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Auteur : Collectif  – Editions : Actu SF – Parution : 17/10/2013  -386  pages – prix : 15  € – genre :nouvelles, Science-Fiction

 

Quatrième de couverture:

14 nouvelles,14 univers qui se télescopent.

Et si les nuages possédaient une forme d’intelligence ? Que faire lorsqu’on découvre un satellite artificiel qui a la texture d’une grosse grenade ? Comment agir lorsque l’on est un vampire en mission dans l’espace ?
L’anthologie officielle des Utopiales 2013 réunit, cette année encore, auteurs étrangers et francophones, pour défricher les possibles et explorer le futur. Pour être, en somme, au coeur même de notre vocation : la science-fiction.

 

Pour bien déguster une anthologie de festival, la laisser vieillir un petit peu, mais la lire avant l’édition suivante! J’ai donc lu in extremis l’anthologie 2013 des Utopiales, avant de me rendre à l’édition 2014. Par contre je ne l’ai pas chroniqué en suivant, cela m’aura évité de me faire taper dessus par les auteurs mécontents (*humour*).

 

Mon ressenti :

  • Dougal désincarné de William Gibson 
Première lecture de cet auteur (j’en ai tant à découvrir). Le narrateur raconte sa rencontre et ses discussions avec la personnalité désincarnée d’un homme. Leurs échanges sont sympathiques, mais je me suis demandé quel était le but de l’histoire. Le concept de « désincarné » est intéressante, offre des possibilités, mais sorti de cela, je n’ai pas trouvé autre chose.
  • Trois relations de la fin de l’écrivain de Jean-Louis Trudel 
J’ai trouvé l’idée de départ de ce récit très bonne. La parole, le langage ont supplanté l’écriture, qui a presque disparu. Quelle est alors la place de l’écrivain? Cela s’accompagne d’un accroissement des inégalités, d’encore plus d’exploitation des pauvres par un petit groupe de nantis. Un auteur se trouve une nouvelle raison d ‘être en se faisant défenseur de l’opprimé. Si j’ai bien aimé le concept de départ, j’ai trouvé cet auteur héros, un peu caricatural.
  • Les fleurs de ma mère de Andreas Eschbach 
Une histoire touchante et douce-amère, l’apocalypse vu par un simple d’esprit. Ne pouvant comprendre les informations, il reste confronté à un échec personnel : maintenir les plantes de sa mère en vie, alors que toutes les plantes sont en train de mourire et que la population panique… Un très beau texte, qui fait réfléchir notamment à la communication et au handicap.
  • Noël en Enfer de Orson Scott Card 
L’idée de départ est intéressante : l’enfer serait un monde entre deux, où il n’y a rien à faire, pas de but, pas d’information sur votre situation. En bref : l’ennui à perpétuité. Mais l’auteur a décidé de nous sortir de sa besace un père Noël et des lutions, qui profitent de leur situation dans cet entre deux, pour faire le bien. Amateurs de bisounours vous serez servis, pour ma part je n’ai pas accroché.
  • La main tendue de Norman Spinrad 
On continue dans les bons sentiments. En résumé, des extra-terrestre font un test pour voir la réaction des humains, ils envoient des vidéos d’une planète mourante, dévastée par son exploitation de la nature et son utilisation du nucléaire. Du coups, les humains deviennent raisonnables, limitent leur utilisation du nucléaire et montent une expédition pour sauver cette planète en partageant leur ressource….. Hum, trop invraisemblable pour moi.
  • Grenade au bord du ciel de Sylvie Lainé 
Cette nouvelle a été republiée dans L’opéra de Shaya, que j’ai lue avant l’anthologie. Voici ma chronique de l’époque : L’idée est ici dès le départ très intéressante. Une expédition découvre un artefact ancien autour de la planète Praxe. Celui-ci révèle des capacités étonnantes. Le format de nouvelle colle très bien à l’histoire. La suite c’est au lecteur de l’imaginer, quel sera l’impact de cet artefact sur l’humanité? Est-ce une bonne idée de vouloir le ramener ? Ce que j’ai trouvé le plus intéressant dans ce texte est la description de l’astéroïde qu’on peut visualiser sans aucun problème.
