Le Village d’Emmanuel Chastellière

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Auteur : Emmanuel Chastellière – Couverture : Marc Simonetti –  Edition : Les éditions de l’instant – Parution : 08/06/16 – 321  pages – Prix : 18,50€ – Genre : fantastique

 

Quatrième de couverture :

Une jeune fille se réveille un matin dans une demeure inconnue.

Livrée à elle-même au cœur d’un village aussi étrange que désert, privée de ses souvenirs, elle va bien vite se rendre compte que les secrets de son passé sont liés à ceux des anciens habitants des lieux. Pour se défaire de ces liens invisibles et espérer quitter ce village aux allures de prison hors du temps, elle va devoir raviver les cendres d’un bûcher centenaire…

Mon avis :

Comme les habitants du village, ma lecture, puis ma chronique furent un peu maudite. Le livre envoyé deux fois par la maison d’édition n’est jamais arrivé. Bien gentiment l’auteur m’a permis de le lire en version numérique. Mais du coup, il s’est fait doubler dans le temps par d’autres lectures. Puis j’ai calé sur la rédaction de ma chronique, juste parce que je ne l’ai pas faite immédiatement. Enfin, j’ai eu un souci de sauvegarde et j’ai perdu la première version de la dite chronique…. erf… Mais il fallait absolument que je vous en parle !

En effet, quelle sacrée découverte ! Je ne m’attendais pas à être scotchée dès le départ. Le début du récit est angoissant, comme pour cette jeune fille qui se réveille dans un village inconnu, il y a une perte totale de repère pour le lecteur. Qu’est-ce qui se passe ? Où sommes-nous ? Et l’auteur va ménager le suspense et dérouler son intrigue avec minutie jusqu’à la fin. Tout du long, de nouvelles interrogations apparaissent, les évidences font place au doute, le tout dans une atmosphère lourde, angoissante, pour arriver à une fin en apothéose.

A la lecture, difficile d’imaginer qu’Emmanuel Chastellière signe là son premier roman. En effet, son écriture est fluide, le rythme du récit parfaitement maîtrisé. Le choix du huis-clos est très bien trouvé et permet de faire monter la tension entre les différents personnages.

Ceux-ci se répartissent en deux catégories : les adultes, les enfants/adolescents. Les adultes sont des pantins, enfermés dans leur malédiction. Les enfants sont les véritables personnages. Ils recréent leur propre société et comme dans Sa majesté des mouches, elle n’est pas forcément reluisante. Rapidement on ne sait plus à qui se fier, car même les « gentils » ont une part d’ombre. Plus rien n’est évident, tout est trouble.

Pour conclure, j’ai trouvé ce premier livre d’Emmanuel Chastellière vraiment surprenant. Je suis ravie de cette découverte, d’avoir plongé dans les ruelles tortueuses et sombre du village. J’ai hâte de découvrir ses prochains écrits.
 

D’autres avis chez : Blackwolf, Licorne, Amarüel, Ramettes, Lune, Phooka, Dup, Julien le naufragé

Je suis ton ombre de Morgane de Caussarieu

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Auteur : Morgane de Caussarieu  – Edition : Mnémos  – Parution : 05/06/14 –  282 pages – Prix : 20 € – Genre : fantastique

 

Quatrième de couverture :

Le Temple, petit village du Sud-Ouest, ses plages, ses blockhaus, son unique bistro, son école où la violence est le seul remède à l’ennui. Poil de Carotte y vit seul avec son père handicapé. Gamin perturbé aux penchants sadiques et souffre-douleur de ses camarades de classe, sa vie bascule lorsqu’il se rend dans une ferme calcinée en lisière de forêt. Des fantômes y rôdent, paraît-il. Mais en lieu et place de revenants, il découvre un étrange journal rédigé par des jumeaux, il y a trois cents ans. Leur vie sauvage et heureuse à La Nouvelle-Orléans tourne au cauchemar lorsqu’un marquis décadent les prend à son service. Plus Poil de Carotte avance dans sa lecture, plus des événements étranges surviennent : un chat noir qui parle, une voix qui lui chuchote la nuit à l’oreille, un enfant au teint trop pâle et aux lèvres trop rouges… Et s’il avait réveillé des forces aussi malsaines qu’attirantes ? 

 

Mon avis :

J’avais lu avec beaucoup d’intérêt le premier livre de Morgane Caussarieu Dans les veines. J’étais donc curieuse de voir ce qu’elle allait nous proposer dans ce nouveau roman, où l’on retrouve l’un des protagonistes vampires de son premier roman, Gabriel.

