Bardes et Sirènes, anthologie 2014 des Imaginales codirigée par Sylvie Miller & Lionel Davoust

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Auteur : collectif – Edition : Mnemos Fantasy – Parution : 23 mai 2014 – 250 pages – Prix : 18€ – Genre : fantasy, fantastique

 

Quatrième de couverture :

Partenaires de longue date des Imaginales, le festival des mondes imaginaires d’Épinal, les éditions Mnémos ont accepté le principe d’éditer chaque année, avec l’appui du festival, une anthologie thématique de fantasy.
Le thème de cette année propose une rencontre, une découverte, une alliance ou un affrontement entre deux figures emblématiques du mythe et du folklore : le barde et la sirène. Cette nouvelle anthologie nous propose des textes surprenants, ébouriffants, épiques, de la fantasy qui mêle qualité d’écriture et plongée à la source des légendes.

Les auteurs : Pierre Bordage, Mélanie Fazi, Frédéric Petitjean, Estelle Faye, Anne Fakhouri, Régis Goddyn, Carina Rozenfeld, Samantha Bailly, Yann de Saint Rat, Thomas Geha.

 

Je me suis pris au jeu de l’achat des anthologies de festival l’année dernière aux Imaginales. Il était donc évident que je prendrais celle de l’année 2014. Je crois que j’ai réussi à avoir une dédicace de tous les auteurs présents. Et comme l’année passée, j’ai eu le plaisir de partager ma lecture avec Blackwolf et Snow. Malgré nos emplois du temps de Ministre, nous avons réussi à nous retrouver pour commenter les nouvelles au fur et à mesure de leur lecture.

Mon ressenti : 

  • Préface : Lionel Davoust & Sylvie Miller

Une préface à souligner, d’une part parce qu’elle explique le choix du thème de l’anthologie, ainsi que le lien entre barde et sirène (qui n’avait rien d’évident pour moi); d’autre part parce qu’elle prépare le passage de flambeau au prochain anthologiste.

  • Carina Rozenfeld, La Boîte à musique

Une nouvelle assez légère, qui a une très bonne place en début d’anthologie, elle introduit bien le thème. Le barde est ici un homme, qui en quête de gloire, risque de passer à côté du bonheur. Une trame assez classique avec un happy end. Cette nouvelle m’a permis de lire pour la première fois Carina Rozenfeld.

  • Samantha Bailly, Plaie étoilée

J’ai trouvé l’idée de départ très bonne, les bardes ont un espèce de parasite (la plaie étoilée), qui leur permet d’emmagasiner les histoires. Du coup, j’ai été frustrée car j’aurais voulu que cela soit plus développé. Pour le moment je n’ai lu que des nouvelles de Samantha Bailly, cette nouvelle m’a donné envie de la découvrir sur un texte plus long, permettant de développer ses idées.

  • Yann de Saint-Rat, Tant que nous demeurons ensemble

Je ne connaissais pas cet auteur et malheureusement je n’ai pas du tout accroché à sa nouvelle. J’ai trouvé l’histoire trop simpliste et manichéenne (un humain barde élevé par une sirène, qui veut se sacrifier pour être avec elle), même si l’idée de sirène carnassière était intéressante.

  • Estelle Faye, La Tête de singe

Une nouvelle déconcertante à l’écriture captivante. Dès les premières phrase l’écriture m’a plu par sa beauté et sa profondeur. Elle arrive à travers son écriture à rendre totalement envoûtante la voie du Barde. L’histoire recèle beaucoup de surprise et ne comporte pas d’idée préconçue. La sirène est traitée comme un élément annexe, ce qui change des nouvelles précédentes. Elle est également plutôt rebutante, sorte d’être mi-poisson mi-singe et 100% vampire. C’est une première lecture de l’auteure et je suis ravie d’avoir craqué pour un de ses livres aux Imaginales.

  • Frédéric Petitjean, Au bar des sirènes

Encore un auteur que je n’avait jamais lu. La nouvelle démarre plutôt bien avec une très bonne ambiance d’Urban Fantasy (j’ai bien aimé le cadre du bar un peu miteux ou se retrouvent toutes les créatures magiques), malheureusement elle a rapidement tourné en romance dégoulinante d’amour et de bons sentiments, jusqu’à l’écoeurement. Preuves d’un ennuis certains, la discussion avec mes co-lecteurs a dérivé vers la reproduction des sirènes…

  • Maïa Mazaurette, La Mise en pièces

Une nouvelle réjouissante après la précédente, pour encore une découverte d’auteur. Ici ça taille, ça coupe, ça dégouline de sang! Une nouvelle glauque à souhait avec une reine cradingue et sadique, qui fait un sacré personnage. Le gentil barde se pensait plus intelligent, mais tel est pris qui croyait prendre… La plume est très agréable et l’association entre Barde et Sirène des plus surprenante.

