L’héritière des Raeven, tome 2 : Sorcière en son temps Méropée Malo

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Auteur : Méropée Malo –  Edition : Castelmore – Parution : 14/09/2016  – 352 pages – Prix : 16.90 €- Genre : young adult, fantastique

 

Quatrième de couverture :

De nouveaux défis pour Assia…

Après une période troublée, tout va désormais pour le mieux : Assia a un toit, un travail… et elle est amoureuse.
Jusqu’au moment où tout ce qu’elle a construit s’écroule. Une voiture lancée à pleine vitesse renverse son petit ami, laissé inconscient sur le bord de la route. Les pouvoirs de la jeune fille l’aideront-elle à inverser le cours du temps et à sauver la vie de celui qu’elle aime ?
Comme si cela ne suffisait pas, Assia va également devoir arracher les habitants d’Ysmans des griffes d’une créature aussi légendaire que redoutable. Mettre de côté ses sentiments et agir pour le bien de la communauté… tel est son devoir de sorcière !

 

Mon avis :

Si vous vous rappelez bien, je vous ai parlé du tome 1, il y a peu (genre la semaine dernière). Voici donc mon avis sur le tome 2, que j’ai eu la chance de recevoir dans le cadre du mois de Méropée Malo chez Book en stock. Je l’ai lu dans la foulée et j’avoue que j’aurai bien continué avec le tome trois, mais il n’est pas encore sorti.

Nous retrouvons notre chère sorcière Assia et une fois de plus l’auteur ne l’épargne pas au début du récit. Attention, si vous n’avez pas lu le tome 1, je vais avoir du mal à ne pas vous spoiler ! Son petit ami est donc écrasé sous ses yeux, rien que ça et cet accident ne sera pas sans suite. Si vous avez entendu un grand : Mais pourquoiiiiiiiiiii??? Ce n’est que l’écho de mon cri au début du livre. Notre héroïne va une fois de plus faire face (quelle force de caractère) et mener de front sa double vie. La romance est un peu moins présente que dans le tome 1 et laisse plus de place à l’enquête et à la découverte de la magie. Un combo qui marche bien et qui nous tient en haleine jusqu’à la fin.

J’ai trouvé ce deuxième tome beaucoup plus fluide au niveau de la lecture, pas de petite incohérence comme dans le précédent, rien pour venir entacher mon plaisir de lecture. Ce qui laisse présager le meilleur pour le tome 3.

On continue à découvrir Assia et j’aime de plus en plus ce personnage. Elle a une force de caractère surprenante (oui je sais, je me répète, mais elle est épatante), tout en étant quand même atteinte par le monde extérieur : un subtil mélange de force et de faiblesse. Par contre son énergie aurait plutôt tendance à m’épuiser : sorcière jour et nuit + petit boulot + projet étudiant + vie perso…. ça fait beaucoup quand même. Heureusement elle est bien entourée. J’espère toujours en apprendre un peu plus sur toute la clique qui l’entoure, mais ce n’est pas gagné, puisque de nouveaux personnages apparaissent.

 

Pour conclure, j’ai vraiment passé un bon moment de lecture avec ce tome 2, qui m’a semblé plus aboutit que le tome 1. Les aventures d’Assia sont passionnantes et très prenantes. J’ai vraiment hâte de lire la suite de ses histoires.

 

D’autres avis chez : Dup, Phooka….

Le Village d’Emmanuel Chastellière

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Auteur : Emmanuel Chastellière – Couverture : Marc Simonetti –  Edition : Les éditions de l’instant – Parution : 08/06/16 – 321  pages – Prix : 18,50€ – Genre : fantastique

 

Quatrième de couverture :

Une jeune fille se réveille un matin dans une demeure inconnue.

