Utopiales 2013, Anthologie – Collectif

 

 ID :

Auteur : Collectif  – Editions : Actu SF – Parution : 17/10/2013  -386  pages – prix : 15  € – genre :nouvelles, Science-Fiction

 

Quatrième de couverture:

14 nouvelles,14 univers qui se télescopent.

Et si les nuages possédaient une forme d’intelligence ? Que faire lorsqu’on découvre un satellite artificiel qui a la texture d’une grosse grenade ? Comment agir lorsque l’on est un vampire en mission dans l’espace ?
L’anthologie officielle des Utopiales 2013 réunit, cette année encore, auteurs étrangers et francophones, pour défricher les possibles et explorer le futur. Pour être, en somme, au coeur même de notre vocation : la science-fiction.

 

Pour bien déguster une anthologie de festival, la laisser vieillir un petit peu, mais la lire avant l’édition suivante! J’ai donc lu in extremis l’anthologie 2013 des Utopiales, avant de me rendre à l’édition 2014. Par contre je ne l’ai pas chroniqué en suivant, cela m’aura évité de me faire taper dessus par les auteurs mécontents (*humour*).

 

Mon ressenti :

  • Dougal désincarné de William Gibson 
Première lecture de cet auteur (j’en ai tant à découvrir). Le narrateur raconte sa rencontre et ses discussions avec la personnalité désincarnée d’un homme. Leurs échanges sont sympathiques, mais je me suis demandé quel était le but de l’histoire. Le concept de « désincarné » est intéressante, offre des possibilités, mais sorti de cela, je n’ai pas trouvé autre chose.
  • Trois relations de la fin de l’écrivain de Jean-Louis Trudel 
J’ai trouvé l’idée de départ de ce récit très bonne. La parole, le langage ont supplanté l’écriture, qui a presque disparu. Quelle est alors la place de l’écrivain? Cela s’accompagne d’un accroissement des inégalités, d’encore plus d’exploitation des pauvres par un petit groupe de nantis. Un auteur se trouve une nouvelle raison d ‘être en se faisant défenseur de l’opprimé. Si j’ai bien aimé le concept de départ, j’ai trouvé cet auteur héros, un peu caricatural.
  • Les fleurs de ma mère de Andreas Eschbach 
Une histoire touchante et douce-amère, l’apocalypse vu par un simple d’esprit. Ne pouvant comprendre les informations, il reste confronté à un échec personnel : maintenir les plantes de sa mère en vie, alors que toutes les plantes sont en train de mourire et que la population panique… Un très beau texte, qui fait réfléchir notamment à la communication et au handicap.
  • Noël en Enfer de Orson Scott Card 
L’idée de départ est intéressante : l’enfer serait un monde entre deux, où il n’y a rien à faire, pas de but, pas d’information sur votre situation. En bref : l’ennui à perpétuité. Mais l’auteur a décidé de nous sortir de sa besace un père Noël et des lutions, qui profitent de leur situation dans cet entre deux, pour faire le bien. Amateurs de bisounours vous serez servis, pour ma part je n’ai pas accroché.
  • La main tendue de Norman Spinrad 
On continue dans les bons sentiments. En résumé, des extra-terrestre font un test pour voir la réaction des humains, ils envoient des vidéos d’une planète mourante, dévastée par son exploitation de la nature et son utilisation du nucléaire. Du coups, les humains deviennent raisonnables, limitent leur utilisation du nucléaire et montent une expédition pour sauver cette planète en partageant leur ressource….. Hum, trop invraisemblable pour moi.
  • Grenade au bord du ciel de Sylvie Lainé 
Cette nouvelle a été republiée dans L’opéra de Shaya, que j’ai lue avant l’anthologie. Voici ma chronique de l’époque : L’idée est ici dès le départ très intéressante. Une expédition découvre un artefact ancien autour de la planète Praxe. Celui-ci révèle des capacités étonnantes. Le format de nouvelle colle très bien à l’histoire. La suite c’est au lecteur de l’imaginer, quel sera l’impact de cet artefact sur l’humanité? Est-ce une bonne idée de vouloir le ramener ? Ce que j’ai trouvé le plus intéressant dans ce texte est la description de l’astéroïde qu’on peut visualiser sans aucun problème.
