Infinités de Vandana Singh

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Auteur : Vandana SINGH – Traducteur :  Jean-Daniel Brèque – Couverture : Aurélien Police – Editions : Denoël, collection Lunes d’encre – Parution : 19/05/2016 – 277 pages – Prix : 20,90 € – Genre : Science-fiction, nouvelle

 

Quatrième de couverture :

Née en Inde, à New Delhi, fille de deux professeurs de littérature anglaise, Vandana Singh a grandi à l’ombre de Shakespeare et Keats. Devenue professeur de physique aux États-Unis, elle s’est tournée vers l’écriture, notamment la science-fiction et la fantasy, à cause de la richesse de ces genres et des possibilités qu’offrent leurs thématiques propres. Depuis 2002, elle a publié deux romans pour la jeunesse, une vingtaine de nouvelles et un court roman de science-fiction, Distances.
Dans ce recueil de dix nouvelles et un essai se déploie la sensibilité à part d’une auteure de science-fiction spéculative qui n’a de cesse de remettre l’Homme au centre du récit. On y observe un professeur de mathématiques qui aimerait comprendre les tensions interreligieuses qui déchirent son pays, un étrange tétraèdre subitement apparu dans les rues de New Delhi, une femme convaincue d’être une planète.
Avec ces textes poétiques, humanistes et parfois mélancoliques, Vandana Singh s’impose comme la digne héritière de Ray Bradbury et Theodore Sturgeon.

 

Mon avis :

Premier livre de l’auteur publié en France, après la publication de deux nouvelles dans Angle mort et dans Fiction. Ayant entendu beaucoup de bien de cet ouvrage, j’étais très curieuse de le découvrir. Il faut dire que rien que la couverture donne envie de le posséder. Pour cette lecture, j’ai été accompagnée par Blackwolf de Blog-O-Livre, avec qui je lis déjà les anthologies des Utopiales et des Imaginales.

  • Faim :

Première nouvelle, où l’on découvre la plume de l’auteur. Juste, belle, envoûtante. Pas vraiment d’imaginaire mais une description du fonctionnement de la société en Inde, vu de l’intérieur : la place des femmes, les carrières des hommes…. L’auteur fait également transparaître son amour de la science-Fiction.

  • Delhi : 

Encore un texte très surprenant, difficile d’en parler sans trop en dévoiler. Difficile à définir d’ailleurs : SF, fantastique, mainstream avec un personnage principal qui hallucine ? Inclassable. Et toujours des mots justes. Après un premier texte qui nous plonge dans la société indienne, le second continue notre immersion. Le héros évoque notamment les gens qu’il a détourné du suicide.

  • La femme qui se croyait planète :

J’ai adoré le début du texte où l’épouse parfaite pète un câble et décide qu’elle est une planète. C’est juste énorme et très bien écrit. L’occasion une fois de plus, pour l’auteur de dépeindre la société indienne avec ses codes très strictes et une place de la femme qui ne donne pas du tout envie d’y vivre. Mon enthousiasme est retombé quand le rêve/délire prend consistance.

  •  Infinités : 

Un texte complexe au premier abord, car il laisse une grande part à la discussion sur des mathématiques de haut niveau. La découverte de la société indienne est toujours bien présente, avec cette fois-ci les guerres de religion. Avec un peu de recul, je me suis dégagée de la recherche d’une compréhension totale des problèmes mathématiques et j’ai pu apprécié cette nouvelle et le magnifique « Sens of wonder » de l’auteur (merci Blackwolf pour le terme, il correspond parfaitement).

  •    Soif :

Attention : claque ! Difficile de retranscrire par écrit le plaisir que j’ai eu à lire ce texte. Vandana Singh nous offre un conte fantastique magnifiquement écrit autour de l’eau, des serpents et des femmes d’une même famille. Tout arrive à point nommé, les scènes se succèdent sans accroc. La place de la femme est une fois de plus le sujet central, mais cette fois-ci elle est très puissante tout en devant rentrer dans le carcan de la société indienne. Le texte est poétique, avec des pointes de réalisme. J’ai eu un véritable coup de cœur pour ce texte fascinant.