Livrée à elle-même au cœur d’un village aussi étrange que désert, privée de ses souvenirs, elle va bien vite se rendre compte que les secrets de son passé sont liés à ceux des anciens habitants des lieux. Pour se défaire de ces liens invisibles et espérer quitter ce village aux allures de prison hors du temps, elle va devoir raviver les cendres d’un bûcher centenaire…

Mon avis :

Comme les habitants du village, ma lecture, puis ma chronique furent un peu maudite. Le livre envoyé deux fois par la maison d’édition n’est jamais arrivé. Bien gentiment l’auteur m’a permis de le lire en version numérique. Mais du coup, il s’est fait doubler dans le temps par d’autres lectures. Puis j’ai calé sur la rédaction de ma chronique, juste parce que je ne l’ai pas faite immédiatement. Enfin, j’ai eu un souci de sauvegarde et j’ai perdu la première version de la dite chronique…. erf… Mais il fallait absolument que je vous en parle !

En effet, quelle sacrée découverte ! Je ne m’attendais pas à être scotchée dès le départ. Le début du récit est angoissant, comme pour cette jeune fille qui se réveille dans un village inconnu, il y a une perte totale de repère pour le lecteur. Qu’est-ce qui se passe ? Où sommes-nous ? Et l’auteur va ménager le suspense et dérouler son intrigue avec minutie jusqu’à la fin. Tout du long, de nouvelles interrogations apparaissent, les évidences font place au doute, le tout dans une atmosphère lourde, angoissante, pour arriver à une fin en apothéose.

A la lecture, difficile d’imaginer qu’Emmanuel Chastellière signe là son premier roman. En effet, son écriture est fluide, le rythme du récit parfaitement maîtrisé. Le choix du huis-clos est très bien trouvé et permet de faire monter la tension entre les différents personnages.

Ceux-ci se répartissent en deux catégories : les adultes, les enfants/adolescents. Les adultes sont des pantins, enfermés dans leur malédiction. Les enfants sont les véritables personnages. Ils recréent leur propre société et comme dans Sa majesté des mouches, elle n’est pas forcément reluisante. Rapidement on ne sait plus à qui se fier, car même les « gentils » ont une part d’ombre. Plus rien n’est évident, tout est trouble.

Pour conclure, j’ai trouvé ce premier livre d’Emmanuel Chastellière vraiment surprenant. Je suis ravie de cette découverte, d’avoir plongé dans les ruelles tortueuses et sombre du village. J’ai hâte de découvrir ses prochains écrits.
 

D’autres avis chez : Blackwolf, Licorne, Amarüel, Ramettes, Lune, Phooka, Dup, Julien le naufragé

Antiqu’idées

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Anthologie dirigée par : Association Imajn’ère –  Edition Imajn’ère – Parution : mai 2016 – 288 pages – Prix : 19 € – Genre : nouvelles, imaginaire

Auteurs : Estelle Faye, Eva Simonin, Fabien Clavel, Olivier Boile, Justin Hurle, Brice Tarvel, Myrtille Bastard, Isa3elle Arnoult, Jean-Hugues Villacampa, Arnaud Cuidet, Pierre-Marie Soncarrieu, Patrice Verry, Romuald Herbreteau, Jérôme Verschueren, Lionel Davoust

 

Quatrième de couverture :

Que pouvons-nous trouver comme idées neuves en refouillant l’Antiquité ? Revisiter un passé déjà connu, imaginer un futur plus rose ou tout simplement plonger dans l’Histoire antique pour le plaisir desyeux et des sens, voilà le programme d’Antiqu’idées. Quinze auteurs ont imaginé des histoires originales mettant en scène des éléments ou des personnages antiques, pour bousculer nos connaissances etrappeler que l’Histoire peut être vue autrement, voire même revécue. De la Guerre de Troie à la Cimmérie, en passant par l’Égypte, Carthage et les confins bien connus de notre héritage gréco-latin, ces quinze nouvelles s’attachent à nous conter gaiement notre besoin decombat épique, de voyage au lointain et de quête de nos racines.

 

Mon avis :

Quand on m’a proposé de découvrir l’anthologie 2016 du festival ImaJn’ère,  Salon de la science-fiction et du policier d’Angers, j’ai été ravie. En effet plusieurs auteurs que j’apprécie sont au sommaire et les anthologies sont toujours de bonnes occasions pour en découvrir d’autres.