  • Vert dur de Stéphane Beauverger 
Voilà une nouvelle qui donne envie de lire d’autres textes de l’auteur ! La société a évolué pour être gouvernée par les femmes en suivant des principes écologiques (un sacré mixe). Les hommes doivent faire profil bas et se voient attribuer les caractéristiques connotée auparavant « féminines » : émotivité… Ils doivent également éviter toute attitude à connotation « mâle » : parler fort… L’auteur à travers cette nouvelle hiérarchie pose la question de l’humain, de l’humanité, des sentiments. Un coup de coeur.
  • Comment je suis devenu un biotech de Lucas Moreno 
L’histoire est profonde et très complexe. Je ne la trouve pas adaptée au format de la nouvelle car elle mériterait d’être beaucoup plus développée, afin que le lecteur puisse avoir la compréhension de tout ce qui est résumé, mais également afin qu’il puisse profiter de la lecture entière de cette histoire. Les IA se développent en parallèle de l’humanité, sans communication entre les deux « espèces », les IA essayent d’apporter toutes les solutions aux humains, provoquant en réponse apathie et dépression. Les IA en concluent que la technologie est l’ennemie du bien-être humains et la supprime… Une histoire passionnante, mais que j’aurais aimé lire en roman.
  • Dans les mines de Mars de Jean-Pierre Andrevon 
Malgré une fin plus qu’attendue, j’ai bien aimé cette lecture. L’idée que l’arrêt des guerres crée une vague de chômage énorme aux États-Unis est surprenante, mais pas dénuée de réalisme. Pour résoudre les problèmes liés à ce nombre de chômeurs, le Président des États-Unis propose du travail sur mars, qui s’apparente plus à de l’esclavage volontaire…. Une idée pas si aberrante que ça.
  • J’ai eu trente ans de Thierry Di Rollo .
Quand l’homme découvre une façon de repousser la mort jusqu’où est-il prêt à aller? Et pour quoi? En effet, cette vie de jouissance, de plaisir perpétuelle, ne semble pas si réjouissante que ça et le prix en est trop élevé. Une histoire certes étonnante, mais très glauque.
  • Trois futurs de Ian McDonald 
L’auteur nous propose trois textes différents, mais qui se rejoignent sur l’utilisation « subversive » de la technologie. Souvent téléphones portables et ordinateurs nous sont décris comme des appareils aliénant la liberté de l’homme. Ici ils représentent la liberté dans des sociétés où la liberté est bafouée.Une lecture qui donne de l’espoir.
  • La femme aux abeilles de Thomas Day 
Cette nouvelle est très bien ficelée, mais je me demande encore ce qu’elle fait dans cette anthologie de SF. C’est un texte qui convient parfaitement au format nouvelle, bien exécuté. Une histoire de dragon, de combat, de sorcière.
  • Nimbus de Peter Watts 
Deuxième nouvelle coups de coeur de cette anthologie, une très belle découverte de l’auteur. Ici les nuages sont des entités destructrices et les humains ont dû s’adapter en très peu de temps. Nous allons rencontrer un père et sa fille. Le premier représente l’ancien monde tel que nous le connaissons et sa fille le nouveau, celui qui a grandit avec les nuages et qui fait avec.
  • La fontaine aux serpents de Jeanne-A Debats 

Un texte qui reprend le héros récurrent de l’auteur : Navarre, cette fois-ci il évolue dans l’espacce. Je me suis bien amusée à la lecture, Navarre est toujours aussi déjanté.On lui découvre de nouveaux pouvoirs comme la nécromancie et est encore plus obsédé par le sexe (si c’est possible). L’intrusion des dieux dans l’histoire m’a un peu perturbée, mais après tout pourquoi pas. En conclusion, du fun.

 

Au final, une lecture en dents de scie avec des textes qui m’ont laissée indifférente, voire ennuyée et d’autres qui m’ont vraiment plus comme ceux de Peter Watts, Stéphane Beauverger, Ian McDonald  et  Lucas Moreno. Ce qui me laisse une impression plutôt mitigée de l’anthologie. 