  • Régis Goddyn, Tant qu’il y aura des sirènes

J’adore la saga Le sang des 7 rois de l’auteur, mais là je me suis un peu demandé ce qu’il nous avait fait. Il y a de très bonnes idées. L’auteur tente un mélange des genres assez risqué, après un début de fantasy très classique il nous propulse dans de la science fiction pure jus. Mais tout cela mériterait sans doute plus de pages et ne semble pas tout à fait aboutit. Une petite déception du coup, mais de la matière pour faire au moins un roman…

  • Mélanie Fazi, Le Chant des autres

Première lecture de l’auteur et j’ai été conquise, j’ai même acheté très rapidement une de ses anthologies après la lecture de cette nouvelle. L’écriture est très belle et envoûtante.  Elle a une façon unique de parler de l’être humain. L’auteur arrive à faire passer les émotions de ses personnages, qui ont une place prépondérante dans le récit. Elle va donner quelques indications sur ce qu’ils sont , mais sans les nommer, le lecteur peut faire travailler son imagination et mettre ce qu’il veut derrière les terme Bardes et Sirènes. Une très belle lecture.

  • Pierre Bordage, Le Chant du solstice

Une nouvelle très bien écrite, efficace, assez classique. Il m’a manqué un petit brin de fantaisie, mais autrement il n’y a aucun reproche à faire. Le détail qui m’a plu, c’est le seul à faire « pécher » la sirène. Un texte que j’aurais vu positionné plus tôt dans l’anthologie.

  • Anne Fakhouri, Ci-gît mon cœur

Une très belle écriture qui sert une histoire rondement menée et palpitante. La fin totalement inattendue et géniale est un plus, la cerise sur le gâteau. Une belle histoire de barde e de sirène, que l’auteur arrive à retourner complètement. Pour ceux qui l’ont déjà lu rendez-vous tout en bas du billet en dessous des logos *

  • Thomas Geha, Le Guetteur de nuages

L’auteur nous propose un monde très complexe où les bardes servent à lutter contre des nuages destructeurs. L’origine de ces nuages est également très intéressante et riche. J’ai beaucoup aimé le début de la nouvelle, qui présente également quelques touches d’humour désopilantes. Par contre je n’ai pas du tout accroché avec la fin, beaucoup trop dans le happy end pour moi.

 

Au final, cette lecture s’est avérée être en dent de scie avec de formidables découvertes, mais également un peu d’ennui voir des nouvelles que je n’ai pas du tout aimé.Le sujet n’était, certes, pas évident. J’ai hâte de voir ce que nous réserve 2015, avec Jean-Claude Dunyach aux commandes. Et je compte sur Blacky et Snow pour continuer à débriefer sur nos lectures.

 

Les avis de mes co-lecteurs  Snow et Blackwolf.

Souvenir 2013 : Elfes et assassins : l‘anthologie des Imaginales 2013

 n°4          n°28

Attention en dessous SPOIL !


 

* Le héros macho se fait bien mâcher. 😀

Les Apparences de Gillian Flynn

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Auteur : Gillian Flynn – Edition LGF, Le livre de poche policier – Parution : 02/10/13 – 687 pages – Prix : 8,60 €- Genre : thriller

Quatrième de couverture :

« À quoi penses-tu ? Comment te sens-tu ? Qui es-tu ? Que nous sommes-nous fait l’un à l’autre ? Qu’est-ce qui nous attend ? Autant de questions qui, je suppose, surplombent tous les mariages, tels des nuages menaçants. »

Amy, une jolie jeune femme au foyer, et son mari Nick, propriétaire d’un bar, forment, selon toutes apparences, un couple idéal. Ils ont quitté New York deux ans plus tôt pour emménager dans la petite ville des bords du Mississipi où Nick a grandi. Le jour de leur cinquième anniversaire de mariage, en rentrant du travail, Nick découvre dans leur maison un chaos indescriptible : meubles renversés, cadres aux murs brisés, et aucune trace de sa femme. Quelque chose de grave est arrivée. Après qu’il a appelé les forces de l’ordre pour signaler la disparition d’Amy, la situation prend une tournure inattendue. Chaque petit secret, lâcheté, trahison quotidienne de la vie d’un couple commence en effet à prendre, sous les yeux impitoyables de la police, une importance inattendue et Nick ne tarde pas à devenir un suspect idéal. Alors qu’il essaie désespérément, de son côté, de retrouver Amy, il découvre qu’elle aussi cachait beaucoup de choses à son conjoint, certaines sans gravité et d’autres plus inquiétantes. Si leur mariage n’était pas aussi parfait qu’il le paraissait, Nick est néanmoins encore loin de se douter à quel point leur couple soi-disant idéal n’était qu’une illusion.

