Le cimetière de Prague de Umberto Eco

Quatrième de couverture :

De Turin et Palerme à Paris,  nous croisons des hystériques, des satanistes, des escrocs, un abbé qui meurt deux fois, des cadavres dans un égout, des jésuites complotant contre des francs-maçons, des confraternités diaboliques et des carbonari étranglant des prêtres. Nous assistons à la naissance de l’affaire Dreyfus et à la fabrication des Protocoles des sages de Sion. Nous prenons part à des conspirations, aux massacres de la Commune à des messes noires…

Année de parution française : 2011

Année de parution originale : 2010

Titre VO : Il cimitero di Praga

 

Il y a des lectures que l’on prévoit et d’autres pas du tout. Pour quelques jours de vacances j’avais donc pris 3 livres dans ma valise, mais un petit tour dans une librairie en décidât autrement : « Tiens un nouveau livre d’Umberto  Eco, j’avais bien aimé au nom de la rose… ». La quatrième de couverture finis de me convaincre et hop ! Me voilà reparti avec le cimetière de Prague sous le bras.

Si cette quatrième de couverture peut paraitre légère, ce n’est pas le cas du roman. Nous allons suivre les aventures du capisto Simon Simonini, personnage fictif, mais dont les actions, comme le précise l’auteur ont bien existées (même si elles ont été réalisées éventuellement par plusieurs personnes).

A travers la vie de cet espion malgré lui, nous sommes plongés dans les évènements qui ont eu lieu pendants les années 1850 à 1900 : complots anti jésuite, complot anti-franc maçon, attentat, anarchisme, développement de l’antisémitisme… tout y passe. Le génie d’Umberto Eco est là : à travers les aventures rocambolesques de Simonini, on arrive à comprendre comment cela a pu exister, comment ces histoires machiavéliques se sont mises en place et comment a pu germer la graine de l’antisémitisme qui aboutira aux camps de la mort durant la seconde guerre mondiale.

L’auteur nous plonge immédiatement dans l’ambiance par ses descriptions et grâce à la richesse de son vocabulaire. J’ai trouvé les premières pages difficiles à lire, car c’est une immersion  sans ménagement dans l’antisémitisme et le vocabulaire afférent. Le flashback est utilisé avec subtilité, en présentant les évènements vus par deux personnes différentes, qui n’en sont en fait qu’une : Simonini et son double l’abbé Dalla Picolla.

Cette œuvre nous permet d’appréhender la base de la manipulation des masses et nous donne les clés pour mettre en place un complot universel (le plus efficace n’est pas que les fais soient exacts mais que le peuple y soit réceptif). Je vous rassure, je ne suis pas du tout tentée de le mettre en application.

En bref une lecture parfois dérangeante (elle nous renvoie à un passé pas très glorieux), mais très intéressante, très riche et très bien écrite.

La fille de papier de Guillaume Musso

 

 

 

 

 

Quatrième de couverture

« Trempée jusqu’aux os et totalement nue, elle est apparue sur ma terrasse au beau milieu d’une nuit d’orage.

— D’où sortez-vous ?

— Je suis tombée.

— Tombée d’où ?

— Tombée de votre livre. Tombée de votre histoire, quoi ! »

 

Tom Boyd, un écrivain célèbre en panne d¹inspiration, voit surgir dans sa vie l’héroïne de ses romans. Elle est jolie, elle est désespérée, elle va mourir s’il s’arrête d’écrire. Impossible ? Et pourtant…

Ensemble, Tom et Billie vont vivre une aventure extraordinaire où la réalité et la fiction s’entremêlent et se bousculent dans un jeu séduisant et mortel…

 

J’ai acheté ce livre il n’y a pas longtemps. « Tout le monde lit du Musso je vais m’y  mettre pour voir ce que ça donne ». Le livre sommeillait dans ma PAL et le challenge proposé par Calypso sur Livraddict l’en a sorti : un livre un mot. La neuvième édition étant consacrée au mot fille. Me voilà donc lancée.

 

La quatrième de couverture nous plonge directement dans l’histoire : Tom Boyd est un écrivain à succès en pleine dépression post rupture avec Aurore, une séduisante pianiste. Ce n’est pas le Titanic qui coule mais un cargo plein de médicaments et de drogue diverses qui est en train de sombrer. Et voilà qu’arrive Billie, qui a l’aide d’éléments inconnus des lecteurs de Tom, lui prouve qu’elle est bien l’héroïne malmenée par la vie et par les hommes, de son roman. Elle est tombée d’un livre, mal imprimé. Une tripoté d’évènements s’enchaînent suite à cette rencontre improbable.

