Le Complexe d’Eden Bellwether de Benjamin Wood

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Auteur : Benjamin Wood   – Editions : Zulma  – Parution :  28/08/2014  – 498 pages – prix : 23,50€ – genre : contemporain

 

Quatrième de couverture:

Cambridge, de nos jours. Au détour d’une allée de l’imposant campus, Oscar est irrésistiblement attiré par la puissance de l’orgue et des chants provenant d’une chapelle. Subjugué malgré lui, Oscar ne peut maîtriser un sentiment d’extase. Premier rouage de l’engrenage. Dans l’assemblée, une jeune femme attire son attention. Iris n’est autre que la sœur de l’organiste virtuose, Eden Bellwether, dont la passion exclusive pour la musique baroque s’accompagne d’étranges conceptions sur son usage hypnotique…

 

Ayant été jurée pour le prix Fnac 2014, j’étais très curieuse de découvrir le livre ayant remporté le prix. J’ai profité des Matchs de la rentrée littéraire, organisés par Priceminister, pour le lire.

Mon ressenti :

Attention lecture addictive en vue ! Si vous souhaitez lire ce livre (ce que je vous conseille), assurez-vous d’avoir du temps devant vous. En effet, ce n’est pas un livre que l’on feuillette une fois ouvert, on ne le repose qu’une fois fini. Histoire de bien nous appâter, l’auteur commence par la fin, dramatique, du récit. Et c’est plutôt efficace. Le récit reprend son cours quelques mois auparavant, à un rythme paisible. Nous avons le temps de faire connaissance avec Oscar, que nous suivrons durant toute l’histoire. Et si le lecteur accroche moins à ce début (ce qui ne fût pas mon cas), l’envie de savoir ce qui s’est passé devrait le motiver. Oscar rencontre par hasard Iris, elle étudiante à Cambridge, lui aide-soignant dans une maison de retraite. Leurs milieux sont très différents, ce qui ne les empêche pas de s’éprendre l’un de l’autre. Oscar va également faire la connaissance du frère d’Iris, Eden, puis de leurs amis.

L’histoire aurait presque pu se limiter à ce regard sur la société de Cambridge, mais ce n’en est qu’une composante. Il pourrait également s’agir d’un roman initiatique, Oscar ouvrant ses horizon grâce aux lectures que lui conseille un résident. Ou encore ce pourrait être un livre policier, dans les techniques utilisées, le suspens qui rythme l’histoire et la fin, que l’on sait fatale pour un personnage. C’est sans compter sur le personnage d’Eden : génie ou fou dangereux ? Comme une étude de cas psychiatrique. Tout en étant une ode à l’espoir et à la musique. Rien que ça. Le génie de l’auteur réside dans l’alchimie de toutes ces composantes et techniques littéraires, portée par un style unique, fluide, agréable à lire sans être simpliste.

Nous allons suivre cette histoire avec Oscar comme principal protagoniste. Ce jeune homme déchiré entre ses origines modestes et ses intérêts culturels, a choisi la fuite dans le travail. Ce personnage est attachant, gentil, serviable et intéressant. Il se retrouve happé dans un milieu qui lui est étranger, en rencontrant Iris. Étudiante en médecine, elle va l’introduire dans son monde élitiste, où tout tourne autour de son frère Eden. Jeune homme brillant, mais arrogant,  génie de la musique, mais manipulateur. Sorte de magicien au pouvoir de guérison ou fou dangereux ? Ce personnage est très complexe et ce  n’est pas pour rien qu’il donne son nom au livre. Les interactions entre ces trois personnages principaux, ainsi que quelques personnages secondaires, vont nous emporter jusqu’au dénouement du récit.

Au final, une lecture qui s’est avérée passionnante et entraînante grâce à une histoire complexe, portée par style très agréable. L’écriture est d’une qualité surprenante pour un premier roman. Benjamin Wood  est un auteur à suivre.

 

« Pour eux, les livres étaient facultatifs, un truc que des professeurs de lettres débraillés imposaient aux enfants à l’école. Oscar avait été élevé dans l’idée que s’il restait dans sa chambre plongé dans des histoires et des mondes imaginaires, c’était qu’il n’appréciait pas la vie qui était la sienne, (…) »

« Les grands esprits sont sûrement de proches alliés de la folie, et de minces cloisons les en séparent. »

« A vrai dire, il n’était pas sûr du tout d’apprécier ses parents. Ils avaient cette insupportable assurance que confère la fortune, et l’autosatisfaction que donne la piété. »