 

J’avais très envie de lire ce nouveau titre de Gillian Flynn, après avoir dévoré ses deux premiers livres. Je l’avais donc déjà acheté quand je l’ai reçu du Livre de Poche. Quelle bonne surprise!

Mon ressenti :

Il ne faut pas se laisser déstabiliser par le début du livre. L’auteur nous y narre une vie de couple, avec ses hauts, ses bas et l’on peut commencer à s’impatienter. Cette vie est racontée tantôt du point de vue du mari , tantôt de celui de l’épouse. Le lecteur peut alors commencer à se poser des questions. En effet, ces récits divergent complètement. Une ambiance malsaine s’installe, une inquiétude sourde prend place et l’on comprend alors que ça va mal tourner. Reste à découvrir le comment du pourquoi. La disparition d’Amy n’est que le début de la descente aux enfers de Nick. Au programme, retournement de situation, découverte inattendue et fin imprévisible. Une fois les cent premières pages passées, je n’ai plus vu passer le temps et j’ai été happée par la lecture.

Quel plaisir de retrouver l’écriture de Gillian Flynn et quel style! L’auteur nous manipule, nous fait prendre partie pour le mari, puis pour la femme (mais en doutant), puis à nouveau  pour le mari… elle nous mène par le bout du nez et c’est formidable.

Les personnages de Nick et de sa sœur Margo sont attachants. Pas forcément des winners, ils tentent de mener leur barque à travers les aléas de la vie et ont ouvert un bar ensemble. Amy est totalement flippante et à de quoi vous donner des cauchemars, j’espère ne jamais rencontrer quelqu’un comme elle.

Au final, une lecture à qui il faut laisser le temps de démarrer, car elle vaut vraiment le coup. Un thriller prenant, stressant, palpitant!

  Mon choix de juin

Les mots qu’on ne me dit pas de Véronique Poulain

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Auteur : Véronique Poulain – Edition Stock, Collection : La Bleue – Parution : 20/08/2014 – 144 pages – Prix: 16.50 €– Genre : contemporain

Quatrième de couverture :
“ “ Salut, bande d’enculés ! ”
C’est comme ça que je salue mes parents quand je rentre à la maison.
Mes copains me croient jamais quand je leur dis qu’ils sont sourds.
Je vais leur prouver que je dis vrai.
“ Salut, bande d’enculés ! ” Et ma mère vient m’embrasser tendrement. ”

Sans tabou, avec un humour corrosif, elle raconte.
Son père, sourd-muet.
Sa mère, sourde-muette.
L’oncle Guy, sourd lui aussi, comme un pot.
Le quotidien.
Les sorties.
Les vacances.
Le sexe.
D’un écartèlement entre deux mondes, elle fait une richesse. De ce qui aurait pu être un drame, une comédie.
D’une famille différente, un livre pas comme les autres.

 

Ce livre a été lu dans le cadre d’On vous lit tout, en partenariat avec Libfly et le Furet du Nord. Une formidable occasion de découvrir des livres avant leur sortie et la rentrée littéraire.

 

Mon ressenti : 
Le début du livre est très prenant, car l’auteur nous met face à elle petite fille voulant attirer l’attention de sa mère sourde. Il n’y a pas de surprise, de suspens mal venu. Les choses sont dites clairement “ Mes parents sont sourds. Sourds-muets. Moi pas ”. Véronique Poulain va nous raconter l’histoire de ses parents, son histoire, mais également celle de notre société avec l’évolution de la place des sourds dans celle-ci. Sans pathos, avec juste ce qu’il faut comme distance, elle va nous narrer sa vie en tant que fille entendante de parents sourds.

Son histoire, parfois difficile, est passionnante et m’a donné envie d’en savoir plus sur toute cette famille. Les personnages sont attachants, sans doute par l’amour qu’elle leur porte. On a envie de rencontrer l’oncle Guy, on imagine ses parents, leurs regards.