  • Les lois de la conservation :

Atterrissage difficile après le texte précédent. Celui-ci n’a rien à voir et donnerait presque l’impression d’avoir été écrit par quelqu’un d’autre s’il n’y avait pas ce rappel perpétuel à la civilisation indienne. Nous voilà en plein space opera, ça change. Un début de nouvelle assez classique puis après une rencontre avec un extra-terrestre ça part un peu en vrille. Et j’ai décroché. Il n’y avait plus ce lien entre les évènements, si évident dans les autres textes.

  •  Trois contes de la rivière du ciel : 

Trois textes qui respectent vraiment les caractéristiques des contes. Un premier où j’ai retrouvé cette touche si particulière de l’auteur, tout en poésie. Un second, qui ne m’a pas convaincu, ni au niveau de l’histoire, ni au niveau de la construction. Et un troisième un peu caricatural dans sa présentation de l’homme « mauvais » et d’un état naturel de départ « bon ». J’y ai quand même apprécié le passé des arbres et des pierres qui se déplaçaient allégrement et copulaient dans les sous-bois…

  • Le Tétraèdre :

Décidément cette lecture me fera vivre un grand huit avec un nouveau texte qui cette fois-ci m’a conquise. L’auteur arrive à mêler : des idées de trou de ver et de quatrième dimension, toujours des instantanés de la vie en Inde avec le problème des castes et la place de la femme (je ne l’ai pas précisé avant, une place vraiment pas terrible), un tétraèdre qui arrive dans le ciel de nulle part genre vaisseau extraterrestre, des observateurs à la Xfiles… le tout se mêlant superbement bien.

  • L’épouse : 

L’auteur aborde un nouveau sujet, les indiens expatriés aux États-Unis. Avec délicatesse elle parle du déracinement d’une indienne, épouse abandonnée, qui erre dans sa maison suite à son divorce. On retrouve sa plume si agréable, avec un texte étrange.

  • La chambre sur le toit :

Un texte un peu court, car les idées abordées auraient mérité d’être bien plus développées. On retrouve la problématique des femmes en Inde, avec un mari qui vole le travail artistique de sa femme. L’écriture est toujours aussi belle. Ce qui est surprenant c’est que cette histoire, qui semble principale, se retrouve au second plan, pour parler de la relation entre une artiste et deux enfants. Un peu de tendresse dans ce monde de brutes ( 😉 ).

  • Un manifeste spéculatif :

 Ce texte est très court sur les bienfait des littératures de l’imaginaire et si j’ai tendance à adhérer à la majeure partie des propos, l’auteur m’a quand même choquée en indiquant que 70% de la production de SF et de Fantasy était à jeter à la poubelle. Heureusement Blackwolf m’a fait remarquer qu’elle parlait de la production disponible aux USA, bien différente de ce que nous avons en France.

 

Pour conclure : J’ai été ravie de découvrir l’écriture de Vandana Singh. Si quelques nouvelles m’ont laissé indifférentes, j’ai retiré de ma lecture beaucoup de plaisir, notamment grâce aux nouvelles Soif, Le Tétraèdre et Faim. La plume de l’auteur est poétique. Elle dénonce à travers ses textes qui flirtent plus ou moins avec l’imaginaire, les systèmes de caste en Inde et la situation désastreuse dans laquelle se trouve les femmes, tout en partageant avec nous des détails de la vie quotidienne. Un dépaysement bienvenu dans le monde de la littérature de l’imaginaire et une écriture fascinante.

« En attendant, elle continua de lire ses romans de science-fiction, car, plus que jamais, ils lui semblaient refléter sa prise de conscience de l’étrangeté fondamentale du monde. Peu à peu, elle finit par comprendre que ces contes tentaient de lui communiquer d’une façon alambiquée une vérité fondamentale, qu’ils étaient tous rédigés dans une sorte de code, conçu pour tromper les snobs littéraires et égarer les lecteurs distraits. »

 

 L’avis de Blackwolf.

