M. Pénombre, Libraire ouvert jour et nuit de Robin Sloan

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Auteur : Robin Sloan – Traduction : Philippe Mothe – Editions : Michel Lafon – Parution : 06/02/2014 – 342 pages – prix : 19,95 € – genre : contemporain, aventure

 

Quatrième de couverture:

Quand Clay Jannon est embauché dans la librairie de l’étrange M. Pénombre, il découvre un lieu aussi insolite que son propriétaire, et fréquenté par les membres d’un drôle de club de lecture. Ceux-ci débarquent toujours en pleine nuit pour emprunter l’un des très poussiéreux volumes relégués au fond de la boutique. Volumes que M. Pénombre a formellement interdit à son nouvel employé de consulter. Clay finit pourtant par succomber à sa curiosité et découvre que ces livres sont tous écrits en code. Quelle obscure révélation renferment-ils? Cédant à l’appel du mystère, Clay s’attaque à « l’énigme du Fondateur » avec l’aide de son colocataire, de son meilleur ami et de son amoureuse, ingénieure prodige chez Google.

Les quatre amis se lancent alors dans une quête qui les mènera bien au-delà des murs de la petite librairie. De San Francisco à New York, ils se trouveront aux prises avec une société occulte d’érudits légèrement allumés, un codex indéchiffrable, un génial typographe du XVe siècle et, qui sait, le secret de l’immortalité…

 

Quelques mots :

Et encore un livre, un! que je voulais absolument lire à sa sortie, suite à la campagne de pub bien orchestrée des Editions Michel Lafon. Et une fois arrivé dans ma pal… et bien, d’autres lui sont passés devant. Licorne m’a proposé de le lire dans le cadre de Livra’deux pour palAddict, c’était l’occasion de m’y mettre (je tente de lire en 2015 les livres que je voulais lire en 2014…).

 

Mon ressenti :

J’ai commencé cette lecture, un peu comme on part à l’aventure. Les avis concernant ce livre n’étant pas unanimes, allait-il me plaire ou pas ? Le début a un petit côté « La vie d’un geek tout juste sorti des études dans une métropole aux USA », genre on suit le héros, Clay, à la recherche d’un travail tout en profitant de ses anecdotes sur la vie, les études, l’économie, internet ect. Mais il ne faut pas s’arrêter là! La découverte des livres papiers n’est pas non plus le thème principal du livre, même si, en tant qu’amoureuse des livres j’ai adoré les descriptions de la librairie où il est embauché, non, ici il est question d’aventures à la sauce tech! Clay se fait donc embauché dans une librairie, pour le créneau de nuit! Oui vous avez bien lu, comme l’indique le titre, la librairie est ouverte la nuit. Arrêtez de baver, si elle a des horaires si particuliers, ce n’est pas pour répondre aux pulsions de lecteurs nocturnes, mais pour pouvoir délivrer d’étranges livres cryptés à de bizarres lecteurs… pour ma part, j’étais ferrée. Il y avait comme un soupçon d’Indiana Jones, comme un rappel des goonies, avec des Mac Gyver de l’informatique (plus habiles avec le wifi qu’un couteau suisse)! J’ai donc englouti ma lecture à vitesse grand V. 

Bien sûr, je pourrais chipoter sur le nombre de fois où Google est cité… (peut-être une fois par page). Il faut dire que l’auteur est un ancien de Twitter… Mais j’ai adoré ce mélange de fondus du Net et de discussion autour des livres, mais également que l’auteur nous fasse voyager de l’invention de l’imprimerie aux liseuses. 

L’un des gros points forts de ce livre réside dans ses personnages truculents et sympathiques : les deux copains d’enfance Clay et Neel, marqués par leur lecture d’adolescent et les jeux de rôle, Mat le colocataire artiste, qui construit des villes dans leur cuisine ou encore Kat biberonné à google. Le tout donne un joyeux mélange de personnage, avec qui on n’a pas le temps de s’ennuyer.

Pour conclure, je me suis bien amusée à la lecture de ce roman d’aventure à la sauce geek, assaisonné d’une bonne dose d’humour. Il mêle pour notre plus grand plaisir l’amour des livres papiers à celui de la technologie. Ce one shot se suffit à lui même, malgré une fin un peu accélérée par rapport au reste du récit. 