ATTENTION ÂME SENSIBLE S’ABSTENIR ! Eh oui, l’auteur propose des récits toujours aussi durs, avec notamment une scène de viol décrite avec précision.

Bienvenue à Temple, trou paumé dans les Landes. Ambiance « zone » à la campagne, cas sociaux, jeunes qui s’ennuient, élèves doués persécutés. On comprend vite le topo (enfin la partie la plus évidente). Puis petit à petit s’invite le surnaturel, avec la présence du fantôme de Gabriel, qui s’impose dans la vie de Poil de carotte. Une vie bien morne et pleine d’insatisfactions, avec son père estropié, son jumeau et sa mère décédés. Au récit du présent, va s’ajouter l’histoire de Gabriel qui se déroule trois siècles auparavant. Nous découvrons ce récit par la lecture que Poil de carotte fait d’un journal intime, qu’il a trouvé dans une ferme brûlée. 

J’ai aimé retrouver la Nouvelle Orléans dans ma lecture et découvrir l’univers de Gabriel avant qu’il ne devienne vampire. L’auteur par son changement de style, nous immerge dans une autre époque. Changement de lieu, mais pas d’ambiance. La vie n’était pas tendre, même pour les enfants, entre maladies, meurtres, esclavagisme, viols…

Petits à petits un parallèle entre les histoires de Poil de Carotte et Gabriel se développe, ils souffrent notamment tous les deux de la solitude et sont à la recherche de leur âme sœur perdue. Le premier va gagner en cruauté, le second devenir un monstre. La fin après réflexion, paraît logique, mais je ne m’y attendais pas (je n’en dis pas plus, je préfère garder un suspens total sur celle-ci).

Morgane Caussarieu ne fait aucune concession pour servir son propos. Elle n’épargne pas le lecteur pour aller jusqu’au bout de son raisonnement. Même si les vampires sont évoqués en tant que créatures sanguinaires et cruels, le sujet principal reste l’homme (adulte), qui apparaît encore plus monstrueux, amoral, épouvantable, à vomir.

Les personnages ne sont pas franchement sympathiques (plutôt antipathiques même). Poil de carotte semblait un enfant en détresse au départ, le lecteur pouvait ressentir de l’empathie pour lui, mais très rapidement il devient détestable. S’il fallait en sauver un, ce serait peut-être Gabriel avant son arrivée dans la plantation où il sera transformé (de bien des manières), ou alors David dont le seul tort serait d’avoir eu pitié du frère de son meilleur ami décédé. Les différents protagonistes ne donnent pas foi en l’humanité, leurs comportements sont déprimants, dérangeants et admirablement bien dépeint. Ce qui rend parfois la lecture très difficile, voire qui donne un sentiment de malaise.

Pour conclure, j’ai dû prendre du temps pour écrire cette chronique, tant les mots étaient difficiles à trouver. Le livre est remarquablement bien écrit, l’histoire bien construite. Mais la façon dont l’histoire est narrée rend la lecture difficilement supportable parfois. L’homme est un monstre et Morgane Caussarieu nous le démontre avec brio. Une lecture dont on ne ressort pas indemne.

 

« Les poils de ma nuque se dressent comme les piques d’un hérisson et j’arrête ma lecture pour tourner la page au plus vite. Je me sens encore moins rassuré. Le gamin de l’article rêvait d’un monstre au visage d’enfant ! J’observe autour de moi. Mes rares peluches me rendent mon regard de leurs yeux plastique. Les ombres me paraissent sinistres, abritant des p’tits garçons qui rampent dans l’obscurité, attendant que je baisse ma garde. »

« Oui je suis un monstre. Je ne l’ai jamais caché. Mais on m’a fait ainsi. Je n’ai rien demandé. Tu l’as lu. Au départ j’étais un petit garçon gentil et normal. Tout comme toi avant l’accident. Mais les adultes ont assombri mon âme. M’ont montré ce qu’était la cruauté. »

 

D’autres avis chez : Blackwolf, Cornwall, Julien le naufragé, Acro, Mes imaginaires, Joyeux Drille, Xapur, Lhisbei, Lune

Thème 1 – Un pays à l’honneur  C

Le 15/15 d’Emmanuel Chastellière (version bis du mois2) chez Bookenstock

 

Chers lecteurs, vous avez déjà vu passer de nombreux billets sur « le mois de » proposé par Dup et Phooka.

Cette fois-ci, pas de mois, mais un 15/15 car c’est du 15 juin au 15 Juillet 2016 que nous pourrons assaillir Emmanuel Chastellière de questions sur BOOK EN STOCK. Vous ne connaissez pas l’auteur ? C’est normal il vient juste de sortir son premier livre Le village, que je vais lire dans le cadre de ce 15/15.