  • Préface

La préface est pleine d’humour (attention aux jeux de mots, parfois capilotractés). Elle explique bien le choix du thème et la richesse qu’il peut proposer. Une bonne entrée en matière.

  • La Maison des Vignes d’Estelle Faye

J’adore les textes d’Estelle Faye, j’étais donc ravie de commencer l’anthologie par le sien. Des recherches étranges sur Dyonisos amène un auteur à disparaître. Folie, réalité ? Le doute est possible. Une nouvelle très bien construite de bout en bout, mais un peu lisse par rapport à ses précédents textes.

  • Rivages d’Eva Simonin

Une découverte avec cette auteure qui est l’un des trois gagnants de l’appel à texte. On rencontre Callia, une inspectrice de simulations virtuelles, en pleine inspection de la guerre de Troie. Une très bonne surprise avec un récit mêlant science fiction et antiquité. Je me suis bien laissée prendre au jeu de la découverte et j’ai été agréablement surprise par la fin, à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Le texte est bien écrit.

  • Deux fois vainqueur traverser l’Achéron de Fabien Clavel

Quel texte ! C’est un poème surprenant que nous propose l’auteur. Il y revisite l’histoire d’Orphée et d’Eurydice (et de bien d’autres textes classiques) avec une touche de zombie, ce qui ne pouvait que me plaire. Un bel exercice, réussi.

  • Le rêve du pont Milvius d’Olivier Boile

L’auteur est un autre lauréat du concours Imaj’nère. Cette fois-ci le plaisir n’était pas au rendez-vous. J’ai eu du mal avec cette nouvelle, où l’auteur tente de faire passer de nombreux retournements de situations, qui s’avèrent lourds. L’idée d’une uchronie ou la religion d’état serait l’Islam est intéressante, mais l’emboitement d’un livre uchronique dans une uchronie avec une réflexion de type « et si » n’est pas très fluide.

  • Ponce, Pilate, ponce! de Justin Hurle

Une première lecture de cet auteur, qui est un des membres de l’association Imajn’ère. Ramsès se bat avec les plaies d’Egypte et les colosses en fuite… Ah, le dur exercice de l’humour en littérature de l’imaginaire…  Je suis assez difficile à ce niveau-là. Ici, l’auteur a déployé un trésor de jeux de mots, de gags, de références historiques, de scènes humoristiques, mais j’y suis restée hermétique. 

  • Le tombeau de Calypso de Brice Tarvel

Autre lecture d’un membre de l’association, qui nous propose une nouvelle vision de l’épopée d’Ulysse, à la sauce moderne. L’idée de départ m’a intéressée, mais je n’ai pas compris ensuite, où voulait en venir l’auteur.

  • Chez Lucius, Dieux, Lares et Génies de Myrtille Bastard

Un nouveau texte d’une des lauréats de l’appel à texte. Nous faisons connaissances avec un journaliste qui teste les différents magasins de Rome. Il va nous conter en « direct » son expérience avec un magasin de vente de divinité. J’ai trouvé l’idée très originale. Le texte est bien mené et l’on se prend au jeu, s’est-il fait arnaqué à l’achat de sa déesse ou pas ? La fin est par contre un peu gentille et convenue.

  • Aheli ou la mémoire enfouie d’Isa3elle Arnault

Une auteure que je ne connaissais pas, membre de l’association Imajn’ère. Une très bonne lecture avec une histoire de civilisation imbriquée entre plusieurs époques, voire plusieurs espaces. J’ai été totalement surprise par le récit, qui est bien écrit, bien rythmée. Un nouvelle presque trop courte, car je l’ai vraiment aimé et j’en aurai bien lu encore un peu. Mais la taille convient très bien et l’histoire est parfaitement menée.