Ce n’est pas une bibliothèque. C’est la Batcave.

« -Hadoop… -Tout le monde s’en sert. Google, Facebook, la NSA. C’est un logiciel qui décompose une gosse tâche en un tas de petites et qui les distribue en même temps à toute une flopée d’autres ordis. »

 

D’autres avis chez : Unchocolatdansmonroman, Dup, Snow

Le Complexe d’Eden Bellwether de Benjamin Wood

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Auteur : Benjamin Wood   – Editions : Zulma  – Parution :  28/08/2014  – 498 pages – prix : 23,50€ – genre : contemporain

 

Quatrième de couverture:

Cambridge, de nos jours. Au détour d’une allée de l’imposant campus, Oscar est irrésistiblement attiré par la puissance de l’orgue et des chants provenant d’une chapelle. Subjugué malgré lui, Oscar ne peut maîtriser un sentiment d’extase. Premier rouage de l’engrenage. Dans l’assemblée, une jeune femme attire son attention. Iris n’est autre que la sœur de l’organiste virtuose, Eden Bellwether, dont la passion exclusive pour la musique baroque s’accompagne d’étranges conceptions sur son usage hypnotique…

 

Ayant été jurée pour le prix Fnac 2014, j’étais très curieuse de découvrir le livre ayant remporté le prix. J’ai profité des Matchs de la rentrée littéraire, organisés par Priceminister, pour le lire.

Mon ressenti :

Attention lecture addictive en vue ! Si vous souhaitez lire ce livre (ce que je vous conseille), assurez-vous d’avoir du temps devant vous. En effet, ce n’est pas un livre que l’on feuillette une fois ouvert, on ne le repose qu’une fois fini. Histoire de bien nous appâter, l’auteur commence par la fin, dramatique, du récit. Et c’est plutôt efficace. Le récit reprend son cours quelques mois auparavant, à un rythme paisible. Nous avons le temps de faire connaissance avec Oscar, que nous suivrons durant toute l’histoire. Et si le lecteur accroche moins à ce début (ce qui ne fût pas mon cas), l’envie de savoir ce qui s’est passé devrait le motiver. Oscar rencontre par hasard Iris, elle étudiante à Cambridge, lui aide-soignant dans une maison de retraite. Leurs milieux sont très différents, ce qui ne les empêche pas de s’éprendre l’un de l’autre. Oscar va également faire la connaissance du frère d’Iris, Eden, puis de leurs amis.

L’histoire aurait presque pu se limiter à ce regard sur la société de Cambridge, mais ce n’en est qu’une composante. Il pourrait également s’agir d’un roman initiatique, Oscar ouvrant ses horizon grâce aux lectures que lui conseille un résident. Ou encore ce pourrait être un livre policier, dans les techniques utilisées, le suspens qui rythme l’histoire et la fin, que l’on sait fatale pour un personnage. C’est sans compter sur le personnage d’Eden : génie ou fou dangereux ? Comme une étude de cas psychiatrique. Tout en étant une ode à l’espoir et à la musique. Rien que ça. Le génie de l’auteur réside dans l’alchimie de toutes ces composantes et techniques littéraires, portée par un style unique, fluide, agréable à lire sans être simpliste.

Nous allons suivre cette histoire avec Oscar comme principal protagoniste. Ce jeune homme déchiré entre ses origines modestes et ses intérêts culturels, a choisi la fuite dans le travail. Ce personnage est attachant, gentil, serviable et intéressant. Il se retrouve happé dans un milieu qui lui est étranger, en rencontrant Iris. Étudiante en médecine, elle va l’introduire dans son monde élitiste, où tout tourne autour de son frère Eden. Jeune homme brillant, mais arrogant,  génie de la musique, mais manipulateur. Sorte de magicien au pouvoir de guérison ou fou dangereux ? Ce personnage est très complexe et ce  n’est pas pour rien qu’il donne son nom au livre. Les interactions entre ces trois personnages principaux, ainsi que quelques personnages secondaires, vont nous emporter jusqu’au dénouement du récit.

Au final, une lecture qui s’est avérée passionnante et entraînante grâce à une histoire complexe, portée par style très agréable. L’écriture est d’une qualité surprenante pour un premier roman. Benjamin Wood  est un auteur à suivre.