 

D’autres avis chez : BlackwolfVert, Tigger Lilly, Naufragés volontaires

 n°15 n°57 

Bardes et Sirènes, anthologie 2014 des Imaginales codirigée par Sylvie Miller & Lionel Davoust

ID :

Auteur : collectif – Edition : Mnemos Fantasy – Parution : 23 mai 2014 – 250 pages – Prix : 18€ – Genre : fantasy, fantastique

 

Quatrième de couverture :

Partenaires de longue date des Imaginales, le festival des mondes imaginaires d’Épinal, les éditions Mnémos ont accepté le principe d’éditer chaque année, avec l’appui du festival, une anthologie thématique de fantasy.
Le thème de cette année propose une rencontre, une découverte, une alliance ou un affrontement entre deux figures emblématiques du mythe et du folklore : le barde et la sirène. Cette nouvelle anthologie nous propose des textes surprenants, ébouriffants, épiques, de la fantasy qui mêle qualité d’écriture et plongée à la source des légendes.

Les auteurs : Pierre Bordage, Mélanie Fazi, Frédéric Petitjean, Estelle Faye, Anne Fakhouri, Régis Goddyn, Carina Rozenfeld, Samantha Bailly, Yann de Saint Rat, Thomas Geha.

 

Je me suis pris au jeu de l’achat des anthologies de festival l’année dernière aux Imaginales. Il était donc évident que je prendrais celle de l’année 2014. Je crois que j’ai réussi à avoir une dédicace de tous les auteurs présents. Et comme l’année passée, j’ai eu le plaisir de partager ma lecture avec Blackwolf et Snow. Malgré nos emplois du temps de Ministre, nous avons réussi à nous retrouver pour commenter les nouvelles au fur et à mesure de leur lecture.

Mon ressenti : 

  • Préface : Lionel Davoust & Sylvie Miller

Une préface à souligner, d’une part parce qu’elle explique le choix du thème de l’anthologie, ainsi que le lien entre barde et sirène (qui n’avait rien d’évident pour moi); d’autre part parce qu’elle prépare le passage de flambeau au prochain anthologiste.

  • Carina Rozenfeld, La Boîte à musique

Une nouvelle assez légère, qui a une très bonne place en début d’anthologie, elle introduit bien le thème. Le barde est ici un homme, qui en quête de gloire, risque de passer à côté du bonheur. Une trame assez classique avec un happy end. Cette nouvelle m’a permis de lire pour la première fois Carina Rozenfeld.

  • Samantha Bailly, Plaie étoilée

J’ai trouvé l’idée de départ très bonne, les bardes ont un espèce de parasite (la plaie étoilée), qui leur permet d’emmagasiner les histoires. Du coup, j’ai été frustrée car j’aurais voulu que cela soit plus développé. Pour le moment je n’ai lu que des nouvelles de Samantha Bailly, cette nouvelle m’a donné envie de la découvrir sur un texte plus long, permettant de développer ses idées.

  • Yann de Saint-Rat, Tant que nous demeurons ensemble

Je ne connaissais pas cet auteur et malheureusement je n’ai pas du tout accroché à sa nouvelle. J’ai trouvé l’histoire trop simpliste et manichéenne (un humain barde élevé par une sirène, qui veut se sacrifier pour être avec elle), même si l’idée de sirène carnassière était intéressante.

  • Estelle Faye, La Tête de singe

Une nouvelle déconcertante à l’écriture captivante. Dès les premières phrase l’écriture m’a plu par sa beauté et sa profondeur. Elle arrive à travers son écriture à rendre totalement envoûtante la voie du Barde. L’histoire recèle beaucoup de surprise et ne comporte pas d’idée préconçue. La sirène est traitée comme un élément annexe, ce qui change des nouvelles précédentes. Elle est également plutôt rebutante, sorte d’être mi-poisson mi-singe et 100% vampire. C’est une première lecture de l’auteure et je suis ravie d’avoir craqué pour un de ses livres aux Imaginales.

