Et Gretel de Marien Tillet et Pole Ka

 

ID :

Auteur : Marien Tillet (texte), Pole Ka (illustrations) – Editions : Collectif des métiers de l’édition, Collection Dans le ventre de la baleine – Parution : 15/05/2015 – 40 pages – prix : 13 € – genre : conte, jeunesse, beau livre

 

Présentation de la maison d’édition :

Gretel a faim. Très.
Son frère est appuyé contre le mur en pain d’épices
de la maison qu’ils ont trouvée dans la forêt.
Il a le ventre gonflé. Mais il semble bien.

 

Mon avis :

J’aime bien l’opération La voie des Indés sur Libfly, elle me permet de découvrir des maisons d’éditions que je ne connaissais pas du tout. Cette fois-ci, je me suis laissée tenter par le Collectif des métiers de l’édition et son mystérieux « Et Gretel ».

La couverture est magnifique. Très sombre, on devine en retrait le visage de la méchante sorcière de Hansel et Gretel. L’histoire s’annonce bien noire et effrayante, à nous les frissons !

Ce livre illustré est présenté comme une interprétation du conte. La connaissance du conte me semble être un pré-requis, car le texte et les images suggèrent l’histoire plus qu’ils ne la détaillent. Le conte est narré avec peu de mots, qui retrouvent leur écho dans les illustrations. Le « peu » est percutant, les mots sont choisis avec soins et sont appuyés par les dessins. Par exemple, la faim est exprimée par un représentation d’estomac. On se prend à lire à voix haute ces mots si rares, mais percutants.

Les dessins sont organiques, épithélium, coupe de crâne, adipocytes, donnent corps au texte et rendent celui-ci encore plus monstrueux.

Quand j’y réfléchis, bien-sûr le conte initial en lui-même est déjà angoissant : des parents qui abandonnent leurs enfants dans la forêt… qui risquent d’être mangés par une sorcière… Mais là, je trouve qu’avec la narration et les dessins, le tout est vraiment effrayant!

Pour conclure,  Marien Tillet et Pole Ka ont réalisé un très beau petit livre, qui nous présente une nouvelle version du conte Hansel et Gretel. Même les plus grands frémiront à sa lecture. La façon de conter de Marien Tillet fait monter l’inquiétude, renforcée par les illustrations de Pole Ka. Une association réussie.

n°39

L’homme qui savait la langue des serpents de Andrus Kivirähk

ID :

Auteur :  Andrus Kivirähk – Editions : Le Tripode – Parution :  01/08/2013 – 440 pages – prix : 23€ – genre : conte fantastique

 

Quatrième de couverture:

Voici l’histoire du dernier des hommes qui parlait la langue des serpents,
de sa sœur qui tomba amoureuse d’un ours, de sa mère qui rôtissait compulsivement des élans, de son grand-père qui guerroyait sans jambes, d’une paysanne qui rêvait d’un loup-garou, d’un vieil homme qui chassait les vents, d’une salamandre qui volait dans les airs, d’australopithèques qui élevaient des poux géants, d’un poisson titanesque las de ce monde et de chevaliers teutons épouvantés par tout ce qui précède…

 

Je me rappelle avoir entendu Blackwolf parler de ce livre, l’avoir vu à la librairie Scylla et enfin jai lu la chronique de Lelf à son sujet. Tout cela m’a fortement donné envie de lire ce livre. Il a également reçu le Grand Prix de l’Imaginaire 2014 dans la catégorie Roman étranger. Plus d’excuse, il fallait se lancer.

 

Mon ressenti :

Attention! OLNI en approche! Un livre pas comme les autres ça c’est sûr. D’ailleurs sa lecture peut être un peu déconcertante au départ. En effet, on en entend le plus grand bien et on se retrouve propulsé dans une histoire d’homme habillé de peaux de loups, de femmes qui couchent avec des ours… sic. Une entrée en matière qui dépote. 

Concrètement l’auteur nous raconte l’histoire de Leemet, le dernier homme à apprendre la langue des serpents. Sa tribu vie dans la forêt en Estonie, avant la christianisation. Il grandit à une époque charnière pour son peuple. Les forêt se dépeuplent au profit du village, du régime carnivores ses camarades deviennent des mangeurs de pain et les anciens dieu sont reniés pour le dieu des chrétiens. Nous allons suivre Leemet, déchiré entre le passé de son peuple et l’avenir qui se dessine, qui va tenter de continuer à vivre en harmonie avec les animaux et le savoir ancestrale de ses ancêtres.

Je dirais que c’est le premier niveau de lecture. Ce qui est vraiment intéressant, c’est ce que porte le récit. L’histoire sert de prétexte pour dénoncer, entre autres, les comportements humains, la guerre, les travers de la religion… Ceci a constitué mon deuxième niveau de lecture. Le troisième aurait été impossible sans la postface passionnante du traducteur, Jean-Pierre Minaudier. Il y explique la critique que fait l’auteur de la société estonienne, que ce soit de la tentation d’accepter sans réflexion ce qui vient de l’extérieur, sous prétexte que cela vient de l’étranger, ou au contraire d’une apologie d’un passé glorieux, mais imaginaire.

