ID :

Auteurs :  textes de Léo HENRY et Jacques MUCCHIELLI, Illustrations de Stéphane PERGER  – Editions : Dystopia – Parution :11/06/10- 150 pages – prix : 10€ – Genre : Science fiction, nouvelles

 

Pitch :

Yama Loka terminus receillait les témoignages des habitants de Yirminadingrad. Une ville qui n’est pas encore sortie de terre, a déjà été détruite, n’a jamais pu exister… Henry, Mucchielli et Perger en évoquent les marges rêvées : Bara Yogoï est composé de sept légendes, sept vérités disjointes, sept contes sans clé.

 

Mon avis : 

Ce livre m’intriguait depuis un bout de temps du fait de sa couverture. Oui, parfois cela tient à peu de chose. Il faut dire que les livres des Editions Dystopia sont toujours de très beaux objets. J’ai donc franchi le pas et découvert le premier livre publié par cette maison d’Edition il y a 5 ans. C’est un objet littéraire étrange, qui est proposé au lecteur. Il mélange textes et illustrations (7 et 7), fruits de la collaboration de Léo HENRY et Jacques MUCCHIELLI à l’écriture et de Stéphane PERGER pour les illustrations. Je ne reviendrai pas sur leur façon de travailler, mais je vous invite à écouter l’interview réalisée par ActuSF.

Ces sept textes se placent dans l’univers de Yirminadingrad, ville imaginaire de l’Europe de l’Est développée dans leur précédent opus : Yama Loka Terminus. Je ne l’ai pas lu, mais cela ne m’a pas gêné pour embarquer dans cet univers étrange. Les liens entre les textes n’ont rien d’évident, à part la destruction plus ou moins avancée, une humanité qui survit, un monde en déliquescence…. 

A travers des  tranches de vie, des portraits, le lecteur va pouvoir approcher un peu ce monde. Dans PlaylistShuffle, nous allons être pris comme témoins par un chauffeur de taxi, qui roule sans but et pleure la mort de son frère sur fond de ville fantôme. L’ambiance n’est pas sans rappeler celle des polars.

La ville aura une place plus importante dans Tom + Jess = Love, elle devient presque un personnage. Le changement d’ambiance entre les deux textes est surprenant et est brillamment porté par un vocabulaire étrange, mélange d’argot de banlieue et de vocabulaire plus soutenu.

Chaque personnage est surprenant et différent des précédents. Dans Enfer périphérique numéro 21, nous allons suivre Le Protecteur, qui ne souhaite pas mourir pour laisser la place à sa réincarnation suivante. Il participe au récit globale, en ayant eu un rôle à jouer dans les guerres et les destructions qui en ont résulté.

Ces guerres sont d’ailleurs évoquées dans A propos d’un épisode méconnu des guerres coloniales motherlando-mycroniennes. Ce texte m’a beaucoup intrigué. On change complètement de cadre, de forme de récit, une fois de plus. L’histoire prend la forme d’un conte africain, on pourrait presque imaginer un griot raconter la rencontre entre l’enfant (qui n’est pas ce qu’il semble être) et l’étranger, des dieux se joue des morts. Mais que se passe-t-il réellement, qui est qui? Les auteurs nous perdent un peu, une seule certitude, la destruction est toujours là, la guerre omniprésente.

Le lecteur va pouvoir comprendre les effets de celle-ci dans L’atmosphère asphyxiante dans laquelle nous vivons sans échappée possible. C‘est le texte que j’ai préféré. Il se découpe en trois parties. La première très déroutante, décrit des humains-animaux, ne fonctionnant que dans un objectif de survie, ne comprenant pas ce qu’il leur arrive. Les deux parties suivantes parlent du même site, Bara Yogoï, mais avec à chaque fois plus de recul. La présentation de ces trois points de vue est une véritable réussite.

En mauvaise compagnie pourrait être le « Un jour après » de toutes ces guerres. Un prisonnier erre seul dans une cité carcérale vide. Comment rester sain d’esprit dans ce cadre?

Délivrances apparaît comme l’ovni du livre. L’histoire de Yirmin, dont la destinée est de combattre la monstrueuse Scolopendre, nous est présentée de façon mythique. Que fait ce récit ici? Quelle est sa place? Est-ce une légende racontant le passé de ce monde? Autant de questions qui resteront sans réponse.

Je n’ai pas évoqué les illustrations, car j’y suis restée hermétique (à part la couverture). Peut-être la faute de la lecture en numérique, en noir et blanc.

Pour conclure : La lecture de Bara Yogoï ne s’avère pas simple, les liens entre les différents récits ne sont pas évident, certaines histoires très abstraites. Mais, les textes sont portés par une véritable richesse stylistique. L’univers très noir, est riche et mystérieux. Il faut se laisser porter et découvrir ce monde étrange.

 

Plus d’information sur Yirminadingrad.

D’autres avis chez : Efelle, Noosfere

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