom, c’est le rouage manquant, qui permet de comprendre toute la mécanique de l’histoire Une fois de plus j’ai dévoré ce tome de Locke and Key, j’ai même l’impression de l’avoir lu encore plus vite que les précédents. Le début du comics nous fait découvrir les origines des clés, puis toute l’histoire du père de Tyler et Kinsey est dévoilée. J’ai donc ouvert ce tome et je ne l’ai lâché qu’une fois dévoré.

Joe Hill est vraiment impressionnant comme écrivain. Il a tissé sa toile depuis le tome 1, en éparpillant ça et là des informations qui ne prennent tout leur sens que dans Rouages. Il n’y a aucun raté dans l’histoire.

Nous retrouvons dans ce tome les personnages principaux certes, mais le caractère de personnages secondaires est également bien développé, ainsi que les relations entre les différents protagonistes. C’est une des richesses de ce comics, rien n’est survolé. Mon personnage préféré reste tout de même Tyler, dans ce tome on voit un peu ce qu’il y a dans sa tête et cela résume bien le personnage : le bon samaritain qui lutte contre ses penchants sombres.

Au final, encore un très bon tome qui fait le lien manquant entre les tomes précédents. A ne lire que si vous avez lu les tome 1 à 4 autrement vous ne pourrez pas en appréhender toute la richesse. Des illustrations toujours aussi soignées. Seul bémol, pas d’illustrations supplémentaires à la fin comme dans les autres tomes.

 N°9

Trajets et itinéraires de la mémoire de Serge Brussolo

ID :

Auteur : Serge Brussolo – Collection Folio SF (n° 465), Gallimard – Parution : 31-10-2013 – 560p – Prix : 8,90€ – Genre : SF – Nouvelle

Quatrième de couverture :

Villes malades où des ordinateurs s’affrontent en combats souterrains à coups de munitions humaines. H.L.M. de cauchemar dont les locataires, nus, s’exposent aux piqûres de mystérieuses mouches. Camp où les prisonniers sont soumis à d’insupportables séances d’irradiation. Musée gigantesque dont personne n’a jamais vu les limites. Tour-dispensaire insalubre surplombant une réserve de paysans souffrant d’étranges troubles de la personnalité… C’est à un trajet baroque et cruel que vous convie ce recueil, sur les traces d’un auteur alors en devenir, aujourd’hui culte : Serge Brussolo. Ces quatorze nouvelles des débuts de sa carrière permettent de revenir sur la genèse d’un talent hors norme, confirmé depuis par les chefs-d’œuvre que sont Le syndrome du scaphandrier, La Planète des Ouragans ou encore La nuit du bombardier.

 

J’ai découvert Brussolo il y a longtemps à travers ses thrillers, que j’avais adoré. Une lecture en SF m’avait par contre découragée de lire l’auteur dans ce style. Quand Livraddict a proposé ce recueil de nouvelles en partenariat, je me suis dit que c’était l’occasion de réessayer. Un grand merci à Livraddict et à FolioSF de m’avoir offert cette opportunité.

 

Mon ressenti :

Ces nouvelles bien que toute différentes forme une belle unité. Pour une fois, je vais donc parler d’un recueil de nouvelles de façon global, puis je dirais quelques mots sur chacune.

Quel que soit le texte, l’auteur arrive à faire plonger le lecteur dans un univers sombre et angoissant. Brussolo nous tient en haleine, je dirais même maintient un certain niveau de stress et d’anxiété, jusqu’à la fin de l’histoire. Il dépeint avec une grande efficacité des villes à moitié abandonnée, des civilisations décadentes où une partie de l’humanité est l’esclave de l’autre partie. Il nous emmène dans des bâtiments immenses et angoissants. Vous l’aurez compris, la bonne humeur et la joie ne sont pas au menu. Comme si tout cela ne suffisait pas, Brussolo introduit à chaque fois une deuxième histoire dans l’histoire, sorte de ressort narratif qui ne laisse aucune chance aux protagonistes. Tout cela est mené de main de maître et le lecteur ne sait jamais à quoi s’attendre.

  • Vue en coupe d’une ville malade

Le recueil démarre en fanfare avec cette nouvelle, qui vous donne envie de camper plutôt que d’habiter dans une maison (pour éviter de se faire absorber par la maison). L’idée de départ est très riche et est bien développée dans la nouvelle.

  • La mouche et l’araignée

Voici une nouvelle bien surprenante et glauque à souhait. Brrr.

  • La sixième colonne

Camp de la mort ou vision du futur ? Ce texte nous fait réfléchir sur la maîtrise des populations et les risques de l’uniformisation. Un texte court (10 pages) mais très dense.