D’autres avis chez : LuneNebal, Vert

n°5

Une demi-couronne de Jo Walton

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Auteur : Jo Walton – Traducteur : Florence Dolisi – Editions : Denoël, collection Lunes d’encre – Parution : 22/04/2016 – 342 pages – Prix : 21,50 € – Genre : uchronie

  

Quatrième de couverture :

Londres. 1960. Dix ans ont passé depuis l’attentat contre Hitler déjoué par Peter Carmichael. L’homme qui fut un brillant inspecteur de Scotland Yard dirige maintenant le Guet, la redoutable police secrète créée par Mark Normanby pour juguler l’opposition et traquer les Juifs. Il a adopté Elvira Royston, la fille de son ancien adjoint.

Alors que la jeune Elvira se forge lentement mais sûrement une conscience politique et découvre avec effroi les coulisses d’une Angleterre vendue au fascisme, de nouveaux mouvements sur l’échiquier politique secouent le pays. Le retour du duc de Windsor, fasciné par Hitler, n’étant pas le moindre.

En danger, plus que jamais, Carmichael va être confronté au plus grand défi de son existence. 

  

Mon avis :

Voici le troisième tome qui vient clôturer La trilogie du Subtil changement (Le Cercle de Farthing, Hamlet au paradis). Les deux premiers tomes m’avaient laissée un peu dubitative, mais désireuse de connaître la fin de l’histoire. Quelle bonne surprise avec ce tome 3, qui m’a vraiment plu ! Certains des éléments qui me gênaient dans les tomes précédents étaient moins présent et j’ai enfin ressenti un réel enthousiasme à la lecture de cet opus.

J’ai commencé à me faire au style si particulier de Jo Walton, qui aborde des thèmes graves par la voix de son héroïne Elvira, avec légèreté. Lire « Le fascisme est si excitant », me rend malade. Mais  cela correspond bien au personnage, à son éducation et à celle des femmes dans ce récit. Il y a également quelques tournures des évènements un peu simplistes dans le roman, du genre un personnage inconnu aborde Carmichael, qui va croire immédiatement ce qu’il lui dit…

Ces petits désagréments sont cependant vite oubliés et l’on se concentre sur les histoires que vivent Elvira et Carmichael, entre l’éducation d’une dame dans la société anglaise et moult conspirations et complots. Cette fois-ci, la partie uchronique* est beaucoup plus développée et subira de nombreux rebondissements. On dépasse le cadre de l’Angleterre pour découvrir que l’URSS a été anéantie et a été partagée notamment avec le Japon. Le travail de Carmichael (commandant du Guet, sorte de Gestapo anglaise) opposé à ses actions (il fait fuir en cachette des juifs) provoque une tension dramatique qui pimente l’histoire, le récit est prenant jusqu’à la fin. Celle-ci plaira plus ou moins, suivant s’il on est optimiste ou pas. 

J’ai vraiment apprécié la construction du texte, qui alterne entre l’histoire racontée par Elvira et celle racontée par un narrateur extérieur quand il s’agit de Carmichael. Ce changement de point de vue l’a rythmé avec efficacité.

Pour conclure, Jo Walton conclue brillamment La trilogie du Subtil changement, avec un tome que j’ai trouvé très intéressant au niveau de la construction de l’histoire (développement du fond uchronique), du récit ou encore du traitement profond des personnages. L’histoire m’a tenue en haleine jusqu’à la fin, malgré quelques petits raccourcis simplistes.

 

* : « L’auteur d’une uchronie prend comme point de départ une situation historique existante et en modifie l’issue pour ensuite imaginer les différentes conséquences possibles. » Dixit Wikipédia

  

« Et vous, Miss Royston, que pensez-vous du fascisme ?
— J’adore ! Je trouve cela terriblement excitant », répondis-je.
Mrs Maynard grimaça, puis échangea un regard entendu avec lady Bellingham. Ma logeuse estimait que le fascisme était une très bonne chose en soi, fort utile pour qu’ils restent à leur place, mais cette mouvance politique lui posait un problème : tout le monde — sauf eux, les Juifs — pouvait y adhérer. Mrs Maynard la considérait donc avec un vague mépris, comme tout ce qui n’était « pas tout à fait… ».« 

 

D’autres avis chez : Cornwall, Nanet, Acro, Lune, Naufragés Volontaires, Felina

Mes lectures pour Le congrès des sorcières

Cette semaine, pour le Congrès des sorcières, deux lectures m’ont accompagnée.

