Quatrième ce couverture :

Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté… Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir.

 

Ce n’est pas le centenaire de la parution de Du côté de chez Swann, qui m’a fait sortir ce livre de la bibliothèque, où il dormait depuis bien longtemps. Mypianocanta me l’a proposé dans le cadre du Challenge Livra’deux pour pal’Addict. Cela m’a donné la motivation pour m’y attaquer après quelques tentatives infructueuses. Lire c’est une chose, mais chroniquer Proust… En voilà une idée farfelue ! Je n’ai aucunement l’ambition de faire une analyse de texte, ou bien de proposer un avis révolutionnaire. Je ne présenterais ici, que mon modeste ressenti à la lecture de ce livre.

 

Mon ressenti :

J’ai vraiment eu du mal à entrer dans l’histoire au départ (d’où mes échecs passés, de lecture). Le livre se sépare en trois parties : Combray, un amour de Swann et Nom de Pays : le nom. Le début de Combray a donc été assez lent au niveau rythme de lecture. Mais justement c’est peut-être là mon tort, avoir voulu aller trop vite. Car ce texte se déguste lentement. Toute cette partie est centrée sur des descriptions de souvenir du narrateur, l’enfant, qui n’a ni  nom, ni âge.  Et le lecteur est obligé de se faire au rythme de ces souvenirs. Comment les décrire avec précision, sinon en détaillant le contexte, les personnes, les lieux, les odeurs, les sentiments provoqués… ?  La première moitié de Combray est centrée sur des personnes principalement, ou sur des scènes de la vie quotidienne, le rythme est donc plutôt lent. Dès la deuxième partie le narrateur sort des murs de l’habitation et les descriptions concernent alors des paysages, des promenades. Cette partie m’a beaucoup plus entraînée. Mais Proust ne nous épargne pas, à peine nous nous faisons à son rythme, qu’il le casse lors de la deuxième partie : Un amour de Swann. Il nous envoie dans le passé découvrir la vie de ce Monsieur Swann, l’occasion de faire une satyre de la vie mondaine parisienne. Là le narrateur reste apparemment le même, cet enfant, qui pourtant n’est pas présent, mais qui fait le lien avec la première partie du texte. Le lecteur va suivre Swann dans les affres de l’amour, de la passion, puis de la haine et de la fin du sentiment amoureux (mais c’est presque de la romance me direz-vous). Changement encore de rythme pour le passage à la troisième partie Nom de Pays : le nom, nous retrouvns notre narrateur et sa vie à Paris  (mais est-ce bien un enfant, puisque le collège est évoqué?).  Il va lui aussi se confronter à l’amour, est-ce là le lien avec la seconde partie? J’ai donc terminé ce livre avec beaucoup d’interrogations. Après un début de lecture difficile, je me suis laissée portée par le texte jusqu’à la fin.

Si, durant mes études, les explications de textes m’ont parfois semblé « tirées par les cheveux », ici j’aimerais vraiment en avoir une. Les mots n’atterrissent pas à tel endroit dans la phrase par hasard, tout est travaillé avec minutie et soin pour obtenir une mélodie écrite. Il m’est arrivé de lire à voix haute mais dans ma tête et d’avoir l’impression d’entendre une musique de mots. Pour résumer ces descriptions de souvenirs évoquées précédemment, je dirais que Proust dessine avec des mots.  En tout cas il me rend un brin lyrique.

Il n’y a pas un personnage qui me tiennent plus à cœur qu’un autre, peut-être M. Swann ou encore le grand oncle du narrateur, qui fréquentait des dames. Par contre j’ai détesté Odette et les Verdurin, avec leur vue méprisante de tous ceux qui les entourent et qui ne font pas partie de leur cercle, leur méchanceté mesquine, leur bêtise arrogante.

Je n’ai toujours pas compris comment Swann avait pu tombé amoureux d’Odette et s’intéresser plus à des personnes sans aucune ouverture d’esprit, qu’a con cercle d’amis, plus spirituel. Je n’ai donc guère apprécié les passages à ce sujet. Logiquement, quand Swann ouvre enfin les yeux sur Odette, est un passage qui m’a beaucoup plus.

Cette lecture s’est avérée très intéressante (une critique sociale, l’importance de la mémoire, du temps, des noms) et très belle (un style vraiment à part),mais je pense que je pourrais plus l’apprécier avec des explications sur ce que Proust a souhaité faire de ce texte. Je gagnerais sans doute plus en compréhension, en lisant les autres livres de La recherche du temps perdu. A lire donc.

A défaut de madeleine Proust méritait bien une tartine.