L’alchimiste de Khaim de Paolo Bacigalupi

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Auteur : Paolo Bacigalupi – Editions : Au Diable Vauvert – Parution : 04/09/14 – 120 pages – prix : 7 € – genre : fantasy, conte

 

Quatrième de couverture:

A Khaim, pour chaque sort lancé, des ronciers vénéneux et indestructibles envahissent le monde. L’usage de la magie est un crime puni de mort mais pourtant, lentement et sûrement, les ronces dévorent tout…
Après y avoir consumé ses biens, sa vie et sa famille, un alchimiste trouve enfin la formule pour les détruire. Croyant fortune faite, il va trouver le maître de la cité…

 

 J’ai choisi ce titre dans le cadre de La voie des indés car c’était l’occasion de lire Paolo Bacigalupi dans un registre différent de la SF.

 

Mon ressenti :

Le récit se présente sous forme de novella, un texte assez court. L’auteur ne doit donc pas rater son début, afin de plonger le lecteur au cœur de l’histoire.  Paolo Bacigalupi réussit avec brio ce challenge,  en quelques lignes, il  nous plonge dans un pays qui sent le sable chaud et les épices. Un événement, la vente du lit de Jiala, la fille de Jeoz, nous fait appréhender la ruine qui  a touché la maison de cet alchimiste. Comment s’est-il retrouvé dans cette situation ? Comme souvent dans les histoires, il a consacré tout son temps et son argent à trouver une solution aux ronces mortelles qui envahisse Khaim. Ces ronces apparaissent quand la magie est utilisée. Tous ses efforts vont aboutir, mais les puissants n’utilisent pas toujours les inventions comme leur créateur l’ont imaginé. Ceci va nous mener vers la fin de l’histoire, un peu précipitée à mon goût.

Ce conte sert principalement de prétexte pour développer deux réflexions : l’utilisation des nouveaux outils par les « puissants » (avec une vision plutôt négative), la responsabilité de chaque individu dans le bien-être collectif  (les habitants continuent à utiliser la magie en se disant qu’un tout petit peu, ce n’est pas grave, de ce fait les ronciers continuent à se développer).

 

Au final, sur fond de fantasy l’auteur nous propose  une fable, dont la morale pourrait être : commence par faire le bien à ton niveau. Malheureusement, je ne suis pas une grande fan des fables.

D’autres avis chez : Lune

 n°42 

Le Jour où les zombies ont dévoré le Père Noël de S.G. Browne

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Auteur : S.G. Browne – Editions : Mirobole, collection Horizons pourpres – Parution : 19/09/14 – 222 pages – prix : 18.00 € – genre : fantastique

 

Quatrième de couverture:

Pauvre Andy Warner. L ex-star contestataire des morts-vivants a passé une année entière soumis à des tests expérimentaux dans un laboratoire de recherches sur les zombies dans l Oregon. Heureusement, un miracle se produit : à quelques jours de Noël, il parvient à s échapper et fausse compagnie à ses poursuivants en enfilant un costume de Santa Claus. Le déguisement parfait… À deux réserves près : des collègues de décomposition le reconnaissent et exigent de lui qu il soit leur chef ; et une adorable fillette solitaire le suit partout, convaincue qu il est vraiment le père Noël… Une comédie horriblement délicieuse à lire sous le sapin.

 

La Voie des indés permet de valoriser à chaque rentrée littéraire l’édition alternative. J’avais eu la chance de participer à cette action l’année dernière et je remets ça avec plaisir cette année. Comme premier titre (même si cette chronique arrive en seconde position) j’ai choisi cette histoire de zombie, car j’ai déjà dévoré avec grand plaisir le premier tome des aventures d’Andy : Comment j’ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l’amour de S.G. Browne.

 

Mon ressenti :

Si vous n’avez pas lu Comment j’ai cuisiné …, ce n’est pas grave. Le seul spoiler sur les aventures précédentes d’Andy est qu’il est toujours vivant. Enfin,  façon de parler pour un zombie… Vous aurez aussi quelques informations sur sa vie amoureuse, mais ce n’est pas grave. Bref, quel plaisir de retrouver Andy! Nous l’avions quitté en mauvaise posture à la fin de l’opus précédent, on le retrouve ici en cobaye dans un centre militaire, après un début dans une ferme de cadavre, ce qui n’est pas forcément mieux. Vous l’aurez compris l’ambiance est toujours aussi… je cherche une façon de la décrire, glauquo-marrante! Car l’humour est toujours là, décapant, grinçant, marrant. Cette histoire est moins engagée que la précédente, mais elle est quand même très originale. C’est un véritable conte de noël que nous présente S G. Browne, même si l’ambiance n’est pas sans rappeler celle du film grimlins.