  • Frédéric Petitjean, Au bar des sirènes

Encore un auteur que je n’avait jamais lu. La nouvelle démarre plutôt bien avec une très bonne ambiance d’Urban Fantasy (j’ai bien aimé le cadre du bar un peu miteux ou se retrouvent toutes les créatures magiques), malheureusement elle a rapidement tourné en romance dégoulinante d’amour et de bons sentiments, jusqu’à l’écoeurement. Preuves d’un ennuis certains, la discussion avec mes co-lecteurs a dérivé vers la reproduction des sirènes…

  • Maïa Mazaurette, La Mise en pièces

Une nouvelle réjouissante après la précédente, pour encore une découverte d’auteur. Ici ça taille, ça coupe, ça dégouline de sang! Une nouvelle glauque à souhait avec une reine cradingue et sadique, qui fait un sacré personnage. Le gentil barde se pensait plus intelligent, mais tel est pris qui croyait prendre… La plume est très agréable et l’association entre Barde et Sirène des plus surprenante.

  • Régis Goddyn, Tant qu’il y aura des sirènes

J’adore la saga Le sang des 7 rois de l’auteur, mais là je me suis un peu demandé ce qu’il nous avait fait. Il y a de très bonnes idées. L’auteur tente un mélange des genres assez risqué, après un début de fantasy très classique il nous propulse dans de la science fiction pure jus. Mais tout cela mériterait sans doute plus de pages et ne semble pas tout à fait aboutit. Une petite déception du coup, mais de la matière pour faire au moins un roman…

  • Mélanie Fazi, Le Chant des autres

Première lecture de l’auteur et j’ai été conquise, j’ai même acheté très rapidement une de ses anthologies après la lecture de cette nouvelle. L’écriture est très belle et envoûtante.  Elle a une façon unique de parler de l’être humain. L’auteur arrive à faire passer les émotions de ses personnages, qui ont une place prépondérante dans le récit. Elle va donner quelques indications sur ce qu’ils sont , mais sans les nommer, le lecteur peut faire travailler son imagination et mettre ce qu’il veut derrière les terme Bardes et Sirènes. Une très belle lecture.

  • Pierre Bordage, Le Chant du solstice

Une nouvelle très bien écrite, efficace, assez classique. Il m’a manqué un petit brin de fantaisie, mais autrement il n’y a aucun reproche à faire. Le détail qui m’a plu, c’est le seul à faire « pécher » la sirène. Un texte que j’aurais vu positionné plus tôt dans l’anthologie.

  • Anne Fakhouri, Ci-gît mon cœur

Une très belle écriture qui sert une histoire rondement menée et palpitante. La fin totalement inattendue et géniale est un plus, la cerise sur le gâteau. Une belle histoire de barde e de sirène, que l’auteur arrive à retourner complètement. Pour ceux qui l’ont déjà lu rendez-vous tout en bas du billet en dessous des logos *

  • Thomas Geha, Le Guetteur de nuages

L’auteur nous propose un monde très complexe où les bardes servent à lutter contre des nuages destructeurs. L’origine de ces nuages est également très intéressante et riche. J’ai beaucoup aimé le début de la nouvelle, qui présente également quelques touches d’humour désopilantes. Par contre je n’ai pas du tout accroché avec la fin, beaucoup trop dans le happy end pour moi.

 

Au final, cette lecture s’est avérée être en dent de scie avec de formidables découvertes, mais également un peu d’ennui voir des nouvelles que je n’ai pas du tout aimé.Le sujet n’était, certes, pas évident. J’ai hâte de voir ce que nous réserve 2015, avec Jean-Claude Dunyach aux commandes. Et je compte sur Blacky et Snow pour continuer à débriefer sur nos lectures.

 

Les avis de mes co-lecteurs  Snow et Blackwolf.

Souvenir 2013 : Elfes et assassins : l‘anthologie des Imaginales 2013

 n°4          n°28

Attention en dessous SPOIL !