Ce qui fait un OLNI de ce livre, c’est la structure narrative utilisée pour porter les propos de l’auteur. Il nous propose un conte fantastique, où un homme cul de jatte peut voler grâce à des ailes en os humains, où les hommes peuvent parler aux serpents et chevaucher les loups… Et avec ces histoires invraisemblables, il arrive à faire passer ses messages. 

Au final, une lecture étonnante et enrichissante. Andrus Kivirähk a réussi à trouver un subtil équilibre lui permettant à travers la narration d’un conte fantastique, de faire passer sa critique de l’humain et plus précisément de la société estonienne. A lire.

 

« Rien de nouveau sous le soleil. Les gens sont toujours en train d’inventer un quelconque croquemitaine pour se décharger sur lui de leur responsabilités. »

« Mais enfin, pour pourquoi est-ce qu’il faudrait que je devienne l’écuyer de quelqu’un ? demandais-je. Encore un de ces traits répugnants communs à tous ces gens à la mode – l’envie de se mettre au service d’un maître. »

« Même si tu connais la langue des serpents et si ce n’est pas la langue du diable, à quoi elle peut bien te servir au jour d’aujourd’hui ? Avec qui vas-tu la parler ? La jeunesse, c’est à Jésus qu’elle s’intéresse, tout le monde n’a que son nom à la bouche, c’est un succès phénoménal »

 

D’autres avis chez :  Blackwolf, Lelf, Joyeux Drille

 n°2

Le Singe égal du ciel de Frédérick Tristan

ID :

Auteur : Frédérick Tristan – Edition Zulma poche Z/a – Parution : 10/04/14 – 480 pages – Prix : – Genre : conte chinois

Quatrième de couverture :

Né d’un œuf de pierre détaché de la montagne des Cinq Eléments, Souen, le singe taoïste, n’a qu’une ambition : devenir immortel et atteindre le sommet ultime des connaissances les plus cachées. Comme dans toute quête, obstacles, revers et exploits abondent, et Souen doit tour à tour échapper à l’Esprit des Brouillards, s’initier à la doctrine zen et à l’art des jardins, apprendre à voler dans les airs et se métamorphoser en toutes les créatures imaginables, jusques et y compris en concombre de mer…

  

Quand Libfly a proposé un partenariat avec les Editions Zulma pour leurs sorties poche, j’ai craqué pour ce livre en lisant la quatrième de couverture. Un conte chinois! Cela a attisé ma curiosité.J’en profite pour les remercier pour cette découverte.

 

Mon ressenti :

Je me suis lancée dans cette lecture sans avoir fait de recherche sur ce livre, juste tenté par la quatrième de couverture. Mais ce conte n’est pas comme les autres, en effet un avertissement en début de lecture nous donne quelques informations : Le Singe égal du ciel s’inspire librement de la légende chinoise dont Wu Cheng’en tira son fameux roman la Pérégrination vers l’Ouest (Xiyou ji), sous la dynastie des Ming.  Ahhhhah, certes… bon je ne connais pas tout ça c’est pas grave , à l’attaque! J’ai donc commencé pleine d’entrain ma lecture. Chaque chapitre relate une aventure de Souen, le singe égal du ciel. Celui-ci va entre autre devenir immortel, chercher à rencontrer bouddha, accomplir moult actions merveilleuses… Chaque chapitre est narré comme un conte et à la réflexion je pense que cette lecture mériterait d’être échelonnée dans le temps, genre un chapitre par jour. En effet,  la lecture de nombreux chapitres d’affilé s’avère un peu ennuyeuse voir répétitive malgré une très belle écriture.

Il faut dire qu’après quelques recherches et réflexions, je n’avais pas toutes les cartes en main. Ce livre  est ésotérique, il utilise des règles taoïstes, parle de bouddhisme et d’ascension spirituelle….  Et là ce n’est pas ma tasse de thé.

Pourtant d’un point de vue très terre à terre, ce singe est étonnant. Il a un sale caractère et fait tourner en bourrique les divinités, ce qui en soit le rend bien sympathique. Je ne décrirais pas la pléthore de personnages présent dans ce conte, ils suffissent à peupler plusieurs univers.

Au final, malgré un formidable écriture, je suis passée à côté de cette lecture, bien trop ésotérique à mon goût.

 

Il est le capitaine et l’ingénieur, le savant et l’artiste, le philosophe et le prêtre; et la horde burlesque de le considérer comme un père, une manière de divinité incarnée en je ne sais trop quoi de surnaturel, ce qui, ajouté à sa tendance amphigourique, achève de transformer ce marsupial borné en une outre débordante de jactance et de prétention.

 n°30