  • Quid Novi Medice ? de Jean-Hugues Villacampa

Également membre de l’association, l’auteur propose une réécriture de la défaite de Vercingétorix, où les romains se retrouvent épaulés par des super-héros germaniques. Je suis complètement passée à côté de cette nouvelle, n’ayant pas réussie à accrocher au ton humoristique et aux prénoms licencieux des personnages.

  • Carthage ! d’Arnaud Cuidet

Décidément cette anthologie sera celle de la découverte des auteurs, cette fois-ci avec Arnaud Cuidet. Cette nouvelle est une réécriture de la bataille de Carthage, avec un mélange des peuples de l’antiquité et d’armes futuristes. Comme un petit air de chevalier du zodiac, un texte divertissant.

  • Boadicée de Pierre-Marie Soncarrieu

Autre texte d’un membre de l’association. Dans cette nouvelle, Boadicée découvre grâce à une sorte de druide, ce que pourrait être son avenir, plein de bataille et de douleur. J’avoue n’avoir pas très bien compris la chute. Le texte est bien écrit, on se laisse emporter par le récit, mais quand il s’arrête, on se demande qu’elle était la mission de ce druide, ce qu’il voulait. Beaucoup de questions restent en suspens.

  • Discorde de Patrice Verry

C’est le dernier texte d’un membre de l’association Imaj’nère, il nous propose une nouvelle version de la pomme de la discorde, où pour une fois les humains ne sont pas les dindons de la farce. J’ai beaucoup apprécié le ton de cette nouvelle et encore plus la chute. Un agréable moment de lecture.

  •  Une histoire Tauride de Romuald Herbreteau

Nouvelle découverte d’un auteur, avec un texte qui m’a intriguée. Imaginez, Tchernobyl a pour conséquence l’apparition d’atefacts liés à Conan le Barbare un peu partout dans le monde ? Une idée qui peut sembler farfelue, mais que j’ai trouvé très séduisante. Par contre, face à la multitude d’idées de l’auteur, il aurait fallu un format un peu plus long. En effet, la fin est un peu précipitée avec des informations qui partent dans tous les sens.

  • L’Immortel et l’Assassin de  Jérôme Verschueren

Encore un auteur que je n’ai jamais lu. Cette fois-ci, le choix du type d’antiquité est asiatique, assaisonné à la sauce starwars. Le récit ressemble aux contes chinois et son dénouement ne m’a donc pas vraiment surpris. De l’humour bien dosé, une lecture sympathique.

  • Faisabilité et intérêt zootechniques de la métamorphose de masse de Lionel Davoust

Pour terminer l’anthologie, je retrouve un auteur que je connais bien, avec une nouvelle que j’ai adorée. Protocole scientifique à l’appui, il va se poser la question de l’intérêt de la transformation de l’homme en cochon, comme nouvelle source d’alimentation. Son exemple date un peu puisqu’il prend celui de l’équipage d’Ulysse, transformé par Circée. Vous l’aurez compris, beaucoup de second degré et un ton scientifique. Je me suis régalée.

Pour conclure, je trouve cette anthologie intéressante concernant sa composition. Elle mêle auteurs reconnus, membres de l’association qui organise le festival et lauréat d’un concours de nouvelles. Cela permet de découvrir de nouveaux auteurs et de donner leur chance à des inconnus. Concernant la qualité des nouvelles, elle est très variable comme dans beaucoup d’anthologie. Quelques rares mauvaises lectures, certaines nouvelles m’ont beaucoup plus et plusieurs m’ont intéressées. Un ressenti globalement positif.