  • Comme un miroir mort

Je n’ai pas du tout accroché avec cette nouvelle, qui ressemble plus à un résumé d’un texte beaucoup plus grand. La fluidité présente dans les autres textes ne se retrouve pas ici.

  • Soleil de soufre

Brussolo invente une société très étonnante basée sur le culte du feu. Les descriptions oscillent entre esthétisme et horreur. L’idée de départ pourrait être basique, mais l’auteur va tellement loin quand il dépeint cette société, même l’art est traité, que cette nouvelle n’a plus rien d’anodin.

  • … de l’érèbe et de la nuit

Encore une société très glauque, où les hommes sont enchaînés, mais d’une manière bien particulière, à travers le sommeil. J’ai trouvé l’idée géniale. Une nouvelle qui laisse encore de la place à du développement, il y aurait largement de quoi faire un roman.

  • Mémorial in vivo

A nouveau un texte qui m’a fait penser à la Shoah. Je l’ai trouvé trop court, j’aurais souhaité avoir des bribes d’explication : à quoi servent les expériences menées sur les hommes, dans quel but ?

  • Off

J’ai adoré l’idée de départ où le contrôle de la population se fait via le contrôle du bruit. Par contre j’ai trouvé que la fin partait un peu en vrille.

  • Anamorphose ou les liens du sang

Là j’avoue que j’ai eu du mal à suivre l’histoire.

  • Funnyway

Brussolo aurait-il un esprit un peu tordu pour inventer autant d’horreur? Jeux des arènes? Prison? Contrôle de la population? En tout cas cette course cycliste sans fin, où la pluie est faite d’acide, où la pause est impossible pour cause de mort violente, est atroce.

  • Subway, éléments pour une mythologie du métro

Dans cette nouvelle, les bases d’une histoire qui pourraient être développée dans un roman sont posées. On ne peut pas se satisfaire de cette histoire, trop courte pour tout ce qui est abordé (où est la fille-ville? Que devient subway? Quelle est la raison de ce métro?).

  • « Trajets et itinéraire de l’oubli »

La couverture illustre cette nouvelle. Celle-ci est déroutante, sans vraiment de fin. On est écrasé par le gigantisme de ce musée dans fin.

  • Visite guidée

J’ai beaucoup apprécié ce texte, qui si le lecteur le souhaite, lui donne beaucoup de pistes pour réfléchir sur l’avenir de notre civilisation. Les nouvelles minorités ici sont des mutants, résultats d’irradiations.

  • Aussi lourd que le vent…

Une de mes nouvelles préférées dans ce recueil. Ici le genre est plutôt fantastique au départ pour tourner ensuite à la science fiction. L’auteur se sert d’un fond imaginaire pour traiter des relations entre humains. Les comportements décrits : violence, lynchage, auraient pu aussi bien tenir place dans une chronique contemporaine.

Au final une lecture qui m’a pris un peu de temps, chaque univers étant très riche, mais aussi si noir, que j’ai eu besoin d’alterner avec une lecture plus légère. Un très bon recueil de nouvelles qui vous fera frissonner et vous interroger sur l’humanité. Quant à moi j’ai terminé ma lecture sur cette question : mais où va-t-il chercher tout ça?

 

Un extrait :

« Le métro trace sous nos pieds une carte du cosmos, et les voyageurs moites et fatigués que les rames cahotantes véhiculent comme des bêtes convoyées vers l’abattoir, ignoreront toujours qu’ils viennent de quitter Mars, entrent dans l’orbite de Saturne, ou plongent dans le vide glacé et noir des tunnels vers la lointaine Pluton. »

 n°8   n°1

La maîtresse de guerre de Gabriel Katz (sortie le 16 janvier 2014)

Quatrième de couverture :

Dans le même univers que celui du Puits des mémoires, Kaelyn, fille d’un maître d’armes, rêve de reprendre le flambeau paternel, tandis que les autres filles de son âge rêvent d’un beau mariage. Elle a le talent, l’instinct, la volonté. Elle ne demande qu’à apprendre. Mais cela ne suffit pas : c’est un monde dur, un monde d’hommes, où la place d’une femme est auprès de son mari, de ses enfants, de ses casseroles. Il va falloir lutter. Elle s’engage donc dans cette grande armée qui recrute partout des volontaires pour aller se battre au bout du monde. Des milliers de soldats partis « libérer » le lointain sultanat d’Azman, plaque tournante de l’esclavage, terre barbare où règnent les cannibales. Dans la violence de la guerre, elle veut acquérir seule ce que personne n’a voulu lui enseigner. Mais le grand sud, plongé dans le chaos de l’invasion, va bouleverser son destin bien au-delà de ses attentes…

 

Ahhhhh le nouveau Gabriel Katz! Je l’attendais avec beaucoup d’impatience après avoir adorer la trilogie Le Puits des Mémoires. Autant vous dire que lorsque Book en stock l’a proposé en partenariat j’ai sauté sur l’occasion !