 

Jusqu’à samedi j’ai pris mon temps pour faire connaissances avec des zombies, la chronique arrive bientôt.

C’est parti pour les zombies ! #instabook

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Et aujourd’hui j’ai dévoré le dernier livre de Marika Gallman, Les chroniques de Hallow, tome 1 : Le ballet des ombres, addictif on peut le dire !

Petit goûter tardif en lisant Les chroniques de Hallow de Marika Gallman #instabook #bragelonne #dammannfreres #instatea #instaflower #kobo #poppyfigueflower #lathebox

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Anthologie Utopiales 2015

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Ouvrage sous la direction de Jérôme Vincent – Edition : ActuSF, collection : Les trois souhaits – Parution : novembre 2015 –  408 pages – Prix : 15 € – Genre : Sf, nouvelles

  

Quatrième de couverture :

Construite autour de la thématique « Réalité », cette anthologie officielle des Utopiales, septième du nom chez Actusf, va vous entraîner dans des jungles mystérieuses avec Fabien Clavel, sur un monde aux mœurs singulières avec M. R. Carey ou encore à la rencontre d’êtres venus d’ailleurs avec Laurent Queyssi… Vous y croiserez également d’anciens pilotes communistes qui ont vu des OVNI pendant la Deuxième Guerre mondiale, des petits robots fugueurs, de vieux copains de bistrot aux paris un peu fous et alcoolisés et des maisons en réalité virtuelle à l’intérieur desquelles tout est possible…

Sans oublier Alain Damasio qui nous offre une belle avant-première avec le premier chapitre inédit de son futur roman, Fusion.

Êtes-vous sûr de votre réalité ? Sont-ils vivants et nous morts ?

Treize nouvelles pour douter de tout…

 

Mon avis :

Qui dit Utopiales dit anthologie et dorénavant la traditionnelle lecture commune avec Blackwolf. Auteurs différents, univers différents… je vous parlerai donc des nouvelles une à une.

 

« Réalités » – Préface de Sylvie Lainé et Roland Lehoucq

Sylvie Lainé et Roland Lehoucq détaillent les différents types de réalité existant, de façon légère et non scolaire. On sent bien la patte des scientifiques. Même si les thèmes abordés ne sont pas toujours faciles à comprendre, c’est une préface impressionnante, de qualité, de grande classe.

 

« Les yeux en face des trous » – Alain Damasio (INÉDIT)

Ah la la, point de nouvelle ici, mais le premier chapitre du nouveau roman de Alain Damasio. C’est un peu sadique, car à la fin, une seule envie, continuer. Un bémol sur la typographie, on retrouve la touche Damasio avec des bulles de textes qui se promènent sur les pages, des tailles différentes… mais je n’ai pas trouvé que cela apportait grand-chose. Peut-être sur la longueur, sera-t-elle plus enrichissante pour le récit ? L’histoire a un petit côté déjà vu (le partage de la mémoire d’autrui), mais quelle plume ! Le style est impressionnant. En un seul chapitre on devine déjà la richesse des personnages, leur profondeur. On découvre une amitié qui réchauffe le cœur et un croquemitaine qui fait sacrément peur. Vivement la sortie du livre !

« Immersion » – Aliette de Bodard (traduction de Bastien Duval et Antoine Mottier)

Comme le texte précédent, cette nouvelle donne presque l’impression d’être également un premier chapitre ! En effet l’univers est très riche et l’auteur développe un concept « d’immerseur » passionnant (il permet à l’utilisateur d’être une personne « augmentée »). J’avais donc envie de voir le texte plus développé. J’étais frustrée à la fin de ne pas savoir ce qui arrivait à l’héroïne. J’aurai bien voulu enchaîner avec un roman. Ce qui est sûr, c’est que maintenant,  je vais lire d’autre textes de l’auteur (enfin le peu qui a été traduit) !