D’autres avis chez : Blackwolf, Lorhkan

Infinités de Vandana Singh

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Auteur : Vandana SINGH – Traducteur :  Jean-Daniel Brèque – Couverture : Aurélien Police – Editions : Denoël, collection Lunes d’encre – Parution : 19/05/2016 – 277 pages – Prix : 20,90 € – Genre : Science-fiction, nouvelle

 

Quatrième de couverture :

Née en Inde, à New Delhi, fille de deux professeurs de littérature anglaise, Vandana Singh a grandi à l’ombre de Shakespeare et Keats. Devenue professeur de physique aux États-Unis, elle s’est tournée vers l’écriture, notamment la science-fiction et la fantasy, à cause de la richesse de ces genres et des possibilités qu’offrent leurs thématiques propres. Depuis 2002, elle a publié deux romans pour la jeunesse, une vingtaine de nouvelles et un court roman de science-fiction, Distances.
Dans ce recueil de dix nouvelles et un essai se déploie la sensibilité à part d’une auteure de science-fiction spéculative qui n’a de cesse de remettre l’Homme au centre du récit. On y observe un professeur de mathématiques qui aimerait comprendre les tensions interreligieuses qui déchirent son pays, un étrange tétraèdre subitement apparu dans les rues de New Delhi, une femme convaincue d’être une planète.
Avec ces textes poétiques, humanistes et parfois mélancoliques, Vandana Singh s’impose comme la digne héritière de Ray Bradbury et Theodore Sturgeon.

 

Mon avis :

Premier livre de l’auteur publié en France, après la publication de deux nouvelles dans Angle mort et dans Fiction. Ayant entendu beaucoup de bien de cet ouvrage, j’étais très curieuse de le découvrir. Il faut dire que rien que la couverture donne envie de le posséder. Pour cette lecture, j’ai été accompagnée par Blackwolf de Blog-O-Livre, avec qui je lis déjà les anthologies des Utopiales et des Imaginales.

  • Faim :

Première nouvelle, où l’on découvre la plume de l’auteur. Juste, belle, envoûtante. Pas vraiment d’imaginaire mais une description du fonctionnement de la société en Inde, vu de l’intérieur : la place des femmes, les carrières des hommes…. L’auteur fait également transparaître son amour de la science-Fiction.

  • Delhi : 

Encore un texte très surprenant, difficile d’en parler sans trop en dévoiler. Difficile à définir d’ailleurs : SF, fantastique, mainstream avec un personnage principal qui hallucine ? Inclassable. Et toujours des mots justes. Après un premier texte qui nous plonge dans la société indienne, le second continue notre immersion. Le héros évoque notamment les gens qu’il a détourné du suicide.

  • La femme qui se croyait planète :

J’ai adoré le début du texte où l’épouse parfaite pète un câble et décide qu’elle est une planète. C’est juste énorme et très bien écrit. L’occasion une fois de plus, pour l’auteur de dépeindre la société indienne avec ses codes très strictes et une place de la femme qui ne donne pas du tout envie d’y vivre. Mon enthousiasme est retombé quand le rêve/délire prend consistance.

  •  Infinités : 

Un texte complexe au premier abord, car il laisse une grande part à la discussion sur des mathématiques de haut niveau. La découverte de la société indienne est toujours bien présente, avec cette fois-ci les guerres de religion. Avec un peu de recul, je me suis dégagée de la recherche d’une compréhension totale des problèmes mathématiques et j’ai pu apprécié cette nouvelle et le magnifique « Sens of wonder » de l’auteur (merci Blackwolf pour le terme, il correspond parfaitement).

  •    Soif :

Attention : claque ! Difficile de retranscrire par écrit le plaisir que j’ai eu à lire ce texte. Vandana Singh nous offre un conte fantastique magnifiquement écrit autour de l’eau, des serpents et des femmes d’une même famille. Tout arrive à point nommé, les scènes se succèdent sans accroc. La place de la femme est une fois de plus le sujet central, mais cette fois-ci elle est très puissante tout en devant rentrer dans le carcan de la société indienne. Le texte est poétique, avec des pointes de réalisme. J’ai eu un véritable coup de cœur pour ce texte fascinant.

  • Les lois de la conservation :

Atterrissage difficile après le texte précédent. Celui-ci n’a rien à voir et donnerait presque l’impression d’avoir été écrit par quelqu’un d’autre s’il n’y avait pas ce rappel perpétuel à la civilisation indienne. Nous voilà en plein space opera, ça change. Un début de nouvelle assez classique puis après une rencontre avec un extra-terrestre ça part un peu en vrille. Et j’ai décroché. Il n’y avait plus ce lien entre les évènements, si évident dans les autres textes.