D’un point de vue historique, le lecteur apprend également beaucoup, car nous, entendant, que connaissons-nous des efforts qu’ont dû et que doivent encore faire les sourds dans notre société d’entendant ? L’auteur n’est jamais culpabilisante, mais le lecteur est amené à s’interroger : quel regard ai-je, moi entendant, sur les sourds, quel comportement ? On apprend aussi des choses sur soi.

Au final, ce livre est un très beau témoignage, parfois rude, mais avec tant d’amour. Une lecture, qui pousse à la réflexion et que je recommande.

Evil eater Tome 1 Issei Eifuku, Kojino

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Scénario : Issei EIFUKU, dessin : KOJINO – Dition : KI-OON collection : Seinen – Parution : 10/04/2014 – 215 pages – Prix : 7,65 € – Genre : manga, seinen

Quatrième de couverture :

Dans un Tokyo futuriste, les dernières découvertes scientifiques permettent de ramener les morts à la vie. Le hic ? Pour chaque personne qui revient, une autre doit être sacrifiée. Les autorités ont donc décidé de réserver cette avancée technologique au système judiciaire : désormais, on peut condamner les meurtriers à mort pour ressusciter leurs victimes. Mais les revenants, les Returners, comme on les appelle, sont souvent contaminés par un “bug”, une anomalie psychologique qui exacerbe les sentiments négatifs.

Jalousie, haine, colère, désir de vengeance font parfois d’eux des bombes à retardement plus dangereuses encore pour la société que les criminels envoyés à l’échafaud… Pour désamorcer ces situations potentiellement catastrophiques, le gouvernement utilise des fonctionnaires d’un genre nouveau, les Sorceristes, capables de plonger dans la conscience des malades et de déraciner le mal qui les ronge. Les agents Nagumo et Amagi sont de ceux-là. Et ils n’ignorent pas que le subconscient de leurs cibles peut aussi devenir un piège mortel…

Je ne trouve pas beaucoup de mangas qui me plaisent. Quand Libfly a proposé de recevoir celui-ci dans le cadre de leur désherbage de printemps, j’ai sauté sur l’occasion tant le résumé était alléchant.

Mon ressenti :

Dans les mangas, j’ai souvent un gros blocage au niveau des dessins. Là ce ne fût pas le cas, car les personnages sont bien dessinés et ce entièrement. D’ailleurs le dessin est centré sur les personnages et l’on voit peu les fonds en général. Quand le dessin dépasse le cadre des personnages, c’est souvent quand ils pratiquent le sorcérisme et là il y a des monstres et des images dans tous les sens. Pour bien visualiser la scène dans ces moments là, j’aurais bien voulu des dessins plus grands et des pages plus grandes pour pouvoir tout voir. J’ai eu l’impression qu’il y avait presque trop de choses pour mes yeux et que je n’arrivais pas à tout voir. Ceci dit, cela allait bien avec ces moments particuliers où le sorcériste affronte le « bug » abrité dans le subconscient des returners.

Passé le contact avec les premiers dessins, je suis rentrée dans l’histoire sans problème. Ce fût assez facile car le principe du sorcérisme est expliqué dès le départ. Le concept est assez intéressant, une vie ressuscitée pour une vie supprimée. Mais ces personnes ressuscitées ne s’en sortent pas indemnes… cela paraît même logique. Les sorcéristes ont pour mission de chasser et de détruire ces bugs. Le lecteur suit donc une équipe de deux sorcéristes, l’agent Nagumo qui les « visualise » et une débutante, l’agent Amagi, qui les « mange ». Après la découverte de ce binôme et de leurs actions, la lecture est devenue un peu répétitive. Le manga compte 6 chapitres et à chaque chapitre le concept du sorcérisme était réexpliquée. Mais quand je commençais à trouver le manga moins intéressant (encore une répétition de : un returner à débugger), plus d’informations sur le passé des deux agents ont été dévoilées et ma curiosité piquée. J’ai donc terminé ma lecture en ayant envie de l’enchaîner avec la suite, qui n’est malheureusement pas encore parue.

Au final, une découverte passionnante qui donne envie d’enchaîner les tomes, malgré quelques répétitions.