 

* Le héros macho se fait bien mâcher. 😀

L’Opéra de Shaya de Sylvie Lainé

ID :

Auteur : Sylvie Lainé – Edition : Actusf – Parution : 17/04/2014 – 192 pages – Prix : 11,40€ – Genre : science fiction, space opera, nouvelle

Quatrième de couverture :

So-Ann, née dans un vaisseau spatial, a du mal à s’habituer aux coutumes étranges et contraignantes des mondes où se sont établis les humains. Alors quand elle entend parler de Shaya, cette planète où la faune et la flore sont en totale empathie avec ses visiteurs, elle n’hésite pas une seule seconde. Mais en vérité, qui s’adapte à qui ? Quels mystères se cachent dans ce monde qui semble idéal ?

Depuis le temps que j’entends dire en festival que les textes de Sylvie Lainé sont superbes, je m’y suis enfin collée !

Mon ressenti :

Ce livre est un recueil de quatre nouvelles. Je les ai lu tout simplement dans l’ordre d’apparition. Elles sont introduites par un texte de Jean-Marc Ligny plus qu’enthousiasme. J’avoue qu’il m’a fait un peu peur, car quand on me vent trop un texte j’ai toujours peur d’être déçue. Le recueil se termine par une interview de l’auteur qui revient sur son enfance et sur ce que lui a apporté la lecture.

  •  L’opéra de Shaya

J’ai été un peu refroidie au départ par cette nouvelle, le début était très classique, gentillet, voir un brin utopiste… J’étais déjà en train de grommeler « mouaissss mais encore ». Mais je me suis bien fait avoir ! Et dans le bon sens ! Difficile de parler de cette nouvelle sans en dévoiler trop et vous gâcher la surprise. En quelques mots l’héroïne So-Ann est à la recherche d’une planète naturelle, qui lui ramène une bouffée d’air pur et de liberté après tous les monde formatés qu’elle a arpenté. Elle la trouve sur Shaya, mais est-ce vraiment la liberté? Après un début très convenu, l’auteur nous met une grande claque et développer un concept sur le rapport à l’autre des plus intéressant.

  • Grenade au bord du ciel

L’idée est ici dès le départ très intéressante. Une expédition découvre un artefact ancien autour de la planète Praxe. Celui-ci révèle des capacités étonnantes. Le format de nouvelle colle très bien à l’histoire. La suite c’est au lecteur de l’imaginer, quel sera l’impact de cet artefact sur l’humanité? est-ce une bonne idée de vouloir le ramener ? Ce que j’ai trouvé le plus intéressant dans ce texte est la description de l’astéroïde qu’on peut visualiser sans aucun problème.

  • Petits arrangements intra-galactiques

Une petite nouvelle fun. On a un peu l’impression d’un gag entre sapinou et couleur schtroumf.

  • Un amour de sable

Un texte qui présente une perspective très intéressante. On attend souvent des extraterrestres un raisonnement identique à celui de l’être humain, une façon comparable de réagir, de ressentir. Mais qu’est-ce qu’on en sait puisque l’autre n’est pas humain ?

 Au final, Sylvie Lainé nous présente quatre textes sur la rencontre de l’autre, l’échange, la découverte, qui sortent des sentiers battus. J’ai eu un véritable coup de cœur pour L’opéra de Shaya et j’ai apprécié les autres nouvelles mais avec moins d’enthousiasme.

 D’autres avis chez : Vert, Jeanne A. Debats, Tigger Lilly, Lorkhan

n°3 N°25

 n° 4 n°1

Baroque ‘n’ Roll d’Anthelme Hauchecorne

ID :

Auteur : Anthelme Hauchecorne  – Edition Midgard – Parution : 17/03/2012- 373 pages – Prix : 15,50 € – Genre : nouvelles, fantasy, fantastique

Quatrième de couverture 

Quinze univers, autant de portes en attente d’être poussées.

Une seule clé.

Celle qui languit entre vos doigts.