 

« Welcome Home » – Jérôme Noirez (INÉDIT)

Voilà une nouvelle déjantée, complètement trash. Un bon exutoire après une journée pourrie, je me suis franchement bien marrée. Même si le concept est très intéressant et très riche (les personnes fortunées possèdent des espaces en dehors de la réalité ou aucune loi ne s’applique), le format nouvelle convient bien. Il y aurait matière à  développer les concepts de juge, de conscience, de loi. La subréalité décrite est un très bon terreau pour tout cela. Au lecteur de s’arrêter au niveau de lecture qui lui convient.

 

« Un demi bien tiré » – Philippe Curval

Où quand tu te retrouves à demander à ton binôme de lecture de t’expliquer la nouvelle… qu’il te fait un cours sur le paradoxe de Zénon et que tu comprends vaguement… donc si vous le connaissez, le délire de deux piliers de bar cherchant à tester ce paradoxe vous intéressera sans doute, autrement c’est un peu ardu.

 

« Dieu, un, zéro » – Joël Champetier

Voici une nouvelle beaucoup plus convenue. L’écriture est agréable à lire, mais j’ai trouvé la première partie beaucoup trop développée alors qu’elle n’apporte rien à l’histoire (histoire de la vie du mathématicien qui va être embauché dans un laboratoire secret de robotique). L’auteur plante son personnage comme dans un roman, or il n’a que le temps de la nouvelle. Les idées sont intéressantes, mais quelques incohérences sont venues troubler ma lecture. La fin toute mimi rachète un peu tout cela.

 

« Les aventures de Rocket Boy ne s’arrêtent jamais » – Daryl Gregory (traduction de Claire Kreutzberger)

Pas de SFFF* ici, mais un garçon fan de SF, qui s’y réfugie pour supporter sa vie. L’auteur nous raconte avec justesse ce drame. Il ne tombe jamais dans la facilité et relate toute l’injustice de la vie. Chaque mot est pesé et tombe juste. Pas de happy end, pas de mélodrame, « juste » une nouvelle qui vous donne une sacrée claque ! 

 

« Le vert est éternel » – Jean-Laurent Del Socorro (INÉDIT)

Je n’ai pas lu le roman Royaume de vent et de colères, dans l’univers duquel se passe la nouvelle, mais ce n’était pas gênant. Le texte est bien écrit, il nous présente une autre vision de l’Edit de Nantes, mais il ne m’a pas emporté. Je cherche encore le rapport avec le thème de l’anthologie.

 

« Coyote Creek » – Charlotte Bousquet (INÉDIT)

Autre texte hors SFFF, qui aborde de façon originale la maladie d’Alzheimer. La narration par la malade rend le texte très touchant.

 

« Intelligence extra-terrestre » – Stéphane Przybylski (INÉDIT)

On retrouve la façon très particulière de l’auteur de présenter ses récits, avec des alternances entres différentes époques, différents personnages. Si pour un roman, cela est intéressant, j’ai trouvé qu’au format nouvelle cela rendait la lecture difficile. Le texte est trop court pour se faire à ce format et pour pouvoir entrer dans l’histoire. Ayant lu le premier tome du Château des millions d’années, j’ai pu m’y retrouver dans le récit. Sans cette lecture, j’aurai été perdue.

 

« Pont-des-Sables » – Laurent Queyssi (INÉDIT)

Cette nouvelle rappelle celle de Daryl Gregory, mais en moins noir (une bande d’amis, qui va être confrontée à un drame). Ici une pointe d’imaginaire, mais surtout beaucoup de référence à la SF. La narration est très agréable. Lors de la lecture, on se pose beaucoup de questions, notamment sur les motivations des personnages. Ce ne sont pas des interrogations d’incompréhension, mais d’intérêt pour le récit. Il y a beaucoup de sentiments, mais emplis de pudeur. En bref, une lecture très agréable qui donne envie de lire l’auteur.

 

« Versus » – Fabien Clavel (INÉDIT)

Une nouvelle rapide et efficace. La fin est prévisible, mais le tout est très agréable à lire. Du fun, du dynamisme.

 

« Smithers et les fantômes du Thar » – Robert Silverberg (traduction d’Éric Holstein – INÉDIT)

Je m’attendais à de la SF, mais en fait c’est une nouvelle fantastique, qui rappelle les textes de la fin du 19ème siècle, début du 20ème. L’introduction est un peu longue, mais plonge bien le lecteur dans l’univers. C’est bien écrit, mais il y comme un goût de déjà vu et je n’ai pas accroché plus que ça.