Et cette lecture alors ?

Gabriel Katz, une fois de plus, arrive à plonger son lecteur directement dans l’histoire, dans l’ambiance du livre. L’enfance de Kaelyn est effleurée pour la placer très rapidement sur un bateau en partance pour la guerre. Nous découvrons alors une femme de caractère qui souhaite faire ses preuves, mais elle va devoir faire avec la réalité de la guerre. Rebondissements, amours, batailles étaient à l’ordre du jour et j’ai dévoré l’histoire jusqu’à la fin. J’ai adoré que l’héroïne soit une femme. Une lecture très rapide, mais qui m’a laissée un peu sur ma faim. Je n’ai pu m’empêcher de comparer ce livre avec le Puits des mémoires et j’ai trouvé l’histoire moins complexe, les personnages moins fouillés. Comme un soupçon d’inachevé.

Pourtant la touche Gabriel Katz  est là, le rythme de l’histoire est bien mené, il y a une touche d’humour (peut être un peu moins).

Les personnages sont toujours à fort caractère. J’ai adoré Kaelyn, qui voudrait qu’on ne la traite plus comme une petite fille et qui souhaite faire ses preuves en tant que guerrière. Le maître de guerre Hadrian est taciturne, mais peut faire rêver plus d’une midinette. Et dans les personnages effrayant, il y a l’amoureux éconduit qui s’est transformé en barbare assoiffé de sang (brrrr).

Mais j’ai ressenti quelques manques à la lecture, j’aurais par exemple souhaité que l’enfance de Kaelyn soit un plus dévoilée, que les personnages soient plus creusés.

Au final une lecture très agréable, qui vous fera passer un bon moment, mais qui manque un tout petit peu de piment. 

 

D’autres avis chez : Ptitetrölle, Book en stock, Crunches

 

          n°6

Maeve Regan, tome 4 : A pleines dents de Marika Gallman

Quatrième de couverture :

Tuer son père aurait dû mettre un terme aux ennuis de Maeve. Mais les choses ne se passent jamais comme prévu. Non content de la retenir prisonnière dans un château infesté de vampires, Connor veut se servir d’elle pour prendre la place de Victor. Sans pouvoirs, sans alliés et sans échappatoire, Maeve devra faire équipe avec la dernière personne sur Terre dont elle souhaite l’aide : son ancien mentor qui l’a trahie, Benoxh. Et c’est sans parler de la deuxième partie de la prophétie, qui la voue à devenir plus malfaisante que ne l’était son père…

 

En décembre, c’est le mois de Marika Galleman sur bookenstock et j’ai eu l’opportunité de lire le tome 4 des aventures de Maeve Regan dans ce cadre. je l’aurais lu bien sûr dans tous les cas.

 

Mon ressenti :

Quel bonheur de retrouver Maeve Regan, certes en mauvaise situation, mais je n’en dirais pas plus, lisez le tome 3 pour le savoir. L’histoire redémarre au quart de tour comme si le lecteur venait de reposer le tome 3. J’ai dû me forcer à ralentir mon rythme de lecture pour pouvoir savourer celle-ci. Dans ce tome le cadre est beaucoup plus noir et cela va de paire avec l’héroïne qui est plus mature. Difficile de parler de l’histoire sans en dévoiler des éléments cruciaux. Je peux juste dire qu’elle est très prenante et qu’une fois de plus Marika Gallman tient ses lecteurs en haleine jusqu’à la fin. Et quelle fin ! J’aurais bien enchaîné avec le dernier tome de la série.

Mais quel est son secret ? Une bonne dose d’action, un grosse louche d’humour, une héroïne attachante, suffisamment de bagarre… je ne sais pas. En tout cas ce qui est sûr, c’est que sa recette fonctionne à merveille.

Bien entendu le livre repose sur son personnage principal Maeve. Je la trouve formidable car pleine de punch, mais également de doute. Comme beaucoup de héros, elle n’a rien demandé à personne et souhaiterait pouvoir vivre sa vie tranquillement. Mais pas de chance, l’histoire est tout autre. Ce qui fait tout son charme, c’est justement ses réactions aux anicroches du destin. Et que serait Maeve sans ses acolytes ? Mention spéciale à Lala et Rosita.

Au final, vous l’aurez compris, une fois de plus je me suis régalée à la lecture de ce tome 4 des aventures de Maeve Regan, A pleines dents, rondement mené. Et maintenant j’attends de pieds ferme le cinquième et dernier tome.

                                                 n°4