Suivre le procès opposant un diablotin syndiqué à son sinistre patron, jouer à réveiller les morts, vous laisser bercer par la fée des mauvais rêves, aider deux enfants à se défaire d’un croquemitaine ou vous mettre au vert avec le Diable lui-même…

Un aperçu des voyages auxquels Baroque’n’roll vous convie, quinze nouvelles insolites portées par un rythme effréné, alternant humour et grotesque, merveilleux et fantasy urbaine.

Ce mois de mai est celui d’Anthelme Hauchecorne chez Book en stock. Les tenancières de ce charmant blog m’ont donné l’opportunité de découvrir l’un de ses opus qui manquait à ma lecture. Qu’elles en soient remerciées, ainsi que les éditions Midgard. Remarque : si mon style déraille un peu, j’ai pour excuse la lecture de Baroque’n’Roll.

Mon ressenti :

J’ai eu le plaisir de rencontrer Anthelme Hauchecorne lors du Festival Zone France 2014 à Bagneux. Concernant ce recueil, il m’a avertie qu’il reprenait des écrits assez anciens et que par conséquent, il ne fallait pas en attendre autant que pour Âmes de verre ou Punk’s not dead. L’avertissement fût entendu et constaté. En effet, j’ai retrouvé avec grand plaisir la plume de l’auteur : acérée, sarcastique, humoristique, tranchante, juste … mais avec moins de fluidité, que dans ses œuvres plus récentes. Voyons plus en détail ces 15 nouvelles :

  • Nuage rouge

 Cette histoire de diablotin, qui exige le paiement de ses heures supplémentaires ne m’a pas convaincue. Un peu trop de blagues, à mon goût ont rendu la lecture moins agréable (pourtant j’aime beaucoup les joke).

  • Permission de Minuit

Cette nouvelle m’a fait beaucoup sourire. Imaginez un vampire qui fait le pari de garder deux enfants. S’en suivent moult bêtises et des réactions de vampire plutôt désopilantes.

  • Le jardin des peines

 Une des nouvelles qui m’a le moins plus. Je n’ai adhéré ni à l’histoire, ni à l’écriture. Le jardin d’Eden serait un milieu entre-deux, qui permettrait aux athées d’atteindre le Paradis. Les personnages présentés sont mauvais ou suicidaires, un peu réducteur comme population.

  • Courrières

 Un mélange très intéressant entre la mine et le fantastique. Ici les personnages principaux sont des enfants mineurs, le texte nous confronte à la difficulté de leur vie, puis peu à peu l’élément fantastique est introduit. Un univers plein de potentiel, mais avec quelques rebondissements qui ne s’accordent pas.

  • Madone nécrose

La nouvelle que j’ai préféré! Très bien écrite, l’histoire se déroule dans une France glauque où les zombies sont devenus une attraction touristique. Ce drame amoureux sur fond de pourriture n’est pas toujours très ragoûtant, mais passionnant.

  • Six pieds sous terre

L’histoire un peu bizarre d’un jeune handicapé en fauteuil roulant. Ses meilleurs amis sont des fantômes. Un texte qui dénonce les persécutions du quotidien, mais qui manquait un peu de contenu.

  • Fée d’Hiver

Un conte effrayant, qui a de quoi ôter l’envie de fuguer des cerveaux de tous les marmots. Où comment faire une bonne action en donnant des cauchemars !

  • Diable noir 

Un petit texte fantastique, pour qui le format nouvelle est très bien adapté. Avec comme un relent de conte de la crypte, on découvre un monstre marin déguisé en bateau pour piéger ses repas.

  • Cons comme les blés

Ah ah ah! Franchement, je crois que le lecteur ne pourra qu’aimer cette histoire. On découvre celle-ci à travers une bande enregistrée, ce qui donne un petit côté Blair witch à l’histoire, ce qui convient très bien. Difficile d’en dire plus de peur de dévoiler l’histoire, mais je peux juste vous dire de faire attention avant de tracer des cercles au sol.

  • Noblesse oblige 

Je n’ai pas trop vu l’intérêt de cette nouvelle, sûrement parce que je n’ai pas accroché avec l’histoire que raconte ce professeur : la vengeance d’un peintre il y a plusieurs siècle, qui inventa un masque de torture.