 

« Visage » – Mike Carey (traduction de Sylvie Denis – INÉDIT)

Une autre nouvelle que j’ai apprécié. Il y a beaucoup de recherche et l’auteur nous propose un monde très particulier, bien développé (avec des maisons « champignons » qui m’ont beaucoup plu). Il utilise un concept de « visage confisqué », qui est très intéressant. Le lecteur pourra bien entendu faire un parallèle avec le voile, ou pas. En tout cas cette nouvelle provoque énormément de réflexion et j’ai aimé l’écriture de Mike Carey.

 

Pour conclure, cette année mon ressenti global est plutôt positif. Plusieurs textes m’ont énormément plu et ont éclipsé d’autres nouvelles qui m’ont laissée plus indifférente. 

 

La chronique de Blackwolf sur blog-O-Livre.

 

 * : Science-Fiction Fantasy Fantastique

 

D’autres avis chez : Xapur, Boudicca, Vert, Bibliocosme

Retour sur l’anthologie de 2012, de 2013 et de 2014.

n°4 n°1 U

Futurs insolites anthologie dirigée par Jean-François Thomas et Elena Avdija

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Anthologistes : Jean-François Thomas et Elena Avdija  – Edition : Hélice Hélas  – Parution : 10/02/16  –  386 pages – Prix : 24 € – Genre : Science-Fiction, nouvelles

Auteurs : Emanuelle Maia, Nicolas Alucq, Vincent Gerber, Adrien Bürki, Jean-Marc Ligny, François Rouillier, Anthony Vallat, Denis Roditi, André Ourednik, Florence Cochet, Julien Chatillon-Fauchez, Bruno Pochesci, Gulzar Joby, Olivier Sillig.

 

Quatrième de couverture :

Dans un futur plus ou moins lointain, qui peut dire ce qu’il restera de la Confédération helvétique ?

Qu’adviendra-t-il de ce fier pays abritant un peuple hétéroclite, scindé en autant de cultures que de cantons divers et variés, mi-ville mi-campagne, à la fois poli et polyglotte, à la bureaucratie aiguisée et impeccable, à la technologie et au tourisme rentables et même florissants, à l’armée de milice indispensable et indéfectible, aux multinationales si bien implantées, à la neutralité à toute épreuve, au secret bancaire si bien conservé, aux paysages et à la prospérité subjuguant touristes, migrants et expatriés de tous horizons… ?

En partant de la Suisse qu’ils côtoient tous les jours (pour les résident·es hélvétiques) ou qu’ils observent de loin (pour les français·es et suisses expartié·es), 14 auteur-es détournent la Suisse dans l’Imaginaire. Chacun-e, avec son style, son genre, met à jour et extrapole dans cette anthologie certains traits perçus « typiquement » helvétiques ; nos façons de vivre, de mourir, de considérer le monde, de l’organiser etc. Sous couvert d’anticipation, à l’aide de ce laboratoire, c’est une plongée dans l’auto-réflexion nationale que propose cet ouvrage.

 

Mon avis :

Cette lecture m’a été proposée lors des Utopiales. Mon emploi du temps ayant été bousculé entre la fin d’année et le début de la nouvelle, je ne l’ai attaquée qu’en avril. Et me voilà trois mois plus tard sur la rédaction de ma chronique. Je n’ai pas été séduite à la fin de ma lecture , j’ai donc laissé le temps à mes idées de se poser. Les auteurs étant différents, ainsi que mes ressentis, je vais traiter les nouvelles une part une.

 

  • Préface de Elena Avdija et Jean-François Thomas :

Les anthologistes présentent clairement le pourquoi du comment de cette anthologie, de même que sa contrainte : « Il s’agira d’un livre interrogeant la société helvétique, et il sera ouvert à toutes et à tous ». Ne soyez donc pas surpris de trouver Jean-Marc Ligny au sommaire (seul auteur de l’anthologie que je connaissais d’ailleurs). La Suisse est entrevue comme un laboratoire d’imagination et de pensée futuriste.