Mais il ne vous est peut-être pas totalement inconnu, voici ce que nous en disent les vénérables Dup et Phooka :

Alias Gillossen.
Môsieur Elbakin quoi !
Grand Chroniqueur de Fantasy devant l’éternel, pourfendeur des assassins à cape  :))
Il est également traducteur de nombreux romans de Fantasy
dont beaucoup sont chroniqués ici :
La trilogie de Sam Sykes, La porte des Éons.
La trilogie de Daniel Hanover, La Dague et la Fortune.
beaucoup d’autres grands noms aussi : Tad Williams, Django Wexler, Aliette de Bodard…

Toute son actu est sur son blog : Un mot après l’autre

N’hésitez pas à venir lui poser toutes les questions qui vous passent par la tête !

Les Décharnés : Une lueur au crépuscule de Paul Clément

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Auteur : Paul Clément – Autoédition – Parution : 01/12/15 – 320  pages – Prix : 12,99 € – Genre : zombie, fantastique

 

Quatrième de couverture :

Une journée de juin comme une autre en Provence. Blessé à la cheville, Patrick, un agriculteur de la région, asocial et vieillissant, ne souhaite qu’une chose : se remettre au plus vite pour retrouver la monotonie de sa vie, rythmée par un travail acharné. Mais le monde bascule dans l’horreur lorsque les automobilistes, coincés dans un embouteillage non loin de chez lui, se transforment soudain en fous assoiffés de sang… de sang humain. S’il veut survivre, Patrick doit non seulement faire face à ces démons qui frappent à sa porte mais aussi à ceux, plus sournois, qui l’assaillent intérieurement. Et si cette petite fille, qu’il prend sous son aile, parvenait à le ramener, lui, vieux loup solitaire, dans le monde des vivants ?

 

Mon avis :

Zombiiiiiiiiiiiiiiiiiieeeee ! Je lis peu de livre d’auteurs autoédités, ayant tenté au début du blog et ayant été pas mal déçue. Mais là, j’ai cédé aux sirènes des zombies, aux, déjà nombreux, retours positifs et à la maîtrise du sujet par l’auteur, puisqu’il s’occupe du fameux site : http://www.myzombieculture.com/ Oui j’aime les zombies, sous toutes leurs formes et à toutes les sauces (ça c’est de la déclaration).

Voyons comment s’est passée cette lecture. La couverture met déjà bien dans l’ambiance et est assez représentative du récit, le ciel bleu de la Provence, la chaleur, les champs de blés, la voisine du village devenue zombie, du sang, manque plus qu’une scène un peu plus gore. Voilà pour le décor. Le récit, quant à lui, démarre en trombe, ce qui m’a un peu déstabilisé au départ. Nous avons à peine le temps de découvrir Patrick, l’anti-héros de cette histoire, que « pouf ! » les gens se transforment en zombie. Comment, pourquoi ? Suspens.

Notre pauvre Patrick, agriculteur misanthrope, se retrouve à lutter pour sa survie en quelques pages. Je trouve ses réactions assez réalistes. En effet, confronté à des hordes de zombies que ferions-nous réellement ? Serions-nous des héros, accueillant le moindre rescapé ou tout bonnement, protégerions-nous nos conserves à coups de pelle ? Cet anti-héros est tout sauf charismatique, mais le lecteur se prendra rapidement d’affection pour lui, quand il verra sa carapace se fendiller pour une petite fille, Emma.

Nous allons donc suivre ce duo atypique sur quelques kilomètres. Après un début en fanfare, on retrouve un récit de survie assez classique pour les amateurs de séries comme the Walking Dead. L’intérêt du récit se trouve dans les interactions entre humains, souvent bien nauséabondes. Certains rebondissements sont assez prévisibles, mais la fin m’a bien surprise.

Pour conclure, même si le fond du récit est assez classique (et très bien construit), j’ai vraiment apprécié de suivre Patrick dans sa survie en pleine apocalypse zombie. Son évolution est vraiment intéressante et ne m’a pas laissée de marbre. Une belle découverte. Le petit plus : pour une fois des zombies en France et en Provence, à la campagne, ça change !

 

Une réunion de tous les partis politiques de toutes les confessions, de toutes les tendances sexuelles, de toutes les couleurs de peau. Tous unis sous une seule bannière: celle de la faim, l’envie de nous dévorer. Une vraie tolérance apocalyptique.