  • Trêves de comptoir

Je n’ai pas du tout accroché à cette histoire de super héros. Le Marvel à la sauce Hauchecorne ne passe pas très bien.

  • Logique d’ensemble

Une nouvelle bien marrante. Quand on est parachutiste, il vaut mieux ne pas se retrouver la cible d’un gremlins en plein vol…

  • Enjoy the Silence

Possession et meurtres sur fond de Star academy (même si l’émission n’est pas citée). Un étrange mélange, mais qui sait ce qui se passe quand les caméras s’éteignent.

  • L’internat de Tatie Billot

Brrr une bonne ambiance lugubre dans ce texte. De très bonnes bases pour un récit plus important, la taille de nouvelle ne convenant pas à celui-ci. Il aurait peut-être fallu l’amputer de l’histoire de Frédéric le lombric, le reste suffisant largement.

  • Fleurs de cimetière 

Vampire or not vampire ? Schizophrène ou possédé ? Nous n’en saurons pas plus de cette nouvelle fantastique parsemée de meurtre.

 

Au final, une lecture mitigée. J’ai retrouvé avec plaisir la plume d’Anthelme Hauchecorne, mais les textes m’ont moins plus que ceux de Punk’s not dead et Âmes de verre, plus aboutis. Une bonne introduction au travail de l’auteur, mais je vous conseille plutôt les deux livres susnommés.

n°2  n°22

Trajets et itinéraires de la mémoire de Serge Brussolo

ID :

Auteur : Serge Brussolo – Collection Folio SF (n° 465), Gallimard – Parution : 31-10-2013 – 560p – Prix : 8,90€ – Genre : SF – Nouvelle

Quatrième de couverture :

Villes malades où des ordinateurs s’affrontent en combats souterrains à coups de munitions humaines. H.L.M. de cauchemar dont les locataires, nus, s’exposent aux piqûres de mystérieuses mouches. Camp où les prisonniers sont soumis à d’insupportables séances d’irradiation. Musée gigantesque dont personne n’a jamais vu les limites. Tour-dispensaire insalubre surplombant une réserve de paysans souffrant d’étranges troubles de la personnalité… C’est à un trajet baroque et cruel que vous convie ce recueil, sur les traces d’un auteur alors en devenir, aujourd’hui culte : Serge Brussolo. Ces quatorze nouvelles des débuts de sa carrière permettent de revenir sur la genèse d’un talent hors norme, confirmé depuis par les chefs-d’œuvre que sont Le syndrome du scaphandrier, La Planète des Ouragans ou encore La nuit du bombardier.

 

J’ai découvert Brussolo il y a longtemps à travers ses thrillers, que j’avais adoré. Une lecture en SF m’avait par contre découragée de lire l’auteur dans ce style. Quand Livraddict a proposé ce recueil de nouvelles en partenariat, je me suis dit que c’était l’occasion de réessayer. Un grand merci à Livraddict et à FolioSF de m’avoir offert cette opportunité.

 

Mon ressenti :

Ces nouvelles bien que toute différentes forme une belle unité. Pour une fois, je vais donc parler d’un recueil de nouvelles de façon global, puis je dirais quelques mots sur chacune.

Quel que soit le texte, l’auteur arrive à faire plonger le lecteur dans un univers sombre et angoissant. Brussolo nous tient en haleine, je dirais même maintient un certain niveau de stress et d’anxiété, jusqu’à la fin de l’histoire. Il dépeint avec une grande efficacité des villes à moitié abandonnée, des civilisations décadentes où une partie de l’humanité est l’esclave de l’autre partie. Il nous emmène dans des bâtiments immenses et angoissants. Vous l’aurez compris, la bonne humeur et la joie ne sont pas au menu. Comme si tout cela ne suffisait pas, Brussolo introduit à chaque fois une deuxième histoire dans l’histoire, sorte de ressort narratif qui ne laisse aucune chance aux protagonistes. Tout cela est mené de main de maître et le lecteur ne sait jamais à quoi s’attendre.