L’auteur est habile, car jamais cette histoire ne semble grotesque ou irréelle. La dépression et l’effondrement de Tom sont vraiment crédibles. Billie est émouvante, cette héroïne qui n’a jamais demandé à son auteur de lui faire rencontrer des ratés qui lui rendent la vie si difficile et qui, plongée dans le monde réelle décide de croquer la vie à pleines dents. On suit également avec attention le rapprochement des deux autres protagonistes du livre, Carole et Milo, les meilleurs amis de Tom. Les personnages sont attachants, leurs caractères bien trempés sont expliqués par petite touches, en se référant à leur passé commun dans le ghetto.

De petites histoires parallèles sont dévoilées, avec comme lien avec le fil principal de l’histoire, ce livre mal imprimé. Ce sont autant de petit plus qui s’ajoutent, de « bout de vie », de relations en être humains qui nous sont contés. Je trouvais que l’histoire principale s’essoufflait justement après un peu plus de la moitié du roman, ces petites histoires y ont rajouté de l’intérêt.

J’ai donc bien aimé ce livre, mais uniquement jusqu’à la page 445. Je ne donnerais pas de spoiler, mais pourquoi vouloir à tout pris reprendre pied dans la réalité alors que l’histoire se tenait bien ? Est-ce pour ajouter un bon happy end, qui ne laisse plus aucune part à l’imagination ? Cette fin m’a déçue et a donné un côté un peu lourdingue à cette histoire que je trouvais au départ : ni grotesque ni irréelle.

J’en resterais donc là.

Une femme fuyant l’annonce de David Grossman

 

Synopsis

Ora, une femme séparée depuis peu de son mari Ilan, quitte son foyer de Jérusalem et fuit la nouvelle tant redoutée : la mort de son second fils, Ofer, qui, sur le point de terminer son service militaire, s’est porté volontaire pour « une opération d’envergure » de 28 jours dans une ville palestinienne.

Comme pour conjurer le sort, elle décide de s’absenter durant cette période : tant que les messagers de la mort ne la trouveront pas, son fils sera sauf.

La randonnée en Galilée qu’elle avait prévue avec Ofer, elle l’entreprend avec Avram, son amour de jeunesse, pour lui raconter son fils. Elle espère protéger son enfant par la trame des mots qui dessinent sa vie depuis son premier souffle, et lui éviter ainsi le dernier.

Année de parution française : 2011

Année de parution originale : 2010

Titre VO : Icha boharat mibsora

 

A l’automne dernier, de nombreuses émissions radio m’ont donné envie de lire ce livre. La lecture m’a pris 6 mois. Pourquoi autant de temps ? C’est un livre spécial, une aventure. Je ne l’ai lu qu’en ayant le temps (jamais entre deux tartines le matin). C’était à chaque fois un bout de voyage que je m’offrais.

La lecture peut s’avérer parfois difficile, pas à cause du style, mais parce que le récit suit vraiment le cours de la vie et des souvenirs : la randonnée se poursuit avec des aspects parfois monotone et un souvenir, une histoire surgit au milieu de la description d’un paysage.

L’histoire au premier abord semble très simple, quand on lit la quatrième de couverture. Elle se passe en Israël. Une mère, Ora, part en randonnée pour fuir l’annonce éventuelle de la mort de son fils, Ofer, qui s’est porté volontaire pour une nouvelle mission militaire. N’ayant personne avec qui partir, elle est séparée de son mari depuis peu, a des relations assez distante avec son autre fils, Adam, elle entraine de force son ami, ancien amant, Avram.

Très rapidement le lecteur comprend que le récit ne sera pas linéaire et empruntera les chemins tordus de la mémoire et des émotions d’une mère devant ses enfants, qui en grandissant lui échappe. Cette odyssée permet également à Ora de ramener peu à peu Avram à la vie, en lui racontant son fils, qui est Ofer. L’histoire d’Avram nous fait découvrir les horreurs de la guerre, le traumatisme de la séquestration et de la torture. Celle d’Ora nous fait appréhender la vie quotidienne en Israël et les tourments que peut rencontrer une mère et une épouse. Ce livre est d’une richesse infinie, c’est un millefeuille d’histoires : le récit à proprement parlé de l’histoire d’Ora, l’histoire du conflit israélo-palestinien, la vie quotidienne en Israël, la relation parent enfant (ou comment la mère doit faire face à l’individualité de son propre enfant qui peut être loin de son idéal).

Il est difficile de faire une synthèse rapide de ce livre et de se limiter à quelques mots pour en parler. Le mieux c’est de le lire et même si cela peut prendre du temps, jusqu’au bout. Laissez-vous emporter comme par un road movie.

En conclusion : à déguster lentement, ma note 9 sur 10