Même n’y a plus la surprise de la découverte de la plume de l’auteur ou du monde d’Andy, il y a toujours le plaisir de la lecture. Il reste entier, l’écriture de S. G. Browne étant très agréable à lire.

« Si vous n’avez jamais repris connaissance dans une ferme de cadavres, vêtu d’un costume de Père Noël, la cervelle explosée à l’arrière de votre crâne, alors vous ne pouvez pas comprendre. »

Les personnages sont également des atouts majeurs du récit. Andy décrit toujours sa situation avec beaucoup de cynisme et de réalisme, teintés d’humour. Si, ici, il a un peu abandonné ses idéaux de reconnaissance de la cause des zombies (il faut dire qu’il l’a un peu desservi),  il donne toute sa place à l’amour et à la magie de noël (sortez les zombies bisounours!).  Les frères Zack et Lucke sont les grimlins de l’histoire, capable de manger un humain vivant tout en chantant des chants de noël…

Au final, toujours un très grand plaisir de découvrir les aventures d’Andy, même s’il n’y a plus autant de surprise. A mettre sous tous les sapins.

 

 D’autres avis chez : Cornwall, Mylène

n°2  n°48  

Les mots qu’on ne me dit pas de Véronique Poulain

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Auteur : Véronique Poulain – Edition Stock, Collection : La Bleue – Parution : 20/08/2014 – 144 pages – Prix: 16.50 €– Genre : contemporain

Quatrième de couverture :
“ “ Salut, bande d’enculés ! ”
C’est comme ça que je salue mes parents quand je rentre à la maison.
Mes copains me croient jamais quand je leur dis qu’ils sont sourds.
Je vais leur prouver que je dis vrai.
“ Salut, bande d’enculés ! ” Et ma mère vient m’embrasser tendrement. ”

Sans tabou, avec un humour corrosif, elle raconte.
Son père, sourd-muet.
Sa mère, sourde-muette.
L’oncle Guy, sourd lui aussi, comme un pot.
Le quotidien.
Les sorties.
Les vacances.
Le sexe.
D’un écartèlement entre deux mondes, elle fait une richesse. De ce qui aurait pu être un drame, une comédie.
D’une famille différente, un livre pas comme les autres.

 

Ce livre a été lu dans le cadre d’On vous lit tout, en partenariat avec Libfly et le Furet du Nord. Une formidable occasion de découvrir des livres avant leur sortie et la rentrée littéraire.

 

Mon ressenti : 
Le début du livre est très prenant, car l’auteur nous met face à elle petite fille voulant attirer l’attention de sa mère sourde. Il n’y a pas de surprise, de suspens mal venu. Les choses sont dites clairement “ Mes parents sont sourds. Sourds-muets. Moi pas ”. Véronique Poulain va nous raconter l’histoire de ses parents, son histoire, mais également celle de notre société avec l’évolution de la place des sourds dans celle-ci. Sans pathos, avec juste ce qu’il faut comme distance, elle va nous narrer sa vie en tant que fille entendante de parents sourds.

Son histoire, parfois difficile, est passionnante et m’a donné envie d’en savoir plus sur toute cette famille. Les personnages sont attachants, sans doute par l’amour qu’elle leur porte. On a envie de rencontrer l’oncle Guy, on imagine ses parents, leurs regards.

D’un point de vue historique, le lecteur apprend également beaucoup, car nous, entendant, que connaissons-nous des efforts qu’ont dû et que doivent encore faire les sourds dans notre société d’entendant ? L’auteur n’est jamais culpabilisante, mais le lecteur est amené à s’interroger : quel regard ai-je, moi entendant, sur les sourds, quel comportement ? On apprend aussi des choses sur soi.

Au final, ce livre est un très beau témoignage, parfois rude, mais avec tant d’amour. Une lecture, qui pousse à la réflexion et que je recommande.

En juin je lirais plein de livres dont je ne vous parlerais pas !

 

Sadique moi ? Méchante ? Mais nonnnn!

J’ai été sélectionnée pour être membre du Jury de la Rentrée Littéraire Fnac, qui déterminera le 13e Prix du Roman Fnac !!!

Je suis ravie!

 

Je vais pouvoir lire en avant-première, et donc « secrètement » dixit la Fnac , les romans de la Rentrée Littéraire, qui paraîtront dès la fin du mois d’août. 


Je vais donc recevoir quatre à six romans ou épreuves, ainsi que des fiches de lecture  (à compléter pour le 5 juillet).

 

Je vous en parlerais en août ou en septembre !