  • Helvé… ciao d’Emmanuelle Maia

Le contexte de la nouvelle n’est pas sans rappeler la problématique de gestion des politiques migratoires actuelle. Ici pas de bête fermeture des frontières mais carrément une puce qui permet l’accès, ou pas, à la suisse ! La première moitié de la nouvelle m’a beaucoup plu et surpris, la seconde est plus classique et attendue. Une bonne lecture avec une écriture très agréable.

  • Alleingang de Nicolas Alucq

 Cette nouvelle m’a laissée sur le bas-côté de ses batailles intergalactiques. Deux sociétés s’affrontent, des egos également.

  • SuissID de Vincent Gerber

Un sujet glauque mais très bien traité et avec de l’humour, j’adore ! Nous suivons les actions de la SuisseID qui propose du suicide accompagné. Attention pas de retour possible… Le suicide présenté comme un service comme les autres, décapant.

  •  Rhodanish Elektrik AG d’Adrien Bürki

Une bonne idée de départ, avec un barrage immense, démentiel, qui fait tout le Valois. Mais deux histoires différentes vont se télescoper sans que la seconde apporte plus que ça au texte. La première : le barrage qui vieilli et qui va s’autodétruire, la seconde : des factions rebelles pas très futées…

  •  Mission divine de Jean-Marc Ligny

Ce texte est un spin off de Exodes et on peut dire qu’il m’a sacrément donné envie de lire le livre !  La nouvelle est très noire et ne nous rassure pas quant à l’espèce humaine.

  •  La Mémoire de Lo de François Rouiller

 Hum… fouille archéologique, mémoire de l’eau, soirée orgiaque… et on mélange le tout, pour une lecture qui m’a laissée dubitative.

  •  Là où croît le pays d’Anthony Vallat

Une idée assez intéressante, une Suisse reconstituée, utilisée comme parc d’attraction typique pour des populations intergalactique. Mais pourquoi plaît-elle autant ? Parce qu’elle fait pays.

  • Exit de Denis Roditi

On retrouve dans ce texte, la thématique du suicide assisté. L’idée de proposer une téléréalité avec des suicidaires prend alors tout son sens. Cette suisse du futur n’est pas rassurante. Pour profiter de la vie, une drogue a été inventée afin de la ralentir et de profiter de chaque instant. Une nouvelle moins jubilatoire que celle de Vincent Gerber, mais qui présente une vision du futur très intéressante.

  • Audemars, le ver d’André Ourednik

On rebondit sur la vision du temps avec ici une société basée sur l’instant présent et l’oubli. Mais la fin vient casser ce concept si bien déroulé dans la nouvelle. Pourquoi ne pas être allé jusqu’au bout?

  • Issue de secours de Florence Cochet

Suicide, à nouveau. Le texte est très court et bien écrit. Le suicide assisté est ici proposé dans l’espace. (A force je me suis renseignée sur ce qui est proposé en Suisse, où en effet le suicide assisté est légal).

  • Vreneli de Julien Chatillon-Fauchez

Ce récit de guerre galactique est très bien écrit et passionnant ! La Suisse se retrouve prise en sandwich entre deux nations, du fait d’un hasard de développement commercial. La solution de fin de conflit proposée est très amusante et fait un gros clin d’œil à la suisse actuelle.

  • Sketches helvétiques de Bruno Pochesci

Le train fou de cette nouvelle ne m’aura pas emmenée en voyage, je dirai même que je suis restée sur le quai.

  • La vallée perdue de Gulzar Joby

 Une nouvelle gentillette, avec des géants. L’histoire est parfois maladroite.

  • Baptistin de Olivier Sillig

 Un spationaute  qui échange sa place avec un pauvre hère du moyen âge. Tout est dit.

  • Post face

Texte assez complexe, un peu trop conceptuel pour moi.

 

Pour conclure, la lecture s’est avérée inégale avec certains textes qui m’ont carrément ennuyée, d’où le ressenti global négatif. Heureusement, certains sortent positivement du lot comme SuissID de Vincent Gerber, Mission divine de Jean-Marc Ligny et Vreneli de Julien Chatillon-Fauchez, ou encore Exit de Denis Roditi.

 

n°6 n°2 X