 

« Pour eux, les livres étaient facultatifs, un truc que des professeurs de lettres débraillés imposaient aux enfants à l’école. Oscar avait été élevé dans l’idée que s’il restait dans sa chambre plongé dans des histoires et des mondes imaginaires, c’était qu’il n’appréciait pas la vie qui était la sienne, (…) »

« Les grands esprits sont sûrement de proches alliés de la folie, et de minces cloisons les en séparent. »

« A vrai dire, il n’était pas sûr du tout d’apprécier ses parents. Ils avaient cette insupportable assurance que confère la fortune, et l’autosatisfaction que donne la piété. »

Le Singe égal du ciel de Frédérick Tristan

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Auteur : Frédérick Tristan – Edition Zulma poche Z/a – Parution : 10/04/14 – 480 pages – Prix : – Genre : conte chinois

Quatrième de couverture :

Né d’un œuf de pierre détaché de la montagne des Cinq Eléments, Souen, le singe taoïste, n’a qu’une ambition : devenir immortel et atteindre le sommet ultime des connaissances les plus cachées. Comme dans toute quête, obstacles, revers et exploits abondent, et Souen doit tour à tour échapper à l’Esprit des Brouillards, s’initier à la doctrine zen et à l’art des jardins, apprendre à voler dans les airs et se métamorphoser en toutes les créatures imaginables, jusques et y compris en concombre de mer…

  

Quand Libfly a proposé un partenariat avec les Editions Zulma pour leurs sorties poche, j’ai craqué pour ce livre en lisant la quatrième de couverture. Un conte chinois! Cela a attisé ma curiosité.J’en profite pour les remercier pour cette découverte.

 

Mon ressenti :

Je me suis lancée dans cette lecture sans avoir fait de recherche sur ce livre, juste tenté par la quatrième de couverture. Mais ce conte n’est pas comme les autres, en effet un avertissement en début de lecture nous donne quelques informations : Le Singe égal du ciel s’inspire librement de la légende chinoise dont Wu Cheng’en tira son fameux roman la Pérégrination vers l’Ouest (Xiyou ji), sous la dynastie des Ming.  Ahhhhah, certes… bon je ne connais pas tout ça c’est pas grave , à l’attaque! J’ai donc commencé pleine d’entrain ma lecture. Chaque chapitre relate une aventure de Souen, le singe égal du ciel. Celui-ci va entre autre devenir immortel, chercher à rencontrer bouddha, accomplir moult actions merveilleuses… Chaque chapitre est narré comme un conte et à la réflexion je pense que cette lecture mériterait d’être échelonnée dans le temps, genre un chapitre par jour. En effet,  la lecture de nombreux chapitres d’affilé s’avère un peu ennuyeuse voir répétitive malgré une très belle écriture.

Il faut dire qu’après quelques recherches et réflexions, je n’avais pas toutes les cartes en main. Ce livre  est ésotérique, il utilise des règles taoïstes, parle de bouddhisme et d’ascension spirituelle….  Et là ce n’est pas ma tasse de thé.

Pourtant d’un point de vue très terre à terre, ce singe est étonnant. Il a un sale caractère et fait tourner en bourrique les divinités, ce qui en soit le rend bien sympathique. Je ne décrirais pas la pléthore de personnages présent dans ce conte, ils suffissent à peupler plusieurs univers.

Au final, malgré un formidable écriture, je suis passée à côté de cette lecture, bien trop ésotérique à mon goût.

 

Il est le capitaine et l’ingénieur, le savant et l’artiste, le philosophe et le prêtre; et la horde burlesque de le considérer comme un père, une manière de divinité incarnée en je ne sais trop quoi de surnaturel, ce qui, ajouté à sa tendance amphigourique, achève de transformer ce marsupial borné en une outre débordante de jactance et de prétention.

 n°30

Cocaïne Girl de Angie Romain (OCDC 2014)

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Auteur : Angie Romain – Edition Baudelaire – Parution : – 100 pages – Prix : 13,50€ – Genre : contemporain

Quatrième de couverture :

Que faire quand la vie nous impose une épreuve insurmontable? Ambre, elle, a choisi de se venger sur l’humanité tout entière et d’exploiter la matière humaine au grè de ses envies. Manipulatrice, détestable à souhait, jamais elle n’aurait pu imaginer que sa rencontre avec Renaud, jeune homme blond au minois d’ange, avait le pouvoir de briser le masque qu’elle porte depuis longtemps…