  • Vue en coupe d’une ville malade

Le recueil démarre en fanfare avec cette nouvelle, qui vous donne envie de camper plutôt que d’habiter dans une maison (pour éviter de se faire absorber par la maison). L’idée de départ est très riche et est bien développée dans la nouvelle.

  • La mouche et l’araignée

Voici une nouvelle bien surprenante et glauque à souhait. Brrr.

  • La sixième colonne

Camp de la mort ou vision du futur ? Ce texte nous fait réfléchir sur la maîtrise des populations et les risques de l’uniformisation. Un texte court (10 pages) mais très dense.

  • Comme un miroir mort

Je n’ai pas du tout accroché avec cette nouvelle, qui ressemble plus à un résumé d’un texte beaucoup plus grand. La fluidité présente dans les autres textes ne se retrouve pas ici.

  • Soleil de soufre

Brussolo invente une société très étonnante basée sur le culte du feu. Les descriptions oscillent entre esthétisme et horreur. L’idée de départ pourrait être basique, mais l’auteur va tellement loin quand il dépeint cette société, même l’art est traité, que cette nouvelle n’a plus rien d’anodin.

  • … de l’érèbe et de la nuit

Encore une société très glauque, où les hommes sont enchaînés, mais d’une manière bien particulière, à travers le sommeil. J’ai trouvé l’idée géniale. Une nouvelle qui laisse encore de la place à du développement, il y aurait largement de quoi faire un roman.

  • Mémorial in vivo

A nouveau un texte qui m’a fait penser à la Shoah. Je l’ai trouvé trop court, j’aurais souhaité avoir des bribes d’explication : à quoi servent les expériences menées sur les hommes, dans quel but ?

  • Off

J’ai adoré l’idée de départ où le contrôle de la population se fait via le contrôle du bruit. Par contre j’ai trouvé que la fin partait un peu en vrille.

  • Anamorphose ou les liens du sang

Là j’avoue que j’ai eu du mal à suivre l’histoire.

  • Funnyway

Brussolo aurait-il un esprit un peu tordu pour inventer autant d’horreur? Jeux des arènes? Prison? Contrôle de la population? En tout cas cette course cycliste sans fin, où la pluie est faite d’acide, où la pause est impossible pour cause de mort violente, est atroce.

  • Subway, éléments pour une mythologie du métro

Dans cette nouvelle, les bases d’une histoire qui pourraient être développée dans un roman sont posées. On ne peut pas se satisfaire de cette histoire, trop courte pour tout ce qui est abordé (où est la fille-ville? Que devient subway? Quelle est la raison de ce métro?).

  • « Trajets et itinéraire de l’oubli »

La couverture illustre cette nouvelle. Celle-ci est déroutante, sans vraiment de fin. On est écrasé par le gigantisme de ce musée dans fin.

  • Visite guidée

J’ai beaucoup apprécié ce texte, qui si le lecteur le souhaite, lui donne beaucoup de pistes pour réfléchir sur l’avenir de notre civilisation. Les nouvelles minorités ici sont des mutants, résultats d’irradiations.

  • Aussi lourd que le vent…

Une de mes nouvelles préférées dans ce recueil. Ici le genre est plutôt fantastique au départ pour tourner ensuite à la science fiction. L’auteur se sert d’un fond imaginaire pour traiter des relations entre humains. Les comportements décrits : violence, lynchage, auraient pu aussi bien tenir place dans une chronique contemporaine.

Au final une lecture qui m’a pris un peu de temps, chaque univers étant très riche, mais aussi si noir, que j’ai eu besoin d’alterner avec une lecture plus légère. Un très bon recueil de nouvelles qui vous fera frissonner et vous interroger sur l’humanité. Quant à moi j’ai terminé ma lecture sur cette question : mais où va-t-il chercher tout ça?

 

Un extrait :

« Le métro trace sous nos pieds une carte du cosmos, et les voyageurs moites et fatigués que les rames cahotantes véhiculent comme des bêtes convoyées vers l’abattoir, ignoreront toujours qu’ils viennent de quitter Mars, entrent dans l’orbite de Saturne, ou plongent dans le vide glacé et noir des tunnels vers la lointaine Pluton. »

 n°8   n°1