  •  Trois contes de la rivière du ciel : 

Trois textes qui respectent vraiment les caractéristiques des contes. Un premier où j’ai retrouvé cette touche si particulière de l’auteur, tout en poésie. Un second, qui ne m’a pas convaincu, ni au niveau de l’histoire, ni au niveau de la construction. Et un troisième un peu caricatural dans sa présentation de l’homme « mauvais » et d’un état naturel de départ « bon ». J’y ai quand même apprécié le passé des arbres et des pierres qui se déplaçaient allégrement et copulaient dans les sous-bois…

  • Le Tétraèdre :

Décidément cette lecture me fera vivre un grand huit avec un nouveau texte qui cette fois-ci m’a conquise. L’auteur arrive à mêler : des idées de trou de ver et de quatrième dimension, toujours des instantanés de la vie en Inde avec le problème des castes et la place de la femme (je ne l’ai pas précisé avant, une place vraiment pas terrible), un tétraèdre qui arrive dans le ciel de nulle part genre vaisseau extraterrestre, des observateurs à la Xfiles… le tout se mêlant superbement bien.

  • L’épouse : 

L’auteur aborde un nouveau sujet, les indiens expatriés aux États-Unis. Avec délicatesse elle parle du déracinement d’une indienne, épouse abandonnée, qui erre dans sa maison suite à son divorce. On retrouve sa plume si agréable, avec un texte étrange.

  • La chambre sur le toit :

Un texte un peu court, car les idées abordées auraient mérité d’être bien plus développées. On retrouve la problématique des femmes en Inde, avec un mari qui vole le travail artistique de sa femme. L’écriture est toujours aussi belle. Ce qui est surprenant c’est que cette histoire, qui semble principale, se retrouve au second plan, pour parler de la relation entre une artiste et deux enfants. Un peu de tendresse dans ce monde de brutes ( 😉 ).

  • Un manifeste spéculatif :

 Ce texte est très court sur les bienfait des littératures de l’imaginaire et si j’ai tendance à adhérer à la majeure partie des propos, l’auteur m’a quand même choquée en indiquant que 70% de la production de SF et de Fantasy était à jeter à la poubelle. Heureusement Blackwolf m’a fait remarquer qu’elle parlait de la production disponible aux USA, bien différente de ce que nous avons en France.

 

Pour conclure : J’ai été ravie de découvrir l’écriture de Vandana Singh. Si quelques nouvelles m’ont laissé indifférentes, j’ai retiré de ma lecture beaucoup de plaisir, notamment grâce aux nouvelles Soif, Le Tétraèdre et Faim. La plume de l’auteur est poétique. Elle dénonce à travers ses textes qui flirtent plus ou moins avec l’imaginaire, les systèmes de caste en Inde et la situation désastreuse dans laquelle se trouve les femmes, tout en partageant avec nous des détails de la vie quotidienne. Un dépaysement bienvenu dans le monde de la littérature de l’imaginaire et une écriture fascinante.

« En attendant, elle continua de lire ses romans de science-fiction, car, plus que jamais, ils lui semblaient refléter sa prise de conscience de l’étrangeté fondamentale du monde. Peu à peu, elle finit par comprendre que ces contes tentaient de lui communiquer d’une façon alambiquée une vérité fondamentale, qu’ils étaient tous rédigés dans une sorte de code, conçu pour tromper les snobs littéraires et égarer les lecteurs distraits. »

 

 L’avis de Blackwolf.