La horde, lente mais déterminée, continuait à gagner du terrain à quelques dizaines de mètres, dans une scène de course poursuite dont le cinéma n’aurait jamais voulu. Les zombies avançaient péniblement tels des pantins désarticulés tandis que le héros, un vieillard au ventre proéminent, fonçait sur son bolide à quarante kilomètre-heure. James Bond en serait mort hilare.

D’autres avis chez : Amarüel, Acro, Sia, Blackwolf

Le Nibelung, tome 1 : Le Carnaval aux corbeaux de Anthelme Hauchecorne, Loïc Canavaggia et Mathieu Coudray

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Auteur : Anthelme Hauchecorne, Illustrateurs : Loïc Canavaggia et Mathieu Coudray  – Editions du Chat Noir – Parution : 10/02/2016 – 320  pages – Prix :19.90 € – Genre : fantastique

 

Quatrième de couverture :

Ludwig grandit à Rabenheim, un petit bourg en apparence banal.

Claquemuré dans sa chambre, il s’adonne au spiritisme. À l’aide d’une radio cabossée, il lance des appels vers l’au-delà, en vue de contacter son père disparu.
Jusqu’à présent, nul ne lui a répondu… Avant ce curieux jour d’octobre.
Hasard ? Coïncidence ? La veille de la Toussaint, une inquiétante fête foraine s’installe en ville. Ses propriétaires, Alberich, le nabot bavard, et Fritz Frost, le géant gelé, en savent long au sujet du garçon. Des épreuves attendent Ludwig. Elles seront le prix à payer pour découvrir l’héritage de son père.
À la lisière du monde des esprits, l’adolescent hésite… Saura-t-il percer les mystères de l’Abracadabrantesque Carnaval ?

Mon avis :

J’adore les univers développés par Anthelme Hauchecorne et je suis toujours avec attention ses parutions (Âmes de verres, tome 1 : Le SidhBaroque ‘n’ Roll,  Punk’s Not Dead). J’avais donc hâte de découvrir ce nouveau livre, que l’auteur avait présenté sur Facebook et sur son blog.

La première chose qui marque, quand on l’a en mains, c’est l’objet. En effet, la couverture est cartonnée, le papier épais, un plaisir à regarder ! Et quand on l’ouvre, on découvre les illustrations qui rythment le texte, ainsi qu’une mise en page très soignée. Tout cela met en appétit, en plus de la couverture.

Qu’en est-il du texte ? J’ai retrouvé avec un très grand plaisir la plume d’Anthelme Hauchecorne. Son écriture est mélodieuse, tant et si bien que j’ai lu des passages à voix haute pour en apprécier les sonorités, les rimes, le rythme. Le vocabulaire est très travaillé et d’une grande richesse. C’est donc un texte qui se déguste, qui se lit tranquillement, posément.

Et l’univers ? Une fois de plus l’auteur nous propose un monde un peu glauque, qui rappelle les milieux interlopes de Âmes de verre. Ici rien n’est vraiment clinquant, plutôt usé par le temps. On a l’impression de marcher dans la boue, de voir la rouille sur les objets, de sentir le passage du temps. Seul les personnages ramènent un peu de lumière, même s’ils sont également plutôt déglingués. Les habitants de Rabenheim ont tous quelques choses à cacher (sauf nos deux héros Ludwig et Gabriel), les membres du carnaval semblent, quant à eux, évadés d’un freak show.

Enfin, l’histoire, seul bémol pour moi. J’ai vraiment apprécié me plonger dans les histoires du carnaval maudit, de la fête des morts, évoluer du monde des vivants à celui des morts, découvrir les histoires de Ludwig et Gabriel… mais j’ai vraiment eu du mal à finir le livre. Un peu trop de détail, de rebondissements, le rythme de la fin du livre m’a éjecté du récit.

Pour conclure, ce livre est un très bel objet avec sa pagination et ses illustrations. On peut faire confiance à Anthelme Hauchecorne pour créer un univers glaçant, peuplé de personnages fantasques. Son écriture vous emportera sur des mers bien dangereuses pour les vivants, mais vous pourrez vous délecter de la richesse de son vocabulaire. Personnellement, une fin un peu plus synthétique m’aurait bien plu. J’ai hâte de lire le tome 2, afin de voir ce qu’il en est.

Il entend des choses ramper avec l’entrain spongieux d’une escadre de serpillières. Une puanteur marine lui poisse les narines, du mucus lui colle aux lèvres. Sur sa peau glissent les caresses visqueuses d’appendices sans nom. Montant des entrailles de la mine, une horde difforme nage parmi le smog, ombres de saltimbanques regagnant leur poste, mirages malveillants, inéluctables cauchemars d’enfants.

D’autres avis chez : Ptitetrolle, AcroXapur,