 

 n°23

A la grâce des hommes de Hannah Kent

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Auteur : Hannah Kent – Edition : Presses de la Cité – Parution : 15/05/2014 – 396 pages – Prix : 21€ – Genre : historique

Quatrième de couverture :

Dans le nord de l’Islande, en 1829, Agnes Magnúsdóttir est condamnée à mort pour l’assassinat de son amant, Natan Ketilsson. En attendant que la sentence soit exécutée, Agnes Magnúsdóttir est placée en résidence surveillée à Kornsá, dans la ferme de l’agent de sécurité du canton, Jon Jonsson, avec sa femme et leurs deux filles. Horrifiées à l’idée d’héberger une criminelle, les membres de la famille évitent tout contact avec Agnes, qui leur inspire autant de peur que de dégoût. Seul Totti, le jeune révérend que la meurtrière a choisi comme guide spirituel pour la préparer à sa fin prochaine, tente de la comprendre. Alors que les mois passent, contraints de partager le quotidien, de travailler côte à côte cette terre gelée et hostile, le fermier et les siens se laissent peu à peu apprivoiser par la condamnée. Encouragée par le pasteur, Agnes livre le récit de sa vie, de son amour pour Natan, et des semaines qui ont conduit au drame, laissant entrevoir une vérité qui n’est pas forcément celle que tous pensaient connaître. Inspiré de la véritable histoire d’Agnes Magnúsdóttir, la dernière femme condamnée à mort en Islande, A la grâce des hommes est un roman sur la vérité, celle que nous croyons savoir et celle à laquelle nous voulons croire.

 

Voici un livre découvert grâce à Babelio et aux Presses de la cité dans le cadre d’un masse critique. Une occasion unique pour découvrir des livres que je n’aurais peut être pas eu entre les mains.

 

Mon ressenti :

Le début du livre est un brin déroutant et m’a demandé un petit temps d’adaptation. Il alterne entre le récit de la captivité de Agnes Magnúsdóttir, mais narré par différents personnages, dont Agnes, et la lecture de documents officiels d’archive en relation avec l’affaire. Passé cela,  j’ai lu avec attention l’histoire d’Agnes, mais j’ai surtout apprécié la découverte de la vie en Islande au début du XIXème siècle. Une vie très rude, plutôt une survie même. Coupable ou non coupable ? Le lecteur peut se poser la question, mais je n’ai pas trouvé que c’était l’élément le plus important de l’histoire. Au fil des pages, on en apprend plus sur Agnes, mais l’on voit aussi des relations se nouer entre ses « gardiens », le pasteur sensé lui faire expier ses péchés… et on en découvre toujours plus sur l’Islande, la vie des fermiers dans leur maison en tourbe, la vie rythmée par les saisons. Même si la vie d’Agnes est romancée, elle semble très probable, ainsi que sa fin.

L’écriture de Hannah Kent est facile à lire. J’ai trouvé intéressante sa façon de faire narrer l’histoire par différents personnages et d’alterner avec des documents officiels. Cela rythme bien le récit.

Agnes est une femme intéressante, « trop » cultivée pour sa situation (servante dans des fermes),elle le paiera très cher. Le récit de sa vie nous fait découvrir la hiérarchisation de la société en Islande et il est facile de se prendre d’affection pour elle, bien que certaines de ses réactions nous fasse réviser notre jugement sur son caractère et son éventuelle culpabilité. Qui est Agnes ? Nous ne le saurons jamais.

Au final, j’ai trouvé cette lecture très intéressante,surtout par la découverte de la vie en Islande au début du 19ème siècle.

« Je ne dis rien. Je suis résolue à me fermer au monde. Je veux endurcir mon coeur et m’accrocher à ce qui ne m’a pas été encore volé. Je ne me laisserai pas glisser vers le néant. Je me retiendrai à ce que je suis, je le garderai contre moi, je fermerai les poings sur tout ce que j’ai vu, senti et entendu – les poèmes que j’ai composé en lessivant, en fauchant ou en cuisinant jusqu’à en avoir les paumes à vif, les sagas que je connais par coeur. Tout cela, je l’emporterai sous l’eau avec moi. Mes mots ne seront plus que des bulles d’air. Nul ne pourra les retenir. Ceux qui me regarderont verront une putain, une folle, une meurtrière, une créature qui rougit l’herbe de sang et rit à gorge déployée, la bouche pleine de terre. Ils prononceront le mot « Agnès » et verront une sorcière, une araignée prise dans sa propre toile. Ou un agneau encerclé par les corbeaux, bêlant pour appeler sa mère. Mais ils ne me verront pas, moi. Je ne serai pas là. »

« Nous ne manquions de rien,contrairement à Gudrúnarstadir, à Gafl ou à Gilsstadir, où j’avais souffert de la faim. Là-bas, il m’était même arrivé de devoir nourrir les gamins avec des bouts de chandelle et de mâchonner un peu de cuir bouilli pour tromper mon estomac! »