D’autres avis chez : LuneNebal, Vert

n°5

Une demi-couronne de Jo Walton

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Auteur : Jo Walton – Traducteur : Florence Dolisi – Editions : Denoël, collection Lunes d’encre – Parution : 22/04/2016 – 342 pages – Prix : 21,50 € – Genre : uchronie

  

Quatrième de couverture :

Londres. 1960. Dix ans ont passé depuis l’attentat contre Hitler déjoué par Peter Carmichael. L’homme qui fut un brillant inspecteur de Scotland Yard dirige maintenant le Guet, la redoutable police secrète créée par Mark Normanby pour juguler l’opposition et traquer les Juifs. Il a adopté Elvira Royston, la fille de son ancien adjoint.

Alors que la jeune Elvira se forge lentement mais sûrement une conscience politique et découvre avec effroi les coulisses d’une Angleterre vendue au fascisme, de nouveaux mouvements sur l’échiquier politique secouent le pays. Le retour du duc de Windsor, fasciné par Hitler, n’étant pas le moindre.

En danger, plus que jamais, Carmichael va être confronté au plus grand défi de son existence. 

  

Mon avis :

Voici le troisième tome qui vient clôturer La trilogie du Subtil changement (Le Cercle de Farthing, Hamlet au paradis). Les deux premiers tomes m’avaient laissée un peu dubitative, mais désireuse de connaître la fin de l’histoire. Quelle bonne surprise avec ce tome 3, qui m’a vraiment plu ! Certains des éléments qui me gênaient dans les tomes précédents étaient moins présent et j’ai enfin ressenti un réel enthousiasme à la lecture de cet opus.

J’ai commencé à me faire au style si particulier de Jo Walton, qui aborde des thèmes graves par la voix de son héroïne Elvira, avec légèreté. Lire « Le fascisme est si excitant », me rend malade. Mais  cela correspond bien au personnage, à son éducation et à celle des femmes dans ce récit. Il y a également quelques tournures des évènements un peu simplistes dans le roman, du genre un personnage inconnu aborde Carmichael, qui va croire immédiatement ce qu’il lui dit…

Ces petits désagréments sont cependant vite oubliés et l’on se concentre sur les histoires que vivent Elvira et Carmichael, entre l’éducation d’une dame dans la société anglaise et moult conspirations et complots. Cette fois-ci, la partie uchronique* est beaucoup plus développée et subira de nombreux rebondissements. On dépasse le cadre de l’Angleterre pour découvrir que l’URSS a été anéantie et a été partagée notamment avec le Japon. Le travail de Carmichael (commandant du Guet, sorte de Gestapo anglaise) opposé à ses actions (il fait fuir en cachette des juifs) provoque une tension dramatique qui pimente l’histoire, le récit est prenant jusqu’à la fin. Celle-ci plaira plus ou moins, suivant s’il on est optimiste ou pas. 

J’ai vraiment apprécié la construction du texte, qui alterne entre l’histoire racontée par Elvira et celle racontée par un narrateur extérieur quand il s’agit de Carmichael. Ce changement de point de vue l’a rythmé avec efficacité.

Pour conclure, Jo Walton conclue brillamment La trilogie du Subtil changement, avec un tome que j’ai trouvé très intéressant au niveau de la construction de l’histoire (développement du fond uchronique), du récit ou encore du traitement profond des personnages. L’histoire m’a tenue en haleine jusqu’à la fin, malgré quelques petits raccourcis simplistes.

 

* : « L’auteur d’une uchronie prend comme point de départ une situation historique existante et en modifie l’issue pour ensuite imaginer les différentes conséquences possibles. » Dixit Wikipédia

  

« Et vous, Miss Royston, que pensez-vous du fascisme ?
— J’adore ! Je trouve cela terriblement excitant », répondis-je.
Mrs Maynard grimaça, puis échangea un regard entendu avec lady Bellingham. Ma logeuse estimait que le fascisme était une très bonne chose en soi, fort utile pour qu’ils restent à leur place, mais cette mouvance politique lui posait un problème : tout le monde — sauf eux, les Juifs — pouvait y adhérer. Mrs Maynard la considérait donc avec un vague mépris, comme tout ce qui n’était « pas tout à fait… ».« 

 

D’autres avis chez : Cornwall, Nanet, Acro, Lune, Naufragés Volontaires, Felina