  • Vert dur de Stéphane Beauverger 
Voilà une nouvelle qui donne envie de lire d’autres textes de l’auteur ! La société a évolué pour être gouvernée par les femmes en suivant des principes écologiques (un sacré mixe). Les hommes doivent faire profil bas et se voient attribuer les caractéristiques connotée auparavant « féminines » : émotivité… Ils doivent également éviter toute attitude à connotation « mâle » : parler fort… L’auteur à travers cette nouvelle hiérarchie pose la question de l’humain, de l’humanité, des sentiments. Un coup de coeur.
  • Comment je suis devenu un biotech de Lucas Moreno 
L’histoire est profonde et très complexe. Je ne la trouve pas adaptée au format de la nouvelle car elle mériterait d’être beaucoup plus développée, afin que le lecteur puisse avoir la compréhension de tout ce qui est résumé, mais également afin qu’il puisse profiter de la lecture entière de cette histoire. Les IA se développent en parallèle de l’humanité, sans communication entre les deux « espèces », les IA essayent d’apporter toutes les solutions aux humains, provoquant en réponse apathie et dépression. Les IA en concluent que la technologie est l’ennemie du bien-être humains et la supprime… Une histoire passionnante, mais que j’aurais aimé lire en roman.
  • Dans les mines de Mars de Jean-Pierre Andrevon 
Malgré une fin plus qu’attendue, j’ai bien aimé cette lecture. L’idée que l’arrêt des guerres crée une vague de chômage énorme aux États-Unis est surprenante, mais pas dénuée de réalisme. Pour résoudre les problèmes liés à ce nombre de chômeurs, le Président des États-Unis propose du travail sur mars, qui s’apparente plus à de l’esclavage volontaire…. Une idée pas si aberrante que ça.
  • J’ai eu trente ans de Thierry Di Rollo .
Quand l’homme découvre une façon de repousser la mort jusqu’où est-il prêt à aller? Et pour quoi? En effet, cette vie de jouissance, de plaisir perpétuelle, ne semble pas si réjouissante que ça et le prix en est trop élevé. Une histoire certes étonnante, mais très glauque.
  • Trois futurs de Ian McDonald 
L’auteur nous propose trois textes différents, mais qui se rejoignent sur l’utilisation « subversive » de la technologie. Souvent téléphones portables et ordinateurs nous sont décris comme des appareils aliénant la liberté de l’homme. Ici ils représentent la liberté dans des sociétés où la liberté est bafouée.Une lecture qui donne de l’espoir.
  • La femme aux abeilles de Thomas Day 
Cette nouvelle est très bien ficelée, mais je me demande encore ce qu’elle fait dans cette anthologie de SF. C’est un texte qui convient parfaitement au format nouvelle, bien exécuté. Une histoire de dragon, de combat, de sorcière.
  • Nimbus de Peter Watts 
Deuxième nouvelle coups de coeur de cette anthologie, une très belle découverte de l’auteur. Ici les nuages sont des entités destructrices et les humains ont dû s’adapter en très peu de temps. Nous allons rencontrer un père et sa fille. Le premier représente l’ancien monde tel que nous le connaissons et sa fille le nouveau, celui qui a grandit avec les nuages et qui fait avec.
  • La fontaine aux serpents de Jeanne-A Debats 

Un texte qui reprend le héros récurrent de l’auteur : Navarre, cette fois-ci il évolue dans l’espacce. Je me suis bien amusée à la lecture, Navarre est toujours aussi déjanté.On lui découvre de nouveaux pouvoirs comme la nécromancie et est encore plus obsédé par le sexe (si c’est possible). L’intrusion des dieux dans l’histoire m’a un peu perturbée, mais après tout pourquoi pas. En conclusion, du fun.

 

Au final, une lecture en dents de scie avec des textes qui m’ont laissée indifférente, voire ennuyée et d’autres qui m’ont vraiment plus comme ceux de Peter Watts, Stéphane Beauverger, Ian McDonald  et  Lucas Moreno. Ce qui me laisse une impression plutôt mitigée de l’anthologie. 

 

D’autres avis chez : BlackwolfVert, Tigger Lilly, Naufragés volontaires

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