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Auteur : Morgane de Caussarieu  – Edition : Mnémos  – Parution : 05/06/14 –  282 pages – Prix : 20 € – Genre : fantastique

 

Quatrième de couverture :

Le Temple, petit village du Sud-Ouest, ses plages, ses blockhaus, son unique bistro, son école où la violence est le seul remède à l’ennui. Poil de Carotte y vit seul avec son père handicapé. Gamin perturbé aux penchants sadiques et souffre-douleur de ses camarades de classe, sa vie bascule lorsqu’il se rend dans une ferme calcinée en lisière de forêt. Des fantômes y rôdent, paraît-il. Mais en lieu et place de revenants, il découvre un étrange journal rédigé par des jumeaux, il y a trois cents ans. Leur vie sauvage et heureuse à La Nouvelle-Orléans tourne au cauchemar lorsqu’un marquis décadent les prend à son service. Plus Poil de Carotte avance dans sa lecture, plus des événements étranges surviennent : un chat noir qui parle, une voix qui lui chuchote la nuit à l’oreille, un enfant au teint trop pâle et aux lèvres trop rouges… Et s’il avait réveillé des forces aussi malsaines qu’attirantes ? 

 

Mon avis :

J’avais lu avec beaucoup d’intérêt le premier livre de Morgane Caussarieu Dans les veines. J’étais donc curieuse de voir ce qu’elle allait nous proposer dans ce nouveau roman, où l’on retrouve l’un des protagonistes vampires de son premier roman, Gabriel.

ATTENTION ÂME SENSIBLE S’ABSTENIR ! Eh oui, l’auteur propose des récits toujours aussi durs, avec notamment une scène de viol décrite avec précision.

Bienvenue à Temple, trou paumé dans les Landes. Ambiance « zone » à la campagne, cas sociaux, jeunes qui s’ennuient, élèves doués persécutés. On comprend vite le topo (enfin la partie la plus évidente). Puis petit à petit s’invite le surnaturel, avec la présence du fantôme de Gabriel, qui s’impose dans la vie de Poil de carotte. Une vie bien morne et pleine d’insatisfactions, avec son père estropié, son jumeau et sa mère décédés. Au récit du présent, va s’ajouter l’histoire de Gabriel qui se déroule trois siècles auparavant. Nous découvrons ce récit par la lecture que Poil de carotte fait d’un journal intime, qu’il a trouvé dans une ferme brûlée. 

J’ai aimé retrouver la Nouvelle Orléans dans ma lecture et découvrir l’univers de Gabriel avant qu’il ne devienne vampire. L’auteur par son changement de style, nous immerge dans une autre époque. Changement de lieu, mais pas d’ambiance. La vie n’était pas tendre, même pour les enfants, entre maladies, meurtres, esclavagisme, viols…

Petits à petits un parallèle entre les histoires de Poil de Carotte et Gabriel se développe, ils souffrent notamment tous les deux de la solitude et sont à la recherche de leur âme sœur perdue. Le premier va gagner en cruauté, le second devenir un monstre. La fin après réflexion, paraît logique, mais je ne m’y attendais pas (je n’en dis pas plus, je préfère garder un suspens total sur celle-ci).

Morgane Caussarieu ne fait aucune concession pour servir son propos. Elle n’épargne pas le lecteur pour aller jusqu’au bout de son raisonnement. Même si les vampires sont évoqués en tant que créatures sanguinaires et cruels, le sujet principal reste l’homme (adulte), qui apparaît encore plus monstrueux, amoral, épouvantable, à vomir.

Les personnages ne sont pas franchement sympathiques (plutôt antipathiques même). Poil de carotte semblait un enfant en détresse au départ, le lecteur pouvait ressentir de l’empathie pour lui, mais très rapidement il devient détestable. S’il fallait en sauver un, ce serait peut-être Gabriel avant son arrivée dans la plantation où il sera transformé (de bien des manières), ou alors David dont le seul tort serait d’avoir eu pitié du frère de son meilleur ami décédé. Les différents protagonistes ne donnent pas foi en l’humanité, leurs comportements sont déprimants, dérangeants et admirablement bien dépeint. Ce qui rend parfois la lecture très difficile, voire qui donne un sentiment de malaise.

Pour conclure, j’ai dû prendre du temps pour écrire cette chronique, tant les mots étaient difficiles à trouver. Le livre est remarquablement bien écrit, l’histoire bien construite. Mais la façon dont l’histoire est narrée rend la lecture difficilement supportable parfois. L’homme est un monstre et Morgane Caussarieu nous le démontre avec brio. Une lecture dont on ne ressort pas indemne.

 

« Les poils de ma nuque se dressent comme les piques d’un hérisson et j’arrête ma lecture pour tourner la page au plus vite. Je me sens encore moins rassuré. Le gamin de l’article rêvait d’un monstre au visage d’enfant ! J’observe autour de moi. Mes rares peluches me rendent mon regard de leurs yeux plastique. Les ombres me paraissent sinistres, abritant des p’tits garçons qui rampent dans l’obscurité, attendant que je baisse ma garde. »

« Oui je suis un monstre. Je ne l’ai jamais caché. Mais on m’a fait ainsi. Je n’ai rien demandé. Tu l’as lu. Au départ j’étais un petit garçon gentil et normal. Tout comme toi avant l’accident. Mais les adultes ont assombri mon âme. M’ont montré ce qu’était la cruauté. »

 

D’autres avis chez : Blackwolf, Cornwall, Julien le naufragé, Acro, Mes imaginaires, Joyeux Drille, Xapur, Lhisbei, Lune

Thème 1 – Un pays à l’honneur  C