12/16  4/5

Mon ressenti :

Ce récit très court, est narré par Ambre. Ambre qui a perdu son frère Augustin il y a deux ans et qui tente de continuer à vivre. Elle présente sa vie, sa survie plutôt. Dans un processus d’autodestruction, elle rejette tout rapport trop proche avec les humains. L’intimité est réduite à sa plus « crue » expression, le sexe jetable. Drogue, alcool… son entourage va bien tenter quelques rapprochement, mais sans succès. La fin est sans appel, un terrible gâchis.

Aucun reproche à faire sur la plume de l’auteur. Elle trouve les mots justes et décrit très bien les situations. Par contre, je me suis interrogée sur le choix du sujet et de sa fin. Que cherche-t-elle à nous démontrer? Y-a-t’il un message cachée? Ou alors est-ce juste le récit d’une histoire sordide et triste à souhait?

Renaud est étonnant dans son acharnement à vouloir connaître et découvrir Ambre, un comportement entier qui rappelle ceux de l’adolescence. Ambre … on voudrait juste qu’elle accepte les mains tendues, ou que l’auteur propose une autre alternative.

Au final, un texte qui se lit très vite, très bien écrit, mais dont le sujet m’a donné envie de passer rapidement à autre chose. J’aimerais aussi pouvoir dire à des personnes dans l’état d’Ambre qu’on peut survivre et de ne pas choisir une fin aussi définitive.

Les mots qu’on ne me dit pas de Véronique Poulain

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Auteur : Véronique Poulain – Edition Stock, Collection : La Bleue – Parution : 20/08/2014 – 144 pages – Prix: 16.50 €– Genre : contemporain

Quatrième de couverture :
“ “ Salut, bande d’enculés ! ”
C’est comme ça que je salue mes parents quand je rentre à la maison.
Mes copains me croient jamais quand je leur dis qu’ils sont sourds.
Je vais leur prouver que je dis vrai.
“ Salut, bande d’enculés ! ” Et ma mère vient m’embrasser tendrement. ”

Sans tabou, avec un humour corrosif, elle raconte.
Son père, sourd-muet.
Sa mère, sourde-muette.
L’oncle Guy, sourd lui aussi, comme un pot.
Le quotidien.
Les sorties.
Les vacances.
Le sexe.
D’un écartèlement entre deux mondes, elle fait une richesse. De ce qui aurait pu être un drame, une comédie.
D’une famille différente, un livre pas comme les autres.

 

Ce livre a été lu dans le cadre d’On vous lit tout, en partenariat avec Libfly et le Furet du Nord. Une formidable occasion de découvrir des livres avant leur sortie et la rentrée littéraire.

 

Mon ressenti : 
Le début du livre est très prenant, car l’auteur nous met face à elle petite fille voulant attirer l’attention de sa mère sourde. Il n’y a pas de surprise, de suspens mal venu. Les choses sont dites clairement “ Mes parents sont sourds. Sourds-muets. Moi pas ”. Véronique Poulain va nous raconter l’histoire de ses parents, son histoire, mais également celle de notre société avec l’évolution de la place des sourds dans celle-ci. Sans pathos, avec juste ce qu’il faut comme distance, elle va nous narrer sa vie en tant que fille entendante de parents sourds.

Son histoire, parfois difficile, est passionnante et m’a donné envie d’en savoir plus sur toute cette famille. Les personnages sont attachants, sans doute par l’amour qu’elle leur porte. On a envie de rencontrer l’oncle Guy, on imagine ses parents, leurs regards.

D’un point de vue historique, le lecteur apprend également beaucoup, car nous, entendant, que connaissons-nous des efforts qu’ont dû et que doivent encore faire les sourds dans notre société d’entendant ? L’auteur n’est jamais culpabilisante, mais le lecteur est amené à s’interroger : quel regard ai-je, moi entendant, sur les sourds, quel comportement ? On apprend aussi des choses sur soi.

Au final, ce livre est un très beau témoignage, parfois rude, mais avec tant d’amour. Une lecture, qui pousse à la